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84 |
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Objet : avec des étrangers, cette nuit, devant votre préfecture. Monsieur le Préfet Au cas où vous ne seriez pas au courant des contraintes imposées aux étrangers demandeurs d'asile (à d'autres catégories aussi) dans votre préfecture, notamment en termes d'attente nocturne pour rien, je vous adresse ce témoignage, puisque j'étais moi-même, tout à l'heure, dans la queue. J'en profite pour vous poser la question que l'une des personnes que j'ai suivies s'est posée. Rose-Michèle Hyacinthe, que le Gisti aide, doit-elle revenir ce soir à minuit, ou devra-t-elle camper devant votre préfecture pour réussir un jour à engager des démarches en vue de demander le statut de réfugiée ? Je vous prie de recevoir l'expression de mes salutations distinguées. JPA Pièce jointe : bref compte-rendu de la nuit. |
Merci de nous avertir de toute mauvaise réception
par téléphone.
Elle a quitté son domicile d'Aubervilliers vers 3 heures du matin dans la nuit du 25 au 26 décembre 2000, avec son bébé dans les bras, protégé du froid et de l'humidité par une couverture brune. Pense-t-elle à Noël, qui vient juste de s'achever, quand elle prend la route de la préfecture de Bobigny pour s'y déclarer demandeuse d'asile ? Son bébé s'appelle Ralphadia. La fillette est née le 3 décembre. Le père accompagne la petite famille. Il porte les papiers utiles dans une chemise cartonnée.
Rose-Michèle Hyacinthe, sa fillette Ralphadia et Dillon Maignan arrivent sur l'esplanade piétonnière de la préfecture un peu avant 4 heures du matin. Une vingtaine de futurs demandeurs d'asile font déjà la queue. Il fait froid. Le sol est humide de la pluie de la veille. Tous piétinent sur place dans l'espoir de réchauffer leurs pieds qui se glacent de minute en minute. L'attente est pénible. Ralphadia, qui souffre de coliques, geint de temps à autre avant de se rendormir dans les bras de sa mère sous la couverture qui la recouvre entièrement.
A 9 heures, ils sont une quarantaine dans la queue des demandeurs d'asile. Rose-Michèle Hyacinthe, Ralphadia et Dillon Maignan sont vingtièmes. Comme les autres, ils arrondissent leurs épaules, tirent sans cesse sur leur col, passent d'un pied à l'autre pour combattre le froid. Quand la porte vitrée de la préfecture s'ouvre et que des tickets commencent à être distribués en vue de l'accès aux guichets et aux fonctionnaires, Rose-Michèle Hyacinthe et Dillon Maignan pensent qu'ils vont être récompensés de leur patience. L'espoir ne dure guère. Le ticket n° 14 sera le dernier attribué de la journée. C'est sans raison et sans explication. « Vous n'avez qu'à revenir demain ». Dillon Maignan dit : « A minuit, ce soir ? Ou faut-il rester là jusqu'à demain matin ? » Rose-Michèle ne dit rien. D'autres, de la file maintenant dispersée, ont des pensées plus politiques où revient souvent le mot « chien ».
Une nuit administrative d'étrangers d'une grand banalité, sans doute.
Jean-Pierre Alaux (Gisti)
(26 décembre 2000)
Dernière mise à jour :
17-01-2001 11:50.
Cette page : https://www.gisti.org/
doc/actions/2001/hyacinthe/chiens.html