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COMMUNIQUÉ
L'accès
à la protection maladie
et aux soins des étrangers sans titre de séjour
Trois nouvelles attaques
du gouvernement contre l'accès
aux soins des sans-papiers
1. Faire payer les sans-papiers : le ticket modérateur,
ticket d'exclusion des soins
Fin 2002, dans le cadre d'une disposition de la loi de finances rectificative
relative à l'aide médicale de l'Etat (AME), le gouvernement
avait déjà cherché à faire payer leurs soins
aux pauvres, en introduisant un ticket modérateur à leur
charge, sous prétexte de les responsabiliser. Tous les professionnels
de la santé le savent, le ticket modérateur est un ticket
d'exclusion : il conduit les populations précaires n'ayant pas
les moyens d'accéder à une mutuelle ou une assurance complémentaire
à renoncer aux soins. Face à la très forte mobilisation
contre cette mesure [1], le gouvernement
avait reculé et s'était engagé en mars 2003 à
suspendre ce projet honteux. Dominique Versini, secrétaire d'Etat
à la lutte contre l'exclusion, précisait alors qu'« il
n'était pas question de supprimer l'accès aux soins aux
personnes démunies » et que le principe de la
gratuité des soins serait maintenu.
Dans le document de présentation du budget 2004, le gouvernement
revient sur sa parole puisqu'il propose l'« introduction
d'une participation financière des bénéficiaires
(ticket modérateur) conformément à la loi de finances
rectificative ». Il s'était également engagé
à consulter les associations avant toute décision : là
encore, le gouvernement ne tient pas sa parole.
2. Verrouiller l'accès à l'AME
En mars 2003, à la place d'un ticket modérateur, le gouvernement
avait proposé de limiter l'accès à l'AME en durcissant
les conditions et modalités d'ouverture des droits, sous le prétexte
de lutter contre les abus et les fraudes. Un projet de circulaire dévoilé
en mai 2003 proposait notamment : la remise en cause du caractère
déclaratif, pourtant indispensable pour des populations précaires
; une valorisation en ressources financières des aides en nature
fournies par des proches ou associations pour le calcul des ressources
ce qui permettrait de considérer la plupart des sans-papiers
comme trop riches pour pouvoir prétendre à l'AME ; la
suppression des possibilités d'ouverture des droits à
l'AME dans les hôpitaux et dans les permanences associatives d'accès
aux soins ; la suppression de l'admission immédiate à
l'AME même en cas d'urgence médicale ou sociale ; l'ouverture
de droits pour des périodes limitées ce qui viserait à
décourager les demandeurs en rendant fastidieuses les démarches
pour l'accès aux soins. En résumé, ce texte visait
à empêcher l'accès effectif aux soins des personnes
étrangères résidant en France sans titre de séjour.
Le gouvernement prévoit de ressortir ce texte qui avait été
mis provisoirement au tiroir à la suite des oppositions. Il habille
ce verrouillage des droits à l'AME derrière un « meilleur
contrôle de l'ouverture des droits », encore motivé
par la suspicion de la fraude généralisée.
Ce projet de durcissement de l'accès à l'AME, supposé
initialement venir à la place du projet de ticket modérateur,
va donc maintenant s'y ajouter ! Deux attaques pour le prix d'une !
et même trois puisque le gouvernement ajoute une autre mauvaise
nouvelle : une couverture très au rabais.
(3) Réduire la protection maladie de l'AME à peau de chagrin
Derrière une « limitation des remboursements aux
soins médicalement indispensables », le gouvernement
risque de réduire l'AME à peu de choses. Déjà
l'AME était, en comparaison de la CMU, une prise en charge légèrement
au rabais (optique, orthodontie, etc.), mais qui, pour les soins courants,
était équivalente à la couverture CMU, sans que
la gravité de la pathologie ou le degré de nécessité
médicale, voire sanitaire, ne soient jamais invoqués.
[extrait - rubrique « La réforme de l'aide
médicale de l'Etat (AME) », page 15]
L'aide médicale d'Etat finance les soins des étrangers
en situation irrégulière. Ce dispositif fera l'objet
d'une réforme d'ensemble afin de maîtriser son efficacité
tout en maîtrisant son coût.
La réforme de l'aide médicale de l'Etat (AME)
L'aide médicale d'Etat finance les frais médicaux
des étrangers en situation irrégulière depuis
1999. Son coût a cru très rapidement: 100 M€
environ en 2000, plus de 600 M€ prévus pour 2003.
Cette montée en charge s'explique par la hausse du nombre
d'étrangers en situation irrégulière, mais
aussi par une insuffisance de contrôle de l'accès
au dispositif
Sur certains points, au contraire, l'AME est inutilement restrictive.
c'est ainsi qu'elle limite l'accès à la médecine
de ville, contribuant à l'engorgement des urgences.
Dans ces conditions, le gouvernement conduira une réforme
d'ensemble de l'AME :
-
meilleur contrôle de l'ouverture des droits.
-
introduction d'une participation financière des
bénéficiaires [« ticket modérateur »],
conformément à la loi de finances rectificative
de fin 2003 ;
-
limitation des remboursements aux soins médicalement
indispensables dans des conditions à
définir.
Cependant, le gouvernement est décidé à
mettre en uvre cette réforme selon des modalités
permettant de préserver le principe essentiel de l'accès
aux soins de tous.
Le ticket modérateur sera plafonné afin de conserver
à l'AME son caractère humanitaire. Surtout, comme
pour tous les assurés. les personnes atteintes de pathologies
lourdes seront intégralement prises en charge.
De plus, afin de permettre un suivi médical simplifié
et adapté, tous les bénéficiaires auront
désormais accès à la médecine de ville.
Ce réaménagement permettra de soulager les services
d'urgence des hôpitaux pour leur permettre de se concentrer
sur leurs fonctions essentielles.
Il s'agit donc d'une réforme équilibrée
visant à responsabiliser les bénéficiaires
tout en garantissant leur accès au système de soins.
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Paris, le 13 octobre 2003
[1] Voir « la
santé est en danger - réforme de l'AME et de la CMU :
compilations des réactions et argumentaire du Gisti en vue de
la saisine du Conseil constitutionnel », février
2003.
Voir aussi :
Dernière mise à jour :
13-10-2003 17:55
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Cette page : https://www.gisti.org/doc/actions/2003/ame/attaques.html
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