Lutter contre l’immigration irrégulière ou protéger les étrangers contre la traite et l’exploitation : il faut choisir

Un rapport sur la traite et l’exploitation des êtres humains en France vient d’être publié par la Commission nationale consultative des Droits de l’Homme (CNCDH) [1].

Ce travail analyse de manière approfondie la façon dont sont appréhendées les multiples formes que prennent, dans la France d’aujourd’hui, traite et exploitation : travail forcé, servitude, esclavage, y compris la délinquance forcée, exploitation de la prostitution, de la mendicité, des travailleurs domestiques ou agricoles, etc.
Il rappelle qu’un des aspects incontournables de la lutte contre ces phénomènes réside dans la protection effective des personnes qui en sont victimes ou sont menacées de l’être.

Surtout, ce rapport expose de façon très claire la façon dont les étranger⋅es sont placé⋅es et maintenu⋅es dans une situation de vulnérabilité les exposant particulièrement à la traite et l’exploitation.

  • la priorité donnée à la lutte contre l’immigration irrégulière, la chasse aux sans-papiers et la rareté des régularisations, privent les migrant⋅es des moyens de faire respecter leurs droits,
  • le statut particulièrement précaire que connaissent certaines catégories de travailleurs migrants les place dans un rapport de force inégalitaire avec leurs employeurs,
  • les failles dans la prise en charge des mineurs étrangers isolés, à la frontière ou sur le territoire national, les maintiennent dans une situation de vulnérabilité propice à leur traite ou exploitation.

Le rapport de la CNCDH corrobore ainsi les analyses du Gisti et d’un nombre croissant de chercheurs et militants : les politiques répressives en matière d’immigration constituent en fait un obstacle majeur à la protection des victimes de la traite et de l’exploitation des migrants, et sont mêmes un facteur structurel de ces pratiques.

Les seules véritables réponses aux phénomènes de traite et d’exploitation sont le plein respect des droits fondamentaux des migrants ainsi que l’égalité de traitement entre Français et étrangers, afin que les uns comme les autres soient à même d’exercer et défendre ces droits.

Paris, le 13 décembre 2010

[1CNCDH, La traite et l’exploitation des personnes, étude de Johanne Vernier, la documentation française, novembre 2010

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Dernier ajout : lundi 21 septembre 2020, 10:47
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