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« Des étrangers sans droits dans une France bananière »
Rapport de mission en Guyane et à Saint-Martin

SUR L'ÎLE DE SAINT-MARTIN

« Joute oratoire »
avec le sous-préfet à l'église

CHÉRUBIN CÉLESTE

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Chérubin Céleste est prêtre en Guadeloupe. Connu depuis des années comme un défenseur des Haïtiens et des étrangers, il est un peu considéré comme l'aumônier des immigrés. Peu après le cyclone, il s'est rendu à Saint-Martin. Il y a condamné la politique des « retours volontaires » et la destruction des maisons. Un dimanche, à l'église de Marigot où il concélébrait la messe, le sous-préfet, qui assistait à l'office, a demandé et obtenu l'autorisation du père Charles, curé de la ville, de répliquer au sermon de Chérubin Céleste.

  « J'ai rencontré le père Charles, qui est le curé de Saint-Lucien à Marigot. Il défend les Saint-Martinois en justifiant sa position par le fait qu'il a vécu vingt ans en métropole et qu'il est naturalisé français. Je lui ai répondu : Tu as bien de la chance. Je connais des Haïtiens qui sont en Guadeloupe depuis vingt ans et n'ont même pas de titre de séjour.

» Je suis donc allé à la messe à Marigot et l'on m'a demandé de parler. C'était après le cyclone Luis. J'ai dit, rappelant la phrase de Saint Paul, qu'il fallait prier pour les autorités afin que nous puissions vivre dans la paix. Puis j'ai cité Isaï : "Dieu n'est pas d'accord pour qu'on écrase le pauvre". Le père Charles a repris mon propos, mais en invitant l'assemblée à prier pour les autorités. Sans expliquer pourquoi.

J'ai alors été obligé de reprendre les textes et de rajouter que je voyais comment on écrasait les pauvres tout près des Saint Martinois. Puis je suis parti.

» A la fin de la messe, le sous-préfet a été invité par le père Charles à monter en chaire pour tenter de rassurer les Saint-Martinois sur leur situation et sur leur pratique ».

Les Haïtiens vivent dans la peur
en Guadeloupe

« Lorsque un étranger reçoit un arrêté de reconduite à la frontière, il se cache de sorte que la clandestinité est toujours préférée au droit. Il est nécessaire de mettre en place une véritable permanence juridique à Pointe-à-Pître.

» Les Haïtiens vivent dans la peur en Guadeloupe. Ils sont isolés. Ils restent chez eux car ils sont sans cesse contrôlés. La loi elle-même leur a nui car, avant les lois Pasqua, ils payaient une caution pour rentrer dans leur pays. Cette caution était une condition de leur accueil en Guadeloupe. Lorsque la législation est venue exiger un contrat de travail, ils ne le savaient pas et n'ont pu se faire régulariser. La loi les a ainsi brutalement irrégularisés ».

(Interrogé sur cet « événement » par nos soins, Antoine Pichon, sous-préfet, se souvient qu'il a, en effet, pris la parole à l'église. Selon lui, il aurait simplement invoqué Marc-Aurèle pour rappeler publiquement à Chérubin Céleste les vertus de la discrétion et de la modestie).

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Dernière mise à jour : 8-01-2001 18:46.
Cette page : https://www.gisti.org/ doc/publications/1996/bananier/saint-martin/celeste.html


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