À propos de l’expulsion de la bourse du travail
Surmonter les divisions et oeuvrer à la régularisation de tous les sans-papiers !
L’expulsion et la situation actuelle des sans-papiers de la Coordination 75 qui occupaient la Bourse du travail à Paris depuis plus d’un an sont choquantes à plus d’un titre.
D’abord, les conditions de cette « évacuation » sont problématiques. La violence des moyens employés par certains intervenants de la CGT est inadmissible. Se pose aussi la question de la méthode choisie : il est vrai que les syndicats ont temporisé durant de longs mois et tenté à de multiples reprises de trouver des solutions de sortie de crise mais ces dernières semaines aucune médiation, aucune négociation n’avaient été initiées. Enfin, comment ne pas s’étonner qu’un syndicat qui défend les travailleurs mette brutalement sur le trottoir des hommes, des femmes et des enfants, des gens qui se battent pour essayer de vivre dignement en France ? Car le résultat tangible de ce coup de force, c’est qu’aujourd’hui entre 100 et 200 sans-papiers « campent » sur un trottoir en face de la Bourse du travail, plus fragiles que jamais face aux risques d’interventions policières.
Au-delà de cette triste fin d’une longue occupation dont nombre d’organisations estimaient qu’elle ne pouvait déboucher que sur une impasse, toute l’histoire de ce mouvement illustre surtout une autre impasse : celle à laquelle conduit la politique du gouvernement en matière d’immigration.
Cette politique est en effet un empilement de crispations dont la contradiction saute aux yeux : réglementation drastique du droit des étrangers ayant pour principal résultat de placer toujours plus de personnes en situation irrégulière mais refus catégorique de toute régularisation dite massive ; affichage de la volonté d’augmenter la part de l’immigration de travail mais régularisations de travailleurs sans papiers accordées au compte-gouttes et dans l’arbitraire le plus total ; fixation d’objectifs chiffrés chaque année plus élevés de reconduites à la frontière ; etc.
Pourtant, en raison notamment du mouvement de travailleurs sans-papiers initié en avril 2008 par la CGT et quelques autres organisations syndicales et associatives, personne ne peut plus ignorer la place réelle de ces hommes et de ces femmes dans l’économie française. La très restrictive procédure d’admission « exceptionnelle » au séjour, qui a représenté un immense espoir pour des milliers de sans-papiers dont les membres de la Coordination 75, ne tient pas compte de cet état de fait et reste par essence inéquitable.
Elle laisse de côté les travailleurs les plus exploités ; ceux à qui il n’a pas été fait de contrat de travail, ceux qui travaillent en interim, en CDD, pour des chantiers ou des missions ponctuels, ceux qui sont isolés... C’est le sentiment de cette injustice qui a provoqué le mouvement de la Bourse du travail de Paris occupée, vers lequel les yeux sont tournés aujourd’hui du fait de ce campement désolant sur un trottoir parisien.
Aujourd’hui, l’urgence est à la nécessaire solidarité avec les centaines de sans-papiers, sans abri, installés sur les trottoirs devant la bourse du travail. C’est dans la lutte pour leur régularisation que tous les acteurs de la défense des droits des étrangers doivent se retrouver : il s’agit d’une étape nécessaire pour aller vers un mouvement plus large en faveur de la défense des droits et la régularisation de tous les sans-papiers.
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