COMMUNIQUÉ
Le
gouvernement s'apprête à supprimer
la protection maladie et l'accès aux soins pour les étrangers
sans-papiers
Le coup d'envoi à de profondes
remises en cause
de la sécurité sociale pour tous
13/10/2003 Dans sa présentation
du projet de loi de finances 2004 [1],
le Ministère des affaires sociales, de l'emploi et de la solidarité
propose une « réforme d'ensemble » de l'aide
médicale de l'Etat (AME) [2]
sous couvert d'efficacité, de maîtrise des coûts
et d'équilibre. Cette réforme va beaucoup plus loin que
les mesures proposées au début 2003, qui avait été
ajournées face à la forte opposition.
Bien que tous les détails ne soient pas encore connus, l'objectif
poursuivi est très clair : interdire l'accès à
la protection maladie, et donc aux soins, des étrangers sans-papiers.
Trois ensembles de mesures sont retenus à cette fin (voir les
détails ici) :
-
faire payer les pauvres à l'AME en introduisant un ticket
modérateur ou ticket d'exclusion des soins ;
-
verrouiller l'accès à l'AME en opposant des conditions
draconiennes à des populations précaires ;
-
réduire les prestations couvertes par l'AME à peau
de chagrin.
On peut en outre relever que l'adoption de nouvelles mesures législatives
n'est a priori pas nécessaire : décrets et circulaires
devraient suffire pour introduire ces restrictions. De quoi gagner
en rapidité et en discrétion
Ces mesures préfigurent la volonté de brader la sécurité
sociale de tous et de privatiser la santé.
Cette réduction drastique de la protection maladie pour une
population stigmatisée fait office d'expérience de laboratoire
et annonce les atteintes aux droits des autres pauvres bénéficiaires
de la couverture maladie universelle (CMU), voire ensuite pour l'ensemble
des assurés sociaux. Et plus la couverture maladie de service
public sera réduite, plus les assureurs privés se frotteront
les mains.
Ce que le gouvernement n'a pu mettre en uvre début 2003
(voir ici), il compte le faire aujourd'hui
et en pire. Une nouvelle mobilisation est donc plus que nécessaire
pour s'opposer à l'exclusion de l'accès aux soins des
pauvres et à la marchandisation de la santé, au mépris
du caractère fondamental et universel du droit à l'accès
aux soins.
Le GISTI exige :
-
l'abandon des politiques de santé renforçant l'exclusion
des populations précaires
-
la mise en place d'une protection maladie véritablement
universelle pour tous les résidents, y compris les sans-papiers,
en conformité avec les engagements internationaux de la France
-
dans l'attente, l'abandon immédiat des mesures visant
à exclure les sans-papiers de l'accès aux soins et
de l'aide médicale d'Etat
-
comme le gouvernement s'y était engagé formellement,
la consultation des associations avant toute décision concernant
la protection maladie des plus pauvres (AME et CMU).
Paris, le 13 octobre 2003
[1]
http://www.travail.gouv.fr/DPPLF2004.pdf
[2]
Rappel : l'AME est un dispositif réservé aux sans-papiers
démunis disposant de faibles ressources (plafond identique à
celui de la complémentaire CMU : 562 €/mois pour 1 personne)
Voir aussi :
Dernière mise à jour :
13-10-2003 17:55
.
Cette page : https://www.gisti.org/doc/actions/2003/ame/index.html
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