N° 132 de Plein droit, la revue du Gisti
Des foyers de résidence surveillée
Malgré leur fin annoncée depuis vingt-cinq ans et l’existence d’un plan national visant à les « traiter » pour les remplacer par des résidences sociales, les foyers de travailleurs migrants (FTM) n’ont pas véritablement disparu. Pour preuve, l’apparition d’une forme hybride : la « résidence sociale ex-FTM ». La transformation effective de ces espaces et des règles qui les régissent a donc en partie achoppé et elle s’accompagne pour leurs habitants d’une certaine continuité d’usages malgré l’augmentation du loyer et l’aseptisation de ces lieux désormais sans vie.
Revendication phare des luttes des foyers Sonacotra des années 1970, l’octroi aux résidents de foyer d’un statut de locataire n’a jamais été obtenu. Lieux des combats et de la mémoire de l’immigration, les foyers attestent de l’ampleur des contrôles exercés sur les immigrés, soumis à une surveillance et à des tracasseries administratives permanentes ; en somme de la continuité d’une gestion racialisée de ces populations. Du fait de l’inégalité du rapport de force avec les structures gestionnaires, la mobilisation des résidents est complexe. Mais des actions de résistance ont pu malgré tout infléchir dans certains foyers les projets visant à supprimer les espaces collectifs.
Machine à trier dans la ville financiarisée, le passage en résidence sociale facilite la sélection des personnes solvables et disposant d’un titre de séjour valide, abandonnant les autres à la sollicitude de compatriotes mieux lotis. Cette gestion renouvelée des immigrés par l’habitat sépare, isole, fragilise tout en protégeant les intérêts des promoteurs, des constructeurs et des structures gestionnaires de ces lieux.
Sommaire
Édito
Dossier - Des foyers de résidence surveillée
- Un continuum foyer-résidence et des discriminations qui perdurent | Claire Lévy-Vroelant et Aïssatou Mbodj-Pouye
- Lexique critique de la transformation des foyers | Claire Lévy-Vroelant et Aïssatou Mbodj-Pouye, avec Laura Guérin et Michael Hoare
- À Montreuil : reloger, desserrer, héberger, évincer | Élise Birchler et Claire Lévy-Vroelant
- « On nous a dit clairement : “vous n’êtes pas travailleur social” », Laura Guérin
- Face à la nouvelle donne, des bribes de résistances | Michael Hoare
- À l’ombre du droit commun, les expulsions des foyers | Camille François
- La double stigmatisation des résidents des foyers | Ali El Baz
Hors-thème
- En Slovénie, les refoulements sonnent la fin de l’État de droit | Milou Borsotti, Priscille Duflos
Mémoire des luttes
- Une Case de Santé dans tous les quartiers ! | Jérôme Host et Fabien Maguin
Le focus juridique
- Dispersion des campements : flagrant délit de détournement de la loi… par un procureur | Patrick Henriot
Ont collaboré à ce numéro : Jean-Pierre Alaux, Véronique Baudet-Caille, Solange Bidault, Emmanuel Blanchard, Michèle Bornarel, Pauline Boutron, Anne Brunner, Violaine Carrère, Claudia Charles, Ali El Baz, Daniel Gros, Noura Kaddour, Claire Lévy-Vroelant, Danièle Lochak, Antoine Math, Aïssatou Mbodj-Pouye, Claire Rodier, Diane Turquety.
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N° 132, mars 2022,
48 pages,
10 € + frais d'envoi
ISSN (collection) : 0987-3260 /
ISBN du numéro :
papier 978-2-38287-134-8,
ebook 978-2-38287-135-5
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