L’État français met en danger les exilés qu’il devrait protéger
Depuis plusieurs jours, un collectif d’exilés (sur)vivant dans la rue occupait un immeuble, vide depuis cinq ans, à Bagnolet. Tous demandent le droit d’avoir un toit afin de ne plus vivre dehors.
Ils ont présenté aux autorités la preuve que cette occupation durait depuis suffisamment longtemps pour que l’immeuble soit considéré comme leur domicile. Malgré cela, le lundi 3 juin 2019, ils ont été délogés avec une extrême violence, lors d’une intervention particulièrement dangereuse. Les forces de police, arrivées en nombre à l’aube, les ont en effet poussés à se réfugier sur le toit de l’immeuble. La police a ensuite tenté d’interpeller une à une les personnes présentes sur le toit à coups de matraques et de charges régulières. À plusieurs reprises, des exilés se sont retrouvés suspendus dans le vide, tenus par leurs camarades. L’un d’entre eux ne doit la vie qu’à ses camarades qui ont agrippé son sac à dos, lui évitant ainsi une chute de 20 mètres. Une petite structure gonflable avait été installée par les pompiers en bas de l’immeuble, mais celle-ci n’aurait pas empêché un drame.
Vingt exilés ont été arrêtés et emmenés dans deux commissariats. Les derniers ont été violemment frappés, y compris lorsqu’ils étaient à terre, et ont été laissés à la rue.
Non seulement ces personnes maintenues à la rue devraient pouvoir bénéficier de places dans le dispositif d’hébergement d’urgence, mais ces jeunes hommes, pour la plupart opposants au régime tchadien, devraient également bénéficier d’une protection de la France au titre de l’asile.
Encore une fois, l’État démontre que, vis-à-vis des personnes migrantes, la seule politique qui tienne est de les pourchasser, les harceler et les dissuader de rester sur le territoire. Au point que les personnes qui ne sont pas mortes en mer risquent aussi leur vie une fois arrivées en Europe : que ce soit à la frontière franco-italienne à Vintimille, dans la vallée de la Roya, sur les campements parisiens, dans le nord de la France notamment à Calais...
Fichage, murs, visas, camps, expulsions… tels sont les principaux dispositifs appliqués à la lutte contre le « risque migratoire ». La politique d’immigration est toute entière submergée par une pensée policière négatrice des droits des individus.
Trois d’entre les exilés ont été placés en garde à vue 48 heures et passent en comparution immédiate. Nous demandons la libération immédiate et la relaxe de ces trois personnes !
Un rassemblement est appelé aujourd’hui à 13h au TGI de Bobigny
(métro 5 Pablo Picasso)
Voir notre dossier « Jungles, campements et camps d’exilés en France »
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