Article extrait du Plein droit n° 84, mars 2010
« Passeurs d’étrangers »

Variations autour de la figure du passeur

Anaïk Pian

Ater – Université de Bretagne occidentale (ARSSufcep) – Post doc Urmis, Paris 7
Les multiples barrières dont s’est entourée l’Europe conduisent inévitablement à l’organisation de passages clandestins et donc à la mise en place de toute une économie de la migration. Toutefois, les représentations communes de la figure du passeur, exclusivement dépeint comme un personnage exploiteur et sans scrupules, sont réductrices et souvent empreintes d’enjeux idéologiques.

Dès lors que l’on évoque la question de l’immigration clandestine, une image associée n’est jamais loin : celle du passeur qui, régulièrement, défraie la chronique, que ce soit dans la presse ou dans les discours relayés par les politiques. En février 2009, Eric Besson, nommé depuis peu ministre de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire, propose d’établir une circulaire en vue de permettre aux préfets d’accorder des titres de séjour provisoires aux immigrés clandestins qui dénonceraient leur passeur. Sur Europe 1, le ministre défend sa position en ces termes : « Je veux déclarer la guerre aux passeurs, je veux déclarer la guerre aux filières clandestines, je veux déclarer la guerre à celles et ceux qui exploitent la misère humaine  » [1]. Les représentations communes de la figure du passeur – sous l’angle exclusif d’un personnage exploiteur et sans scrupules – sont réductrices et souvent empreintes d’enjeux idéologiques. De fait, elles servent à justifier et à légitimer a priori des actions de répression sous couvert de la morale et de l’argument humanitaire. En d’autres termes, il s’agit de protéger des victimes (elles-mêmes plus ou moins coupables d’être là) contre de véritables criminels, voire des bourreaux. Mais qu’en est-il de cette dichotomie ? Que sait-on au juste de la structuration des réseaux migratoires ? Et s’il n’y avait pas de frontières étanches entre ceux qui passent et ceux qui font passer ?

Certes, qui dit franchissement clandestin des frontières, dit quasi-inévitablement existence d’une économie de la migration. Celle-ci est elle-même alimentée par les politiques d’immigration drastiques qui, aujourd’hui en Europe, se combinent à l’externalisation du contrôle migratoire. Qui dit organisation de passages clandestins, dit aussi existence de rapports de pouvoir et de domination, ainsi que des pratiques pouvant donner lieu à divers abus. Il n’en reste pas moins que, dans bien des situations, des présupposés sont à battre en brèche.

À partir de deux enquêtes sociologiques menées au Maroc et au Sénégal auprès de migrants cherchant à rejoindre clandestinement l’Europe [2], cet article propose de déconstruire quelques idées reçues. Tout d’abord, il n’existe pas une seule figure du passeur. Par exemple, l’organisation des passages clandestins des Sénégalais vers l’Europe, que ce soit à partir du territoire marocain ou depuis les côtes sénégalaises, est différente du cas des filières chinoises d’immigration clandestine aux États-Unis. Virginie Guiraudon [3] rapporte, de source journalistique, que ces filières reposent sur des voyages pré-financés, impliquant le remboursement par les intéressés des dettes contractées, sous peine de représailles contre leur famille au pays. Or, il en va autrement pour les Sénégalais cherchant à atteindre l’Europe depuis le Maroc ou le Sénégal. Ensuite, au Maroc notamment, certains personnages associés à la figure du passeur ne jouissent pas d’un statut immuable. Ils endossent un rôle social [4] auquel sont certes attachés des avantages, mais aussi des obligations qu’ils doivent respecter sous peine de perdre, à plus ou moins moyen terme, leur place privilégiée dans le milieu. Enfin, les figures du passeur agissent de pair avec une réalité souvent passée sous silence : la corruption, qui implique, au premier chef, des représentants de l’ordre étatique.

Les rouages des réseaux migratoires

Au Maroc, les aventuriers sénégalais [5] qui cherchent à parvenir en Europe en déjouant les restrictions posées aux conditions d’entrée et de séjour dans les pays européens, s’en remettent à un interlocuteur privilégié, appelé thiaman. La dénomination serait une déformation de l’anglais chairman, signifiant président. Les thiamen sénégalais qui prennent en charge une partie de l’organisation des passages clandestins sont, au départ, eux-mêmes des aventuriers venus dans le pays dans l’espoir de rallier l’autre côté de la Méditerranée [6]. Mais, à un moment donné de leur « carrière » migratoire, ils en viennent à endosser ce rôle de passeurs de frontières. De par leur expérience sur les routes de l’aventure, tous se sont constitué un capital de relations et se sont familiarisés avec les rouages des réseaux migratoires. Certains ont renoncé à atteindre personnellement l’Europe. D’autres, en revanche, conçoivent ce statut comme une étape intermédiaire de leur parcours, qui leur permettra par la suite de financer leur propre voyage. C’est le cas de Keita, un Sénégalais parti depuis deux ans de chez lui : « […] C’est à Maghnia [7] que j’ai compris qu’on ne passe pas en Espagne par bateau, mais en pirogues. Parce qu’à ce moment des gens viennent des refoulements, ils m’expliquent comment ça se passe. Mais je suis quand même monté à Rabat pour connaître la réalité. Alors les gens m’ont dit : “Non, c’est de petites pirogues… On va te déposer en camion, sous des bâches dans le désert…” […]. Moi je me suis dit que “non, je ne peux pas prendre ces risques”. Mon idée a commencé a changer. Depuis que je suis venu ici aussi, je n’ai eu aucune aide. À Rabat, j’ai commencé à me rapprocher des thiamen, pour leur donner des coups de main. Car je me disais : “Si je commence à travailler avec eux et si je deviens à mon tour thiaman, peut-être qu’après je vais pouvoir tenter le passage d’une autre solution, en achetant des papiers. C’est moins risqué […]” ».

Les thiamen, en l’occurrence, dirigent les habitations collectives surnommées « foyers », dans lesquelles les aventuriers résident souvent dans l’attente du passage. Ces « foyers » sont situés dans les quartiers populaires de certaines grandes villes marocaines, comme Rabat. Outre un « droit d’entrée » d’environ 50 euros, les candidats au départ qui logent dans ces habitations remettent aux thiamen l’argent correspondant au paiement du passage. Cette somme est de l’ordre de 1000 euros (parfois 850 euros) pour tenter la traversée vers les îles Canaries depuis les provinces du grand sud marocain [8]. Les thiamen ne conservent pour leurs bénéfices personnels qu’un pourcentage relativement faible du montant ainsi versé : la majorité de la somme, en effet, est redistribuée entre les autres intermédiaires se chargeant d’organiser les passages.

Des contours labiles

Dans les « foyers » de Rabat, la position de thiaman est soumise à un principe de rotation. Lorsqu’un thiaman a réussi à faire passer en Europe un certain nombre de passagers, il est tenu de laisser la direction du « foyer » [9] à un autre aventurier. Souvent, ce successeur officie déjà comme second du thiaman et se distingue des autres prétendants par la durée de sa présence dans le « foyer ». À cela, toutefois, s’ajoute l’enjeu du crédit de confiance que lui accordent les autres aventuriers. Cette dimension n’est pas des moindres puisqu’elle peut conduire à prendre le pas sur le principe de l’« ancienneté », si un tiers est jugé plus fiable et chevronné. La nomination d’un nouveau thiaman peut ainsi engendrer des tensions entre les résidants du « foyer ». Mais ce système de rotation invite à déconstruire les représentations communes selon lesquelles il y aurait d’un côté, des personnes qui font passer et de l’autre, des personnes qui cherchent à passer.

La frontière entre ces deux catégories de situation est labile et poreuse. Endosser ce statut correspond, dans le cas des thiamen sénégalais, à un moment de la carrière de l’aventurier qui peut être de courte durée ou se stabiliser dans le temps. Si la dichotomie entre « passeurs » et « passagers » est donc ici à nuancer, il en va de même d’autres idées reçues concernant les rapports de pouvoir et de subordination entre les premiers et les seconds.

Certes, les thiamen sont en position dominante : ils ont le pouvoir ou, du moins, ils ont convaincu leurs passagers qu’ils ont le pouvoir de « faire passer » car ils disposent de solides complicités avec d’autres personnages clés, les connexion men notamment. Ces derniers, qui ne sont pas nécessairement de même nationalité qu’eux, disposent de liens de cooptation avec des intermédiaires marocains qui se chargent, à leur niveau, de négocier le passage des frontières vers l’Europe. Les aventuriers, eux, n’ont qu’un minimum d’informations sur les différentes étapes du trajet qui les attendent, même si, au fil de leur expérience, ils en viennent à anticiper et à mieux se représenter les épreuves à venir (conditions difficiles du voyage et entassement extrême dans les 4x4 qui se chargent d’acheminer les migrants vers les tranquillos [10] situés dans le grand sud marocain ; attente dans le Sahara marocain qui, souvent, peut atteindre trois semaines avant le départ des embarcations vers les îles Canaries, etc.). Or, la détention de l’information constitue une source essentielle du pouvoir.

Certains thiamen peuvent disparaître après avoir reçu les sommes destinées au voyage. D’autres peuvent faire partir un groupe d’aventuriers dans le Sahara marocain, tout en sachant que le départ vers les îles Canaries est d’avance compromis. Ils savent qu’il y a de fortes chances pour que le groupe se fasse arrêter par la police marocaine : mais, avant que leurs passagers reviennent de la frontière algérienne où ils se feront alors expulser, ils auront gagné quelques semaines de répit face à des clients qui les « tannaient » pour partir. Ils devront cependant organiser par la suite un second départ, puisque le prix de la traversée maritime comprend trois essais. En outre, les thiamen qui veulent durablement faire carrière dans le milieu ne peuvent multiplier les arnaques sans craindre de perdre leur place. Des soulèvements collectifs – plus ou moins violents – d’aventuriers exaspérés peuvent avoir lieu contre eux. D’autre part, le crédit de confiance accordé aux thiamen met en jeu leur réputation qui implique un processus de « solidarité contrainte/obligée  » [11]. En effet, si un thiaman perd sa crédibilité, à terme, il pourra difficilement recruter de nouveaux clients et faire face à la concurrence d’autres pairs. Il faut dire que les réseaux du bouche-à-oreille fonctionnent de manière particulièrement active sur les routes de l’aventure.

Bien qu’ils s’inscrivent dans des rapports de force inégaux, il existe ainsi divers degrés et formes de négociations entre les aventuriers et les thiamen. Un aventurier refusant de résider dans un « foyer » à Rabat en raison des conditions de vie très précaires qui y règnent, et n’ayant pas encore payé le prix du passage, peut jouer, en fonction de ses ressources, sur la concurrence entre thiamen pour convaincre l’un d’eux de l’héberger chez lui, au risque qu’il aille chercher « mieux » ailleurs. Le suivi longitudinal des trajectoires permet aussi de déconstruire des stéréotypes : au cours des parcours, par exemple, un ex-thiaman peut devenir redevable d’un ex-passager. C’est ainsi qu’arrivé en Espagne, un thiaman sénégalais trouve un emploi sur des chantiers grâce aux recommandations d’un aventurier parvenu dans le pays plusieurs mois auparavant grâce à son intermédiaire. En définitive, les « bons » thiamen respectant les obligations auxquelles ils sont censés répondre (aider leurs passagers à revenir de la frontière algérienne après une expulsion, succès dans l’organisation des convois, etc.) sont respectés et admirés. En revanche, la controverse peut être virulente lorsque les thiamen multiplient les arnaques.

Au Sénégal, où nous avons enquêté auprès de Sénégalais partis en cayucos du Sénégal vers les îles Canaries, nous avons de même retrouvé un faisceau complexe de relations. Ici, l’organisation des départs met en scène plusieurs personnages centraux : les organisateurs du voyage et propriétaires de pirogues, les rabatteurs, des « vieux » pêcheurs conseillers, et des capitaines de pirogue suppléés par un équipage. Les capitaines de pirogue (et leurs co-équipiers) se chargent de conduire les embarcations jusqu’à l’archipel espagnol. En contrepartie, ils sont exonérés du prix de la traversée (généralement compris entre 400 000 et 500 000 CFA) et bénéficient d’une prime. Les capitaines de pirogue sont, de préférence, recrutés parmi des capitaines de pêche, censés avoir une bonne expérience de la mer.

Certes, des affréteurs sans scrupules ont pu duper les passagers comme les capitaines sur la sureté de l’embarcation : des moteurs d’occasion ont pu être livrés et ont dysfonctionné en cours de route, tandis que les réserves d’essence et de nourriture ont pu volontairement être réduites, compromettant ainsi la survie des personnes à bord. Ces cas ne sont pas toutefois à généraliser. En cas de retour de l’embarcation à bon port, les règlements de compte peuvent être violents et les dénonciations à la police de mise, si les intéressés n’ont pas pris soin d’assurer leurs arrières. À l’opposé, des intermédiaires ayant organisé avec succès plusieurs traversées vers les îles Canaries ont acquis une renommée dans certains quartiers. Nous avons rencontré l’un d’eux à Mbour, port de pêche de la petite côte. X est né en 1961. Il se présente comme un « vieux  » pêcheur, issu d’une famille de pêcheurs. Il dispose de deux pirogues sur lesquelles travaillent ses fils qui partent régulièrement pêcher en Guinée et en Gambie. En 2006, il s’associe avec un « organisateur  ». L’organisation du voyage auquel il prend part lui procure près de 29 millions CFA de bénéfices, qu’il réinvestit en construisant des maisons [12]. Plusieurs jeunes du quartier, dont il connaissait bien la famille, ont pu embarquer gratuitement. Aujourd’hui, X jouit d’une certaine notoriété et des parents le remercient encore d’avoir fait « voyager  » leur fils. Avant le départ, il a consulté, comme tant d’autres, des marabouts afin que la traversée s’effectue sans encombre et surtout, que les préparatifs de la traversée s’achèvent dans la discrétion.

Une fois de plus, les figures du « passeur  » ne sont pas réductibles à l’image de trafiquants d’êtres humains. Le terme de « trafic d’êtres humains  », d’ailleurs, est doté d’une forte charge politico-idéologique et morale (ou plutôt immorale). Dans le langage juridico-politique, il est étroitement lié à la « criminalité transnationale organisée  ». Il repose sur une vision binaire entre victimisation et criminalisation qui ne permet pas de rendre compte de la réalité sociologique des réseaux migratoires ici évoqués. Si l’on reprend l’exemple des réseaux sénégalais au Maroc, ces derniers comprennent des règles sociales édifiées par les aventuriers eux-mêmes (comme la décision d’instituer, dans les « foyers  », une fonction séparée de caissier afin d’éviter les détournements d’argent par les chefs de foyers) et offrant en principe des garanties minimales (à l’image des « trois essais  » compris dans le prix payé pour la traversée clandestine). De plus, les aventuriers ne sont jamais enfermés dans une dépendance totale vis-à-vis des thiamen puisqu’ils sont libres de rompre la relation contractuelle qui les unit. L’existence d’une économie de la migration, génératrice de revenus pour ceux faisant prévaloir leur capacité à « faire passer  » (thiamen, connexion men, corrupteurs marocains…), n’est pas réductible à un raccourci en termes de « réseaux mafieux » ou de « trafic d’êtres humains  ».

Silence sur la corruption

Si les passages clandestins des frontières défient les logiques souveraines et territoriales des États-nations, pour autant, ils s’effectuent très souvent avec la complicité d’agents de l’État : en témoigne l’importance du recours à la corruption. Au Maroc, les thiamen et connexion men subsahariens ont des contacts plus ou moins directs avec des fonctionnaires dévoyés, qu’il s’agisse de cooptation avec la police des frontières à l’aéroport de Casablanca (par lequel une partie des migrants subsahariens entre sur le territoire marocain), de complicités avec la gendarmerie pour contourner les barrages routiers, ou encore de relations avec tel ou tel fonctionnaire chargé de la surveillance des côtes. La corruption intervient à la fois à l’entrée, à l’intérieur et à la sortie du territoire marocain. Il n’est pas rare, par ailleurs, que les aventuriers traitent en face-à-face, contre le versement d’un bakchich, avec la police marocaine pour éviter une arrestation ou une expulsion à la frontière algérienne. Pour les petits fonctionnaires impliqués, les bénéfices financiers ainsi retirés représentent, de manière cumulée, un gain non négligeable. Mais, en certaines circonstances, l’enjeu monétaire ne suffit pas à expliquer à lui seul ce laxisme, qui s’éclaire aussi parfois par le rêve partagé de l’Europe. Une anecdote, relatée par un aventurier, est éloquente. Ce dernier rapporte les paroles compatissantes d’un gendarme lors de son arrestation à Layoune : « Ah, ne vous en faites pas, peut-être qu’un jour on vous rejoindra ! » s’était exclamé celui-ci.

De la même façon, au Sénégal, les départs en cayucos à destination des îles Canaries font appel à la complicité dévoyée d’agents de l’État (gendarmes, procureurs…), qu’il s’agisse d’acheter les codes GPS permettant de rallier l’archipel espagnol, de détourner les patrouilles maritimes le jour du départ, etc. Certes, dans l’organisation des voyages, une certaine discrétion est de mise. Par exemple, l’embarquement ne s’effectue pas directement à bord des grandes pirogues destinées à la traversée. Les passagers y sont acheminés par groupes, à partir de pirogues plus petites, tandis que les embarcations destinées au voyage sont arrimées au large des côtes, à l’abri des regards. Mais l’impératif de discrétion se joue-t-il vraiment dans le rapport aux autorités sénégalaises ou est-ce pour partie un jeu de dupe ? Pour les candidats au départ, cet impératif semble tout autant relever d’une précaution pour se protéger des mauvais sorts et éviter les départs « par forcing  » [13], que pour se cacher de la gendarmerie sénégalaise (du moins en certaines périodes) [14]. Sceptiques, des diplomates européens rencontrés à Dakar se demandent d’ailleurs si, au-delà des déclarations officielles, le gouvernement sénégalais a vraiment intérêt à lutter contre les passages clandestins en Europe… [15]

Ce bref aperçu invite à déconstruire quelques idées reçues concernant la figure du passeur. La pluralité et le « degré » des figures en jeu ne peuvent se laisser enfermer dans une catégorisation unique, à moins de reproduire des clichés souvent plus idéologiques qu’empiriques. Enfin, quand bien même les passages clandestins transgressent les frontières des États, très souvent, ils ne s’effectuent pas totalement en dehors de l’État, dès lors qu’ils s’appuient sur le recours à la corruption. Or, plus les politiques migratoires se durcissent, plus les dispositifs répressifs se renforcent, et plus le recours à la corruption devient un capital de mobilité usité.




Notes

[1Propos cités dans le nouvel obs.com du 04. 02. 2009, http://tempsreel.nouvelobs.com/ depeches/politique.

[2Au Maroc, l’enquête a été menée entre 2003 et 2006. Au Sénégal, le terrain a été réalisé en 2008, principalement à Dakar (et sa banlieue) et à Mbour. Il a été effectué dans le cadre du projet ANR « Migrations de transit en Afrique », mené avec l’Urmis-Soliis et l’Ifas.

[3Virginie Guiraudon, « Lutte contre les passeurs : une politique qui ne protège pas les victimes de l’immigration illégale », TERRA-Ed., Coll. « Esquisses », nov. 2008.

[4Ce rôle consiste, à « conduire illégalement [contre rémunération], des personnes ou des groupes de personnes sans identité officielle d’un espace national à un autre  ». Smaïn Laacher et Laurette Mokrani, « Passeur et passager, deux figures inséparables », Plein droit, n° 55, 2002.

[5Anaïk Pian, « La fabrique des figures migratoires depuis l’expérience des migrants sénégalais », Journal des Anthropologues, n° 118-119, 2009a, p. 91-106.

[6Anaïk Pian, « Le tuteur logeur revisité : le thiaman sénégalais, passeur de frontières du Maroc vers l’Europe », Politique Africaine n° 109, 2008a, p. 91-106 ; Anaïk Pian, « Aux portes de Ceuta et Melilla : regard sociologique sur les campements informels de Gourougou et de Bel Younes », Migrations Société, vol. 20, n° 116, p. 11-24 ; Cf. Anaïk Pian, Aux nouvelles frontières de l’Europe. L’aventure incertaine des Sénégalais au Maroc, Paris, La Dispute, 2009b.

[7Ville algérienne frontalière du Nord-est du Maroc. Des campements de fortune, régis par une organisation proche de celle existante dans les forêts marocaines situées à proximité des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, y ont été établis par les migrants.

[8Si les aventuriers n’ont pas d’emblée de quoi payer le passage, le droit d’entrée dans les « foyers » est de 100 euros. Les 50 euros supplémentaires leur seront déduits du prix du passage, lorsqu’ils règleront cette somme.

[9Sauf s’il en est le fondateur.

[10Nom donné aux relais migratoires.

[11Alejandro Portes et Min Zhou, « En route vers les sommets : nouvelles perspectives sur la question des minorités ethniques », Remi, vol. 8, n° 1, 1992, p. 171-192.

[12Pour plus de détails sur les coûts et gains engendrés par l’organisation des voyages, cf. Aliou Sall et Pierre Morand, « Pêche artisanale et émigration des jeunes africains par voie piroguière », Politique Africaine, n° 109, 2008, p. 32-41.

[13Cette expression, employée par les Sénégalais, fait référence aux passagers qui cherchent à s’insérer dans le groupe au moment de l’embarquement, alors qu’ils n’ont pas payé le prix de la traversée.

[14Même si, par ailleurs, il s’agit d’éviter les patrouilles Frontex (Agence européenne pour le contrôle des frontières extérieures) qui opèrent dans les eaux territoriales sénégalaises depuis 2006. Les fonctionnaires sénégalais qui participent à Frontex bénéficient d’un salaire espagnol beaucoup plus élevé que les salaires locaux. Les corps armés sénégalais reçoivent également des équipements en matériel et peuvent profiter de formations.

[15Cf. Anaïk Pian, « Face aux enjeux politiques locaux, aide au développement en échange de retours forcés : le Plan Reva au Sénégal », in Atlas des migrants en Europe. Géographie critique des politiques migratoires, sous la direction de O. Clochard, Paris, Armand Colin, 2009c, p. 88-90.


Article extrait du n°84

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Dernier ajout : jeudi 17 avril 2014, 14:59
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