Août 2016, Menton, des chauffeurs de car menacés de sanctions pour refus d’obéir à un ordre de réquisition et de participer au refoulement de migrants vers l’Italie

Le 5 août 2016 au soir, un autocar d’une entreprise de transport en commun fait l’objet d’une réquisition ordonnée par le préfet des Alpes-Maritimes. Il s’agit de refouler en territoire italien des migrants, dans le contexte du rétablissement des contrôles aux frontières décidé après les attentats de novembre 2015, en lien avec l’instauration de l’état d’urgence. Le chauffeur du car ne se plie pas à l’ordre de réquisition, prend contact avec sa hiérarchie, demande la présence d’un contrôleur... Les choses tardent, entraînant l’annulation de l’opération de police envisagée, qui sera finalement effectuée par un bus d’une autre compagnie.

Le délégué syndical de la CNT-SO écrit à la direction de l’entreprise autocariste pour l’informer de l’incident, réclamer qu’aucune sanction ne soit infligée à ce salarié de même qu’à tout autre "refusant de déférer à une telle réquisition". Le courrier exprime le refus d’assurer le transport de passagers promis à "la reconduction dans des pays où leurs vies sont en danger" ou à l’"internement dans des camps où l’insalubrité est de mise".

La réponse de l’employeur est vive, et menaçante : "il n’appartient pas au conducteur dont le véhicule est réquisitionné de discuter les directives des forces de l’ordre", le personnel "ne peut décider de son propre chef de ne pas exécuter certaines tâches"... La direction précise que tout salarié "refusant d’exécuter son travail" et contrevenant au règlement intérieur de l’entreprise s’expose à des sanctions disciplinaires, et rappelle que le refus d’exécuter un ordre de réquisition est sanctionné pénalement.

Le chauffeur a reçu le prix coup de cœur de « Libération ».
Il n’y a finalement pas eu de suite à cette affaire.

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Dernier ajout : lundi 27 mars 2017, 10:42
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