Migrants Mayotte

La réalité de ce que dissimule le terme d’immigration clandestine à Mayotte
Contre-rapport du collectif Migrants Mayotte en écho au rapport du sénat sur les coûts de l’immigration clandestine à Mayotte

A l’occasion de la visite à Mayotte d’une mission de la commission des lois du Sénat, entre le 1er et le 6 septembre 2008, le Collectif Migrants Mayotte a élaboré un contre-rapport sur la réalité de ce que dissimule le terme d’immigration clandestine à Mayotte, en écho rapport « sur les aspects budgétaires de l’immigration clandestine à Mayotte » rédigé par le sénateur Henri Torre et rendu public le 17 juillet 2008 par la Commission des Finances du Sénat.

Il ressort de ce travail collectif que le nombre de personnes en situation irrégulière sur le territoire mahorais devrait être bien moins important que ne l’indiquent les statistiques officielles. Par de multiples entorses au droit, l’Etat est devenu à Mayotte une machine à fabriquer des sans-papiers. Le Collectif estime que plus de la moitié des "étrangers en situation irrégulière" ne devraient en fait pas l’être (près de 50% vivent depuis plus de dix ans à Mayotte). Par conséquent, le Collectif appelle le gouvernement à régulariser toutes les personnes en droit de vivre sur le sol mahorais selon la législation française.

En outre, le contre-rapport met à mal les conclusions du rapport Torre selon lesquelles l’immigration clandestine couterait plus de 50 millions d’euros par an à l’Etat, en démontrant es calculs hasardeux du rapporteur dans les domaines de la santé et de l’éducation ainsi que l’absence de prise en compte des coûts « collatéraux » de l’actuelle politique et l’apport des migrants à l’économie mahoraise. Le contre-rapport dénonce également les conclusions du rapport Torre quant au coût de la lutte contre l’immigration clandestine, largement sous-évaluée.

Enfin, le-contre rapport rappelle la situation inédite de Mayotte, tant au niveau de la lutte impitoyable contre l’immigration telle que menée au mépris de la loi par le gouvernement depuis quatre ans, qu’au niveau de l’intégration des "sans-papiers". Nous nous trouvons en effet à Mayotte dans une situation unique, où ceux qui sont considérés comme des "immigrants" sont issus du même terreau que les "autochtones".

Dans ce contexte où les étrangers sont de la famille, le Collectif appelle à une nouvelle politique migratoire. Poursuivre la politique actuellement menée, voire l’intensifier comme le prône le sénateur Henri Torre, non seulement serait totalement inefficace (selon les critères du gouvernement) et illégal (selon la loi en vigueur) mais multiplierait les drames humains irréparables des dernières années, qu’il s’agisse de naufrages de kwassa, de séparations familiales, d’interruptions de la scolarité, d’abandons d’enfants, de violences policières, etc… Le Collectif Migrants Mayotte appelle en premier lieu à déverrouiller – sinon abroger – le visa Balladur, source d’innombrables refus.

Collectif Migrants-Mayotte [1]

8 septembre 2008
Contre-rapport de Migrants Mayotte en écho au rapport du sénat sur le coût de l’immigration clandestine à Mayotte

[1Le Collectif Migrants Mayotte est né en décembre 2007 autour d’une volonté de permettre aux étrangers vivant à Mayotte de bénéficier des droits que leur reconnaît la loi. Il est composé des associations Cimade, CCCP (Coordination pour la convivialité, la concorde et la paix), Gisti, Médecins du Monde, Resfim (Réseau éducation sans frontières de l’île de Mayotte) et Solidarité Mayotte, ainsi que de nombreux travailleurs dans les secteurs social, juridique, médical et enseignant œuvrant à Mayotte.

Voir notre dossier « Outre-mer »

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Dernier ajout : jeudi 11 septembre 2008, 09:53
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