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Plein Droit
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« Des
étrangers sans droits dans une France bananière » SUR L'ÎLE DE SAINT-MARTIN « Depuis la sous-préfecture,
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La maison d'Emmanuel Marcelin, tailleur-couturier de profession, français par naturalisation il est d'origine haïtienne , a été brûlée le 9 octobre par des employés de la mairie. Située à Saint-James, en surplomb de Marigot avec vue imprenable sur la mer, elle était si solide avec son étage et ses murs de parpaings, que les voisins s'y étaient réfugiés pendant la tempête. Construite en 1986, c'était une habitation confortable, dotée de deux salles de bain et de trois W-C.
« J'habite à Saint-Martin depuis seize ans. Je suis d'Haïti, et de nationalité française.
» Trois jours après le cyclone, l'hélicoptère est passé avec un micro, interdisant de reconstruire, de recouvrir les maisons. J'avais deux mètres de tôles partis, réparés de suite. Après Luis, quand on a fait venir des tôles de la métropole, ce sont les Saint-Martinois qui les ont eues. Même les Guadeloupéens n'ont eu que le deuxième container. Une seule personne pouvait avoir 200 tôles et les revendait après. Ce sont les Saint-Martinois qui travaillent à la mairie qui ont eu les tôles.
» Deux jours après la réparation, j'ai reçu la visite d'un gendarme accompagné d'une dizaine de personnes. Il a dit à mon beau-frère de déménager, car on allait détruire la maison. Je suis alors arrivé, et il m'a dit : "Si tu es Haïtien, il faut voir l'association des immigrés haïtiens". Quand j'ai sorti mon passeport français, il m'a dit d'aller à la mairie.
» Puis, le 7 ou le 8 octobre, j'ai reçu la visite d'un gendarme accompagné du propriétaire du terrain, qui lui a montré l'endroit à démolir. Il m'a dit qu'un policier municipal lui avait fait signer un papier. Quand il est sorti, le propriétaire lui a dit qu'il n'aimerait pas que ma maison soit démolie. Elle a trois WC, l'eau, l'électricité. "Votre maison est bonne, allez voir le maire". Je m'y suis rendu et on m'a dit d'aller voir Monsieur Cardi, directeur de l'urbanisme.
» Je me suis dit que je ne peux pas me battre avec un gendarme. J'ai mis les affaires chez un ami. Je suis logé dans un studio.
» Puis je suis allé voir le sous-préfet. Sa secrétaire m'a dit : "Le sous-préfet n'est pas responsable. Rendez-vous au service de l'urbanisme. Revenez demain si vous voulez voir le sous-préfet".
» Le lendemain j'y suis allé, mais je n'ai pas été reçu parce qu'il n'avait pas été prévenu. Revenez lundi. Et lundi, depuis la sous-préfecture, j'ai vu ma maison incendiée. J'ai pas vu lorsqu'ils ont mis le feu. Je suis monté. J'ai vu des Saint-Martinois embauchés par la mairie. J'ai vu un homme dont je connais le nom, Monsieur Geffroy, le chef de ceux qui démolissaient. Il n'y avait pas de gendarmes. J'ai photographié la maison avec le feu. Le policier Irish a dit au propriétaire : "Voici ce que le maire vous a dit de signer". Aucune proposition de relogement ne m'a été faite.
» Après, j'ai réfléchi, j'ai dit que je ne peux pas laisser faire ça. J'ai déposé plainte à la gendarmerie ».
« Dernièrement, j'ai un ami qui est allé dans un restaurant. Il m'a dit : " Hier, j'étais avec quelques personnes. Pendant que je dînais, j'ai entendu que quelqu'un disait que, si le maire est emprisonné, on va tuer tous les Haïtiens. Toi en particulier, tu n'es pas épargné, car tu es derrière l'affaire. On te connaît, on veut ta peau."
» Mais je dois défendre ma maison. J'ai travaillé pour construire ma maison ».
Dernière mise à jour :
25-01-2001 17:39.
Cette page : https://www.gisti.org/
doc/publications/1996/bananier/saint-martin/marcelin.html