Article extrait du Plein droit n° 26, octobre 1994
« Une protection sociale en lambeaux »

La santé des étrangers

Dans la série « Contours et caractères », l’INSEE a publié récemment un ouvrage sur les étrangers en France [1] où, après une présentation d’ensemble des caractéristiques de la population étrangère, sont étudiés la place et le comportement des étrangers dans un certain nombre de domaines. Parmi ceux-là, la santé, que nous présentons ci-dessous.

Recours aux soins

Les étrangers ont une couverture sociale d’une qualité inférieure à celle des Français. 56 % des étrangers bénéficient à la fois de la sécurité sociale et d’une assurance complémentaire, contre 78 % des Français. Les Européens du Sud (Italiens, Grecs, Espagnols, Portugais, Yougoslaves) ont une meilleure couverture sociale que les Maghrébins et les autres ressortissants d’Afrique et d’Asie.

Les étrangers, surtout les Maghrébins, consultent moins souvent le médecin que les Français : trois fois par an en moyenne contre quatre pour les Français. Les femmes maghrébines consultent plus souvent que les hommes, ce qui n’est pas le cas des Africaines et des Asiatiques. Parmi les personnes âgées, seuls les Européens du Sud consultent presque aussi souvent que les Français, soit entre neuf et dix consultations par an.

Hospitalisation

Le taux d’hospitalisation global des étrangers est équivalent à celui des Français : respectivement 16,6 % et 16,7 %.

La population étrangère hospitalisée est plus jeune que les Français (39 ans en moyenne contre 46 ans) et moins féminine (43,2 % des étrangers hospitalisés sont des femmes contre 51,6 % chez les Français). La proportion d’hommes actifs ouvriers est plus élevée chez les étrangers (34 % contre 16 % chez les Français).

Les étrangers sont plus nombreux que les Français à être hospitalisés dans les établissements du secteur public.

Parmi les causes d’hospitalisation chez les femmes on trouve d’abord l’accouchement normal, puis viennent les complications de la grossesse et de l’accouchement, les maladies de l’appareil digestif, les traumatismes, les maladies des organes génito-urinaires. Chez les hommes, les traumatismes sont la première cause d’hospitalisation, suivis par les maladies de l’appareil digestif, les maladies de l’appareil respiratoire. Les maladies de l’appareil circulatoire, les tumeurs se rencontrent moins souvent du fait que la population étrangère est plus jeune.

La proportion plus élevée chez les étrangers de séjours dus aux traumatismes est liée à la forte représentation des travailleurs étrangers dans les professions à risque (voir ci-dessous).

Accidents du travail

Les étrangers sont plus touchés que les Français par les accidents du travail. Ainsi, alors que la part des étrangers dans la population active salariée était de 6,8 % en 1991, 13,1 % d’entre eux étaient victimes d’accidents du travail. Ces chiffres s’expliquent par les secteurs d’activité dans lesquels les étrangers sont fortement présents et qui comportent de nombreux postes à risque, surtout pour la main d’œuvre peu qualifiée : métallurgie, bâtiment et travaux publics (BTP). Dans la métallurgie, 11,4 % des accidentés avec arrêt de travail sont étrangers, 14,8 % des accidents avec incapacité permanente touchent des étrangers. Dans le BTP, la proportion d’étrangers victimes d’accidents du travail entraînant une incapacité permanente atteint 30,2 %. Tous secteurs professionnels confondus, les étrangers représentent 17,6 % des accidentés avec incapacité permanente.

Alcool, tabac, psychotropes

Globalement, les étrangers sont moins nombreux que les Français à boire régulièrement de l’alcool. Il faut toutefois distinguer selon les nationalités : les Européens du Sud sont plus nombreux que les Français à boire de l’alcool ; chez les Maghrébins, la proportion de buveurs réguliers d’alcool est trois fois moins élevée que chez les Français, mais ceux qui consomment de l’alcool en boivent davantage. Chez les femmes maghrébines, la consommation d’alcool est neuf fois moins fréquente que chez les femmes françaises.

Les hommes étrangers fument davantage que les Français et les femmes étrangères presque moitié moins que les Françaises.

Les hommes étrangers consomment moins de médicaments psychotropes que les Français. Par contre, les femmes étrangères en consomment un peu plus que les Françaises. Chez les hommes, ce sont les Européens du Sud qui en consomment le plus. Parmi les femmes, ce sont les Maghrébines et les Européennes du Sud.




Notes

[1Les étrangers en France, série Contours et caractères, INSEE, 1994, 78 F.


Article extrait du n°26

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Dernier ajout : vendredi 13 juin 2014, 13:51
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