Le ministre de l’intérieur, dans sa détestation de ceux qu’ils présentent comme des immigrés, s’est trouvé une nouvelle cible : les enfants de familles « immigrées » (traduisez originaires du Magreb et d’Afrique), coupables – selon lui – de représenter les deux tiers des échecs scolaires, une statistique qu’il est bien en peine d’étayer. M. Guéant est coutumier du fait : quand il ne tord pas les chiffres pour les plier à son bon vouloir, il les invente pour coller aux instructions de son mentor élyséen.

Plus encore, devant le tollé qu’ont provoqué ses chiffres bidon, il rétropédale tout en rajoutant que ces mêmes deux tiers d’enfants sortiraient de l’appareil scolaire sans diplôme. Il faut donc en conclure que, pour Guéant, les enfants « d’immigrés » seraient pour la plupart définitivement nuls et inaptes à la scolarisation. Et, qui sait ?  non fondés à rester dans un pays dont il est bien connu que la politique de l’éducation menée par le gouvernement dont il fait partie assure à tous les élèves, quel que soit leur milieu, les mêmes chances et la même réussite scolaire ?

Les chercheurs en éducation, c’est leur expertise, ont immédiatement répliqué au ministre et confronté ses propos aux données existantes. Mauvaise note pour Guéant. Mutisme honteux par contre depuis dimanche du ministre en charge de l’éducation, qu’on a vu plus disert lorsqu’il s’agit de défendre les saignées dans les effectifs d’enseignants et la disparition des RASED.

De fait, Guéant ministre de l’intérieur, en charge de l’immigration, a priori garant de la cohésion républicaine, s’est lancé dans la course à l’échalote du mieux disant xénophobe. Sous prétexte d’examiner les résultats scolaires « des enfants d’immigrés », il englobe dans sa vitupération l’ensemble de l’immigration passée, présente et à venir, leurs enfants, petits enfants, et arrière petits enfants, jusqu’à combien de générations au juste ? Bref, il fait la danse du ventre devant Marine le Pen. Il faut bien justifier sa politique de traque et d’expulsion des étrangers.

En outre, M. Guéant tiendrait-il pour négligeable le fait que la majorité des élèves qu’il attaque sont de nationalité française et ont des parents français ? Double faute, M. le ministre ! Non seulement, vous stigmatisez une partie de la population scolaire de ce pays, mais vous vous en prenez aux enfants de nos et de vos concitoyens, au mépris de deux principes républicains intangibles : l’égalité de traitement de tous les citoyens et la scolarisation de tous les enfants, quels qu’ils soient et d’où qu’ils viennent ! Le moins que vous pourriez faire serait d’adresser des excuses publiques à tous ces enfants et à leurs parents, immigrés ou non, français ou étrangers.

Une nouvelle fois, M. Guéant a perdu une occasion de se taire. Ayatollah d’une idéologie xénophobe, exécuteur zélé d’une politique d’immigration fondée sur les fantasmes et lâchement électoraliste, il démontre aujourd’hui à la France entière qu’il veut stigmatiser les Français d’origine étrangère.

Ce qui se passe est grave. Par ses propos, Claude Guéant sème le trouble et l’insécurité dans toute la société, celle qui ne fait pas partie de la petite caste des parvenus qui nous gouvernent. Immigré ou pas, pauvre, chômeur, précaire, jeune, ou tout à la fois, qui sera le prochain stigmatisé, le prochain rejeté, pour mauvais résultat ? Les attaques contre les étrangers menacent la société tout entière. Nous ne devons pas les tolérer. Ce ministre de guerre civile doit partir.

Le 28 mai 2011

Vous pouvez retrouver ce communiqué sur le site
https://reseau-resf.fr

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Dernier ajout : lundi 30 mai 2011, 16:21
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