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SÉJOUR
Comment constituer un dossier
de demande de titre de séjour
Toute demande de titre de séjour ou, ce qui est synonyme, de
régularisation implique, de la part des intéressés
et de ceux qui les aident, un certain nombre de précautions.
Même celles qui peuvent paraître superflues dans un premier
temps savèreront utiles à lheure des difficultés.
Soyons conservateurs !
Ce mot dordre nest pas politique. Quils soient
en situation régulière ou surtout irrégulière,
les étrangers ont un intérêt majeur à conserver
un certain nombre de documents au premier abord sans grande importance.
Par précaution, il est tout à fait raisonnable dactualiser
sans cesse deux jeux darchives : lune avec soi, lautre
en lieu sûr auprès dune relation de confiance. Il
nest, en effet, pas rare de rencontrer des étrangers qui,
à la suite dun incendie, dun vol ou dun déménagement,
ont perdu la documentation quils avaient patiemment constituée
à leur domicile. Il nest pas davantage rare de rencontrer
des étrangers qui, placés en rétention, nont
plus accès à leur dossier à un moment où
il serait indispensable.
Documents administratifs
Les papiers se perdent, puis manquent cruellement. A commencer par
un passeport. Dès son arrivée en France, un étranger
devrait photocopier toutes les pages de son passeport et, au moins,
les pages didentité, celle qui comporte le visa, si visa
il y a, et celle sur laquelle est tamponnée la date dentrée
en France. Il faut aussi procéder à ces photocopies au
moment où, parce quil est périmé, on sapprête
à changer de passeport auprès des autorités consulaires
de son pays.
Dès quune demande de titre de séjour est entreprise
auprès dune préfecture, il est impératif
de garder indéfiniment le moindre papier
qui témoigne de cette démarche, jusques et y compris un
ticket dordre de passage au guichet, surtout sil est daté
et sil mentionne le nom de ladministration.
Il faut évidemment conserver là encore indéfiniment
toute lettre (positive ou négative), toute convocation, tout
récépissé de demande, tout récépissé
de titre, toute déclaration de perte de papiers, les invitations
à quitter le territoire (IQF), les arrêtés préfectoraux
de reconduite à la frontière (APRF), les jugements (quil
faut demander aux greffes des tribunaux le plus tôt possible),
les décisions de maintien en rétention, les assignations
à résidence, les interdictions du territoire, etc. Bref,
tout. Pour ceux qui sont titulaires dun titre de séjour,
dès sa délivrance ou son renouvellement, il est prudent
de le photocopier et den conserver chez soi la copie. Elle sera
précieuse en cas de perte de loriginal.
Attention : les convocations, les récépissés
et les cartes de séjour sont retirés au moment du rendez-vous
ou du renouvellement. Il faut donc les photocopier avant quil
soit trop tard.
Quand un document récent (nouveau titre, nouvelle convocation,
etc.) paraît rendre inutile la conservation des documents similaires
plus anciens, on doit éviter de les jeter. Ils retracent lancienneté
et la continuité dun séjour en France, dont on peut
avoir besoin plus tard. On ne sait pas aujourdhui ce que sera
la législation de demain.
Documents de travail, de santé, de scolarité,
factures, papiers bancaires, quittances diverses...
Les archives des étrangers et, tout particulièrement,
des sans-papiers doivent rassembler non seulement les plus modestes
des documents administratifs, mais aussi tout ce qui permet ou permettra
un jour détablir la durée et la continuité
de leur séjour en France. Cest un conseil à donner
également aux étrangers en situation irrégulière
qui nont rien à espérer pour linstant et qui
voudraient, dans lavenir, être régularisés.
Dans cette perspective, tout ou presque peut servir.
-
Emploi : fiches de paie, certificats de travail, avis de licenciement,
lettres de mission, tout indice dune relation de travail présente,
passée ou à venir (même sil sagit
de travail non déclaré par lemployeur). Par
ailleurs, un ancien salarié (déclaré) qui aurait
perdu ses fiches de paie peut obtenir un « relevé de
carrière » auprès de la Caisse nationale dassurance
vieillesse (CNAV, 110, rue de Flandre, 75951 Paris Cedex 19
tél. 01 40 05 51 10) ;
-
Santé : ordonnances médicales (veillez à
ce que les médecins inscrivent dessus le nom, voire la date
de naissance et ladresse de lintéressé),
certificats médicaux (mêmes consignes), certificats
dhospitalisation, radiographies (elles sont datées
et portent le nom du patient), carnets de santé des enfants
(pièce utile pour les parents et pour les enfants), papiers
des dispensaires, vieilles cartes de sécurité sociale,
etc. [1] ;
-
Scolarité : certificats, bulletins scolaires (utiles
pour les enfants plus tard et pour les parents) ;
-
Factures : on ny pense pas toujours. A condition quelles
soient nominatives, les factures attestent de la présence
en France. Encore faut-il, pour les exploiter, penser à les
garder. Là-encore, le conservatisme a des charmes cachés ;
-
Documents bancaires : par exemple, des vieux relevés
de compte (ils sont nominatifs, datés et indiquent une adresse
en France) ;
-
Quittances diverses : de loyer, de téléphone,
délectricité ou de gaz (à condition quelles
aient été établies au nom de lintéressé) ;
-
Redevance audiovisuelle, déclarations de revenus, correspondance
avec le fisc, amendes et contraventions ;
-
Vieilles cartes didentité consulaires, traces de renouvellement
de passeport (en France) ;
-
Cartes ou coupons nominatifs de train ou de métro ;
-
Photos didentité ou photos tout court (si lintéressé
y est incontestablement reconnaissable et si les clichés
ont été datés et, éventuellement, localisés) ;
-
Vieilles enveloppes adressées à lintéressé,
avec tampon de la poste (même si cet indice na quune
valeur relativement peu probante et donc souvent discutée
par ladministration) ;
- Témoignages : ce nest pas ce qui se fait de mieux
en matière de preuve, mais faute de mieux... Avec le témoignage
écrit, on joindra la copie dun document didentité
du témoin. Les témoignages précis (datés)
de services sociaux et dassociations valent davantage que ceux
des particuliers (sauf notabilités).
Soyons « écrivains »
Rien de tel que lécrit pour enrichir les précieuses
archives dun étranger en situation régulière
et surtout irrégulière. A commencer par ses propres écrits
à ladministration. Combien de sans-papiers racontent leurs
nombreuses visites, leurs nombreuses conversations avec des fonctionnaires
aux guichets des préfectures dans lespoir dobtenir
un titre de séjour ? Combien se plaignent de réponses
négatives orales ou de non-réponses ? Il ny
a pas la moindre trace de ces démarches et, de ce fait, aucun
moyen den contester lissue.
Quelles que soient leurs demandes auprès de ladministration,
les étrangers ont intérêt à les formuler
par écrit à un moment ou à un autre. Sils
ont préféré commencer par une visite au guichet
dune préfecture et quils en sortent sans récépissé
de demande et/ou sans convocation en bonne et due forme, il leur faut
« acter » leur démarche à laide dune
lettre recommandée avec accusé de réception,
dont ils conserveront indéfiniment la copie (il peut être
utile de reporter sur cette lettre le numéro du recommandé
avec accusé de réception) qui confirme au
préfet que, tel jour à telle heure à tel endroit
auprès de tel fonctionnaire (si on obtient son nom, ce qui nest
pas courant), ils ont demandé telle ou telle chose en vertu de
tel ou tel texte (loi, circulaire, etc
) pour telle ou telle raison
(leur motivation personnelle), et que cette demande na apparemment
pas été enregistrée.
Evaluer le risque dune visite en préfecture
De façon générale, une demande de titre de séjour
suppose que son auteur se déplace physiquement en préfecture,
y explique ses raisons et y dépose les pièces qui prouvent
que sa requête est conforme à telle disposition de la loi
en vigueur. Les sans-papiers doivent mesurer les risques de ce déplacement :
sils ont déjà reçu un refus de séjour
et si le délai indiqué sur leur invitation à quitter
le territoire (IQF) est passé, on peut leur notifier sur place
un arrêté de reconduite à la frontière (APRF)
et les placer en rétention. Le risque est amplifié sils
ont reçu, y compris il y a longtemps, un APRF, ou si, à
loccasion dun jugement, ils ont été condamnés
à une interdiction du territoire.
Nexagérons pour autant pas ce risque : il existe
des préfectures où lon ninterpelle pas aux
guichets ; il en existe aussi où ça arrive
parfois. Par prudence, les sans-papiers doivent se faire accompagner
damis en situation régulière ou français.
Cette présence nempêchera éventuellement pas
linterpellation, mais on pourra au moins y réagir promptement,
reconstituer le dossier administratif en vitesse, se donner quelques
moyens despérer lannulation de lAPRF.
Prévoir et écrire
En conclusion pratique, retenir lutilité :
-
dactualiser en permanence un dossier relatif à la
situation personnelle et aux démarches administratives
effectuées ;
-
de confier un double de ce dossier à une personne de confiance
immédiatement mobilisable en cas de pépins ;
-
quand des démarches sont faites au guichet, de doubler les
visites dune lettre recommandée AR confirmative précise
qui rappellera ce qui sest passé en préfecture
(date, heure, n° de guichet, nature de la demande, pièces
produites, textes de droit invoqués à lappui
de sa demande, invitation au préfet à délivrer
un récépissé dexamen de cette demande
et/ou une convocation ; de garder indéfiniment des copies
de cette lettre (une dans la poche, tant quelle nest
pas trop ancienne et quelle na pas fait lobjet
dune réponse négative ; lautre à
la maison en archive ; une troisième dans le double
du dossier confié à des amis) ;
-
daller en préfecture accompagné ;
- de privilégier lécrit chaque fois que cest
possible.
Notes
[1]
En matière de santé, ladministration est tenue de
respecter la confidentialité. Plutôt quétaler
ses maladies à ses guichets, si lintéressé
ne le souhaite pas, mieux vaut demander au(x) médecin(s) détablir
un cerficat rappelant, avec dates précises, les différentes
consultations. Si lon est contraint de fournir des documents médicaux
confidentiels (étrangers demandant un titre de séjour
pour raisons médicales), on peut exiger et obtenir que ladministration
nen prenne pas elle-même connaissance, mais ladresse
sous pli confidentiel, à un médecin agréé.
Cette règle de la confidentialité sapplique au carnet
de santé des enfants, que les préfectures ne peuvent exiger.
Sil constitue une preuve indispensable de présence en France,
il ne peut être présenté que de plein gré.
Dernière mise à jour :
21-05-2001 23:04.
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