Un an après l’incident des 6 et 7 septembre, quel sort pour les migrants en mer Méditerranée ?
Les 6 et 7 septembre 2012, un incident maritime à proximité de l’îlot de Lampione (Lampedusa, Italie) faisait de nombreux disparus, s’ajoutant à la longue liste des migrants disparus entre la Tunisie et l’Italie depuis 2011. Cet incident, aux circonstances encore mystérieuses, arrivait alors même que la zone était patrouillée par les carabiniers, la garde italienne des finances, les gardes-côtes, les patrouilles de Frontex et ratissée par des radars et systèmes satellites. Depuis ce jour, quatre personnes ont elles aussi disparu le 9 novembre 2012 au large du Cap bon. En juin et juillet 2013, plusieurs bateaux partis de Libye sont arrivés en Tunisie vide de leurs passagers, noyés ou morts de faim et de soif dans leur embarcation à la dérive. Le 5 août 2013, Malte interdit au pétrolier Salamis d’enter dans son port car il a secouru des migrants sur sa route. Les 18 et 19 août 2013, deux bateaux transportant 300 personnes étaient heureusement secourus par la marine tunisienne au large de Kerkennah et Ben Guerdane.
Les moyens sécuritaires mis en œuvre par les gouvernements européens et africains pour stopper les migrants sur leurs routes sont apparemment incapables d’éviter l’ensemble des disparitions, naufrages et incidents maritimes qui plongent tant de familles dans le désespoir. En Tunisie et en Italie, les boat-people sont enfermés et expulsés, au mépris de leurs droits, et sans possibilité d’accès des organisations indépendantes et de la presse aux lieux d’enfermement. La législation actuelle empêche la circulation légale entre l’Afrique et l’Europe pour le plus grand nombre. Elle croit ainsi pouvoir arrêter les mouvements migratoires par la répression. Elle ne fait cependant que pousser les migrants sur des routes de plus en plus risquées où leurs droits sont bafoués chaque jour.
Face à cette situation :
- Nous demandons l’organisation de systèmes de secours communs entre les deux rives de la Méditerranée. Les zones de recherche et secours (SAR) doivent servir aux États à secourir le plus grand nombre et non à se rejeter l’assistance aux boat-people. L’assistance en mer est une obligation du droit international de la mer.
- Nous demandons l’arrêt des refoulements, des expulsions et de l’enfermement des boat-people. Les boat-people secourus en mer doivent être conduits dans des ports sûrs. Nous rappelons que ni la Libye ni la Tunisie ne disposent de systèmes d’asile pouvant assurer la protection des personnes en danger dans leur pays. Nous rappelons que la Convention de Genève interdit tout refoulement de réfugiés vers des pays où ils seraient menacés.
- Nous demandons la création d’une commission d’enquête sur les disparus, pouvant agir en Italie comme en Tunisie. Cette commission devant inclure des représentants des familles, des gouvernements et de la société civile afin de fournir une réponse aux familles de disparus qui désespèrent depuis 2011 dans l’incertitude du sort de leurs proches.
- Nous demandons la systématisation de l’identification de tout cadavre retrouvé en mer, en Italie comme en Tunisie, et la constitution d’une base de données ADN qui puisse être utilisée par toutes les familles qui sont à la recherche de leurs proches. Nous demandons à ce que le nombre et la localisation de l’ensemble des migrants retrouvés morts en mer soient rendus publics par les gouvernements.
- Pour mettre fin aux tragédies qui ont lieu sur les routes de plus en plus risquées employées par les migrants, nous demandons à ce que les accords migratoires signés entre pays européens et africains prenne la direction de la liberté de circulation du plus grand nombre et non de la répression des migrants comme c’est le cas actuellement.
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