Article extrait du Plein droit n° 10, mai 1990
« Le droit d’asile en question »

Zaïre : le pouvoir absolu

Repères :

Capitale : Kinshasa
Superficie : 2 345 410 km2
Population : 33,46 millions PNB (1987) : 5 287 $
Dette extérieure (1987) : 3 630 millions $
Taux de mortalité infantile : 98 ‰
Espérance de vie : 53 ans
Analphabétisme : 35 %
Langue officielle : français
Langues véhiculaires : lingal a, swahili, kikongo, tshilouba.

Régime : présidentiel à parti unique
Chef de l’État : Mobutu Sese Seko
Chef du gouvernement : Kengo-wa Dondo
Indépendance en 1960.

Dès son indépendance en juin 1960, le Zaïre se trouve confronté à des troubles graves et à des tendances sécessionnistes principalement au Katanga (actuel Shaba). En janvier 1961, Patrice Lumumba, Premier ministre au moment de l’indépendance, est assassiné. Le pays, pour cette période, vit en état de crises constantes jusqu’au coup d’État, en 1965, de l’armée nationale congolaise commandée par le général Mobutu. Celui-ci devient Président de la République et promulgue une nouvelle Constitution en 1967.

Aucune vie politique n’existe plus désormais sauf autour du parti unique, le Mouvement populaire de la révolution, MPR, qui se confond totalement avec l’État zaïrois. Le multipartisme est officiellement aboli en 1972. Le MPR intègre et contrôle tous les corps et tous les organismes de l’État. Tous les citoyens zaïrois en sont membres. Mobutu se trouve à la tête de toutes les branches de l’exécutif. Même si la Constitution de 1978 a rétabli le poste de Premier ministre, il est arrivé au Président, à plusieurs reprises, « quand il l’a jugé nécessaire », de cumuler les fonctions de Président de la République et de Premier ministre. De la même façon, le Conseil national législatif n’a qu’un rôle consultatif, le Président de la République ayant l’initiative des lois ou légiférant par décret.

Mobutu a poursuivi une politique nationaliste basée sur le culte de la personnalité. Il a dû faire face à une opposition importante et à différentes rébellions, en particulier en 1977 et 1978 dans la province du Shaba. Il réprima la seconde avec l’appui de commandos belges et français.

Mobutu réorganise constamment les structures de l’État et du gouvernement, déplace les fonctionnaires, empêchant ainsi l’émergence de centres de pouvoir.

Le Zaïre a toujours dû faire face à une situation économique difficile en dépit de ses richesses minières. L’inflation a atteint 85 % en 1988. Un programme économique a finalement été négocié avec le FMI en dépit de divergences importantes. Des tensions considérables se font régulièrement jour, exprimées notamment par des manifestations d’étudiants contre la hausse des prix ou les problèmes de transport, mouvements qui ont été violemment réprimés par les forces de l’ordre.

La liberté politique ne connaît aucune réalité au Zaïre : absence totale de liberté d’expression, de syndicats indépendants, musellement de l’université et de la presse et l’opposition n’a pas droit de cité. Le seul choix réside dans l’accord manifesté avec la politique de Mobutu et sa personne.

Les services de sécurité, notamment l’Agence nationale de documentation chargée de la sécurité civile, et le Service d’action et de renseignements militaires, disposent de pouvoirs sans limite. ils ont leurs propres centres de détention, notamment à Kinshasa et à Lumbumbashi, ils ont le pouvoir de garder des prisonniers au secret aussi longtemps qu’ils le souhaitent sans inculpation ni jugement. La torture est monnaie courante. Elle est le fait d’organismes ou de services de l’État, généralement placés sous l’autorité directe de la Présidence, dont les noms changent fréquemment et les activités se situent hors de tout cadre légal. Si une législation existe la torture est théoriquement interdite par la Constitution et le code de procédure pénale -, elle n’est pas respectée, particulièrement dans les affaires politiques. Enfin, à différentes reprises, notamment en juillet 1989, les autorités ont interdit plus de 400 communautés ou sectes religieuses.



Article extrait du n°10

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Dernier ajout : jeudi 3 avril 2014, 14:26
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