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Rapport « Immigration, emploi et chômage » du CERC Chapitre I
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Année |
Effectifs |
Part des étrangers (en %) |
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---|---|---|---|---|
femmes |
hommes |
femmes |
hommes |
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Population totale |
||||
1946 (1) |
742 152 |
1 001 467 |
3,5 |
5,3 |
1954 (1) (2) |
676 015 |
1 089 283 |
3,0 |
5,3 |
1962 (1) |
829 731 |
1 339 934 |
3,5 |
5,9 |
1968 |
1 028 880 |
1 592 208 |
4,0 |
6,6 |
1975 |
1 381 575 |
2 060 840 |
5,1 |
8,0 |
1982 |
1 594 632 |
2 119 568 |
5,7 |
8,0 |
1990 |
1 614 250 |
1 982 352 |
5,5 |
7,2 |
Population active |
||||
1946 (1) |
237 042 |
809 388 |
3,0 |
6,4 |
1954 (1) (2) |
151 633 |
797 850 |
2,3 |
6,5 |
1962 (1) |
165 611 |
927 079 |
2,5 |
7,4 |
1968 |
208 760 |
1 059 576 |
2,9 |
8,0 |
1975 |
298 310 |
1 286 030 |
3,7 |
9,4 |
1982 |
376 448 |
1 189 164 |
3,9 |
8,5 |
1990 |
492 381 |
1 127 808 |
4,5 |
7,9 |
(1) Les Français musulmans d'Algérie, bien que juridiquement français, sont comptés avec les étrangers.
(2) En 1954, toutes les personnes nées dans les possessions françaises d'Outre-Mer ont été recensées comme françaises.
Source : Insee, Recensements de la population
A partir de 1954, l'analyse des recensements successifs montre une progression rapide et régulière de la population étrangère en France. La première période va de 1954 à 1975 et correspond à une phase de croissance économique. Des pénuries de main-d'oeuvre nécessitent de faire appel à l'immigration dans des proportions importantes. Le recrutement de cette main-d'oeuvre par les employeurs s'est d'ailleurs largement opéré en dehors des procédures réglementaires (passage de la visite médicale à l'ONI) mais avec l'accord tacite des pouvoirs publics. L'évolution des taux de régularisations de l'ONI suffit à illustrer l'ampleur de ce phénomène : 28 % en 1956, autour de 50 % entre 1957 et 1962, 61 % en 1963, 69 % en 1954 et enfin 79 % en 1965 [Schor, 1996].
Encadré 1 - Critère de classement et catégories
d'analyse
Les notions d'étranger et d'immigré dans l'appareil statistique |
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Depuis la fin du dix-neuvième siècle, le système statistique enregistre les individus selon le critère de la nationalité. Privilégiant les variables d'état tributaires de l'état civil, les recensements établissent une partition entre Français et étrangers mais distinguent également les personnes devenues françaises de celles qui étaient françaises à la naissance. La notion d'étranger est définie en fonction d'un critère de nationalité et se fonde sur la situation juridique de la personne au regard du droit de la nationalité. Ainsi, plus ou moins facilement selon les législations, un étranger peut acquérir la nationalité française au cours de sa vie. L'appareil statistique les enregistre alors comme « Français par acquisition », par opposition aux « Français de naissance ». L'immigration est, quant à elle, une notion de flux : on parle de « courants migratoires ». Cependant, on peut définir une population vivant en France issue de l'immigration. Ainsi, depuis 1990, le Haut Conseil à l'Intégration (HCI) a préconisé l'utilisation, et à terme l'institutionnalisation, de la catégorie statistique d'« immigré » fondée sur le double critère de nationalité et de lieu de naissance : « est immigrée toute personne née étrangère, dans un pays étranger, qui vit en France. Cette population se compose pour la plus grande partie d'étrangers mais aussi de personnes qui ont acquis la nationalité française » [Insee, 1997, p. 12]. Insatisfaits de la seule catégorie statistique d'immigré, certains démographes ont proposé et construit la catégorie de « personne d'origine étrangère » : il s'agirait des personnes nées en France d'un parent ou d'un grand parent ayant immigré en France. Cette catégorie ne repose sur aucun critère juridique puisqu'elle recouvre essentiellement des personnes françaises que le système statistique enregistre comme des « Français de naissance ». Le critère retenu (un parent ou grand parent immigré) peut avoir un intérêt dans l'étude des histoires familiales, mais on peut se demander quel serait le fondement de sa généralisation comme catégorie statistique : « s'il est vrai qu'on ne peut éviter d'évoquer les origines géographiques, sociales et culturelles quand on veut décrire le fonctionnement du monde social tel qu'il est, nul besoin pour cela de graver dans le marbre de l'institution statistique une nomenclature des origines qu'il faudrait imposer dans toutes les études » [Héran, 1998]. L'utilisation de la catégorie statistique d'immigré peut s'avérer féconde dans une perspective longitudinale, si on tient compte de l'ancienneté du séjour en France. En effet, les immigrés, comme définis ci-dessus, sont arrivés en France plus ou moins récemment. Selon le temps passé sur le territoire, selon, en particulier, qu'ils auront ou non été éduqués ou formés en France, qu'ils auront acquis une expérience professionnelle plus ou moins importante, leurs caractéristiques « économiques » seront plus ou moins proches de celles des « Français de naissance ». Cependant, l'analyse économique du marché du travail en coupe instantanée s'intéresse a priori plutôt aux flux migratoires, comme apport de main d'oeuvre (généralement non qualifiée). Elle peut aussi distinguer la population active selon la nationalité dans la mesure où la main d'oeuvre étrangère est soumise à des conditions particulières, telles que les discriminations légales, qui les distinguent objectivement des nationaux. Enfin, une étude des discriminations ethniques ou raciales (naturellement illégales) sur le marché du travail met sans doute en jeu des facteurs plus complexes, de nature idéologique, puisque certains étrangers n'en sont guère victimes, alors que des Français nés en France de parents français peuvent l'être. |
[1] L'article R 341-4 du Code du travail précise que, concernant la délivrance d'une autorisation de travail, l'administration doit se référer à la situation de l'emploi dans la profession demandée par le travailleur étranger.
Dernière mise à jour :
13-11-2000 17:01.
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