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Les allocations familiales
et l'Algérie coloniale
A l'origine du FAS et de son financement
par les régimes de prestations familiales
Antoine Math
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Une version abrégée de cet article a été
publiée dans la Revue de la CNAF Recherches et Prévisions
n° 53 de septembre 1998.
Le financement du fonds d'action social des travailleurs
immigrés et de leur famille (FAS) est essentiellement assuré
par des contributions de la CNAF, ce qui fait régulièrement
l'objet de débats et de contestations.
Pour tenter de comprendre les tenants et les aboutissants de ces
débats et pour apporter un éclairage complémentaire,
cet article revient à l'Histoire en retraçant les origines
du financement du FAS par les organismes chargés de verser les
prestations familiales. En remontant aux débuts du FAS, créé
en 1958, mais également à ce qui avait pu préfigurer
cet organisme, les raisons de ce financement deviennent plus claires.
Ce financement vient d'un choix politique, peu reconnu et souvent oublié
aujourd'hui, consistant à justifier la contradiction choquante
entre la logique salariale et contributive originelle des allocations
familiales qui étaient en principe versées à tout
travailleur chargé de famille, et les mesures discriminatoires
envers les Français musulmans d'Algérie lors de la période
de l'Algérie coloniale, mesures aboutissant à les exclure
du droit commun aux prestations familiales.
Le fonds d'action social des travailleurs immigrés et de leur
famille (FAS) est l'un des principaux instruments de la politique en
direction des populations immigrées. Selon l'article L. 762-1
du code de la Sécurité sociale, il « met
en oeuvre une action sociale et familiale s'adressant à l'ensemble
de la population immigrée résidant en France »
(encadré 1) et il est « financé notamment
par les contributions des organismes, services et administrations assurant
le versement des prestations familiales ». De fait, il
est aujourd'hui presque exclusivement alimenté par les régimes
chargés de verser les prestations familiales. La légitimité
de ce financement est depuis longtemps contestée et débattue
de façon récurrente. En effet, quel rapport peut-il bien
y avoir entre ces régimes de Sécurité sociale et
un organisme dont l'objet est de concourir à la politique dite
d'« intégration » ? Il est tentant
de conclure, à l'instar de nombreux partenaires sociaux, que
cette contribution au FAS constitue une « charge indue »
pour la branche famille de la Sécurité sociale, et qu'il
devrait revenir à l'Etat de financer sa politique.
Une telle analyse est sans doute trop rapide. Elle fait peu de cas
de l'Histoire seule à même de comprendre le fondement de
ce financement du FAS par les régimes de prestations familiales.
L'objet de cet article est justement de revenir aux origines du FAS
liées d'une part à l'origine contributive des prestations
familiales et d'autre part aux allocations familiales versées
aux Français musulmans d'Algérie (FMA) jusqu'à
l'indépendance.
En France, les allocations familiales s'inscrivent historiquement
dans une logique salariale [1].
Cette logique s'est progressivement effacée et elle est de nos
jours largement occultée dans les analyses sur la politique familiale.
A l'origine, avaient droit aux allocations familiales les salariés
qui contribuaient au financement via des cotisations. Les mouvements
ouvriers, notamment la CGT, ne se sont ralliés au principe des
allocations familiales qu'après la loi de 1932 qui consacrait
l'abandon des caisses professionnelles au profit de plus larges caisses
à compétence territoriale. Ils se rallièrent à
cette évolution car elle conduisait à supprimer le caractère
de libéralité patronale aux allocations familiales, à
socialiser une partie de la rémunération et donc à
la déconnecter des aléas du salaire direct, la péréquation
entre employeurs via les allocations familiales rendant plus difficile
voire impossible de rapporter le salaire individuel à une contrepartie
individuelle de travail. Dans un tel cadre, les cotisations sociales
peuvent être qualifiées de « salaire différé »,
ou encore de « salaire socialisé », en
ce sens qu'elles sont transformées en allocations familiales
pour les salariés chargés de famille. Ces cotisations
faisaient partie intégrante de la rémunération
du travailleur et, dans cette logique, les allocations familiales constituaient
un « salaire indirect » à côté
du salaire direct et ne devaient rien à une quelconque charité
patronale. Elles constituaient un droit, un dû en contrepartie
des cotisations versées et, en ce sens, les prestations étaient
contributives. Le caractère contributif des allocations familiales
était d'ailleurs très marqué à l'origine
puisqu'elles se voyaient réservées aux seuls salariés
et une journée d'absence valait une journée d'allocations
familiales en moins. Des dérogations étendront vite l'attribution
des allocations familiales à d'autres cas dans les années
trente et quarante, notamment en les maintenant aux salariés
devenus malades, invalides, pensionnés ou chômeurs [2].
Les prestations garderont toutefois bien un caractère contributif.
Il faudra attendre 1978 pour que toute référence dans
les textes à une condition d'activité pour l'octroi des
prestations familiales soit supprimée, et, au moins jusqu'à
cette date, les prestations familiales peuvent être considérées
comme un dû pour tout travailleur, en contrepartie de sa contribution
au financement.
Ce principe contributif souffrait toutefois d'exceptions et ceci,
dès la loi du 11 mars 1932 étendant les allocations familiales
à l'ensemble des ouvriers et employés de l'industrie,
du commerce, des professions libérales et de l'agriculture :
en était exclu le travailleur provenant des colonies, ou même
seulement le musulman, lorsqu'après 1946 il venait de l'un des
trois départements français d'Algérie. Soumis au
régime commun quand il s'agissait de respecter ses devoirs et
de verser des cotisations sociales, il se voyait par contre refuser
le droit aux prestations familiales pour sa famille demeurant hors de
métropole.
Cette discrimination à l'égard des Algériens
trouve ses origines dans le statut de l'indigénat qui distinguait
jusqu'en 1946 les nationaux citoyens et les nationaux sujets. Ces derniers
se voyaient dépourvus de droits politiques. L'indigène
musulman restait un citoyen mineur et n'avait pas le droit de vote [3]. Dans l'entre deux guerres, les principaux mouvements algériens
demandaient l'égalité des droits politiques dans le cadre
français. C'est notamment au nom des principes de 1789 que l'association
des oulémas demandait l'égalité de droits et de
devoirs entre musulmans et Français [4]. Le mouvement Jeune Algérien, incarné par Ferhat
Abbas, réclamait jusqu'en 1936, l'égalité des droits
dans le cadre de la souveraineté française [5].
En fait, le régime d'exception ne se cantonnait pas aux droits
politiques et concernait tous les domaines de la vie [6]. La revendication d'égalité porta très
tôt également sur les droits sociaux et sur les allocations
familiales. Un des leaders algériens, l'émir Khaled demanda
en 1924, entre autres revendications, « l'application
aux indigènes des lois sociales et ouvrières [en vigueur
pour les seuls nationaux citoyens] » et les
partisans de l'assimilation et de l'égalité des droits,
regroupés, dans la « fédération des
élus musulmans », demandèrent en décembre
1937 « l'égalité dans les allocations familiales » [7].
L'ordonnance du 7 mars 1944 posa les principes de l'intégration
des Français musulmans d'Algérie (FMA) dans le droit commun,
notamment en proclamant l'égalité des droits et des devoirs
sans condition de statut personnel ainsi que l'abrogation de toutes
les mesures d'exception [8]. Mais
l'intégration pure et simple de l'Algérie dans la République
française fut écartée dès la préparation
de la constitution de 1946. Si la loi du 20 septembre 1947 portant statut
organique de l'Algérie a conforté la qualité de
citoyen aux musulmans d'Algérie, elle a maintenu de très
nombreuses discriminations, à commencer par les droits politiques [9].
L'administration tira, certes, les conséquences des changements
pour reconnaître aux Français musulmans d'Algérie
(FMA) un droit de libre circulation, mais maintint des régimes
d'exception dans de nombreux autres domaines, notamment en matière
d'action sociale [10]. C'est dans ce cadre que la montée
des tensions en Algérie et en métropole a aboutit dès
le début des années 1950 à une emprise croissante
du Ministère de l'Intérieur, au détriment notamment
du ministère des affaires sociales, y compris dans les domaines
relevant de l'action sociale [11].
En 1956 fut instauré un maillage politique (mais aussi répressif)
en métropole qui eut pour conséquence un renforcement
par le ministère de l'Intérieur du contrôle social
sur les FMA de métropole et aboutit le 1er avril à la
création d'un « service des affaires musulmanes et
de l'Action sociale », qui remplissait le rôle de service
social de l'Intérieur tout en coordonnant « toutes
les questions d'ordre social concernant les FMA de métropole » [12]. « Alors qu'elle aurait
pu devenir le nerf moteur de la pacification, l'action sociale s'est
vue minée par une action policière qui l'avait subvertie
et s'en servait comme d'un paravent »[13].
Dès l'élaboration de la Sécurité sociale
au lendemain de la Seconde guerre, la direction générale
de la Sécurité sociale (DGSS) s'était opposée
au principe d'intégration des FMA dans le droit commun proclamé
par l'ordonnance du 7 mars 1944 en refusant d'harmoniser les taux des
prestations familiales et en évoquant curieusement le principe
de territorialité sous-jacent au droit à la Sécurité
sociale (le régime français de Sécurité
sociale ignorait par conséquent le critère de la nationalité).
Pierre Laroque estimait même que les Algériens devaient
s'estimer heureux de percevoir des prestations réduites quand
il écrivait en 1949 : « On ne saurait considérer
que [cette] différence profite aux caisses française.
Au contraire, la législation des allocations familiales essentiellement
territoriale s'applique, en règle générale, aux
seuls enfants résidant sur le territoire métropolitain.
Donc, les caisses métropolitaines ne devraient pas verser de
prestations pour les enfants hors de la métropole. Les dispositions
de l'article 25 de la loi du 22 août 1946 constituent donc une
exception au profit des travailleurs algériens » [14].
Cette décision ne fit pas l'unanimité et fut contesté
par des contrôleurs sociaux de la main d'oeuvre nord africaine
(CSMONA), par le Conseil de l'Union française et par la Commission
nationale consultative pour l'étude des questions nord-africaines.
Mais Pierre Laroque (et ses successeurs) restèrent impassibles.
Le CSMONA Sab Belkacem fut même rappelé à l'ordre
en 1949 car, lors d'une commission départementale pour l'étude
des problèmes nord-africains, il avait osé évoquer
les « bénéfices » réalisés
par les caisses métropolitaines et n'avait pas craint d'affirmer
« l'avenir de l'Algérie se joue ici dans la métropole ».
La position de Laroque s'avérait surtout contradictoire avec
la conception du principe de territorialité en matière
de Sécurité sociale. Non seulement les trois départements
algériens étaient français « à
part entière » depuis 1946, et donc faisait partie
du « territoire » français, mais étaient
par ailleurs écartés les seuls musulmans. A notre connaissance,
il s'agit d'un cas exceptionnel dans l'histoire de l'après-guerre
de discriminations basées sur une catégorie « ethnico-culturelle ».
Cette position semble trouver ses origines dans les préoccupations
natalistes qui désiraient pouvoir séparer le bon grain
de l'ivraie. Le Haut Comité consultatif de la Population et de
la Famille, dont Pierre Laroque fut un membre actif, a joué un
rôle important. Fernand Bovérat, un de ses membres, y expliquait
en 1952 « Des prestations familiales de l'ordre de grandeur
de celles qui existent dès à présent en France
provoqueraient, si elles étaient attribuées à la
population algérienne, une augmentation considérable de
la natalité, en même temps qu'elles inciteraient beaucoup
de chefs de famille à travailler le moins possible ». [15]
Le même Bovérat avait pris soin de réclamer, pour
la présentation du bilan démographique de la France et
de l'Algérie, deux documents distincts [16].
Le second, publié avec du retard et portant sur la situation
algérienne, se gardait de reprendre les propositions très
natalistes que le premier claironnait. [17]
L'exclusion du bénéfice des prestations familiales des
Français musulmans vivant en métropole et dont la famille
résidait dans l'un des trois départements français
d'Algérie était contraire au principe contributif sur
lequel reposait ces prestations et qui, rappelons-le, faisait de ces
dernières un droit voire un dû pour tout travailleur chargé
de famille. Cette exclusion pouvait apparaître injustifiée
et choquante dans un contexte où les partenaires sociaux français,
à commencer par les représentants des salariés,
ne manquaient jamais de réaffirmer le caractère de droit
contributif des prestations familiales, considérées comme
un « salaire différé ». Aussi, pour
tenter de justifier cette situation, il a été décidé
de consacrer à des réalisations sociales une partie du
produit de la différence existant entre, d'une part, le montant
des prestations familiales calculées au taux moyen métropolitain
par famille, et d'autre part, le montant des prestations versées
en Algérie au taux algérien.
Cette « solution » avait été insufflée
par la très nataliste Alliance Nationale contre la Dépopulation,
dont Bovérat faisait également partie, dans un voeu formé
en 1949 et transmis à Pierre Laroque. Ce voeu préconisait
de verser chaque année la somme correspondant à la différence
sur un compte spécial du Fonds d'Action sanitaire et sociale
qui l'utiliserait pour des réalisations sociales au profit des
familles de FMA de métropole et d'Algérie.
La Caisse Nationale de Sécurité sociale (CNSS) disposa
ainsi à partir de 1952 de crédits spéciaux mis
à sa disposition dans le cadre de son « Fonds d'action
sanitaire et sociale » (FASS) en vue de « l'amélioration
de l'habitat des Nord-Africains en métropole », ce
qui signifiait essentiellement pourvoir aux besoins de logement des
travailleurs recrutés pour les besoins de l'industrie française.
Avec les CAF, la CNSS avait ainsi acquis en 1958 une solide expérience
dans le domaine du logement pour les travailleurs musulmans isolés
d'origine algérienne. Dans ce cadre, 2,85 milliards de francs
furent dégagés de 1952 à 1958 permettant la création
de plus de 6000 lits dans 42 centres.
Ces actions en faveur du logement financées par le Fonds d'Action
sanitaire et social préfigurèrent celles du futur Fonds
d'Action sociale pour les travailleurs musulmans d'Algérie en
métropole et leurs familles (FAS).
En moins de six mois après l'arrivée de De Gaulle, les
administrations connaîtront une refonte qui pèsera durablement
sur l'avenir de la politique française de l'immigration [18]. Au sein d'un « Office administratif de l'Algérie »,
qui sera ultérieurement rattaché au FAS, une réflexion
s'est engagée sur la nécessité de coordonner l'action
sociale en faveur des FMA de métropole. Un décret du 1er
septembre 1958 crée un « Comité interministériel
d'action sociale pour les FMA de métropole » ainsi
qu'un « délégué à l'action sociale
pour les FMA en métropole ». Alors que pour la première
fois, les FMA se voyaient reconnaître en 1958 la plénitude
des droits politiques, on décida pourtant de continuer à
verser des prestations familiales d'un montant inférieur. Cette
perpétuation des discriminations visait à ne pas exporter
les prestations familiales. Considéré comme citoyen Français
et résident à part entière quand il s'agissait
de remplir ses obligations (impôt, cotisations, etc.), le travailleur
algérien ne l'était plus vraiment dès qu'il s'agissait
d'avoir les mêmes droits que les « métropolitains
de souche ». Cette situation est d'ailleurs à l'origine
des prestations versées aujourd'hui pour les travailleurs ressortissants
de la quinzaine de pays, dont l'Algérie, ayant passé une
convention bilatérale avec la France et dont la famille est restée
au pays (voir annexe).
Lire
la suite
Notes
[1] Bernard Friot (1998),
« Puissances du salariat. Emploi et protection sociale à
la française ». La Dispute. Les réflexions
exposées dans ce paragraphe doivent beaucoup à ce livre.
[2] Le maintien des allocations
familiales a été progressivement étendu de 1932
à 1942 à d'autres situations : chronologiquement aux salariés
ayant une incapacité, ceux au chômage, en cas de maladie
ou de maternité, aux pensionnés, aux invalides, aux veuves
d'allocataires. En 1938, les allocations seront aussi étendues
aux indépendants agricoles, en 1939 à « toutes
les familles rurales françaises » et en 1946 à
ceux qui sont « dans l'incapacité d'exercer un travail ».
Selon Bernard Friot, cet élargissement des allocations à
toutes ces catégories d'une certain manière à étendre
le salariat à ces populations. Cf. Friot (1998), op. cit., pp.150-153.
[3] B. Stora (1994),
« Histoire de l'Algérie coloniale. 1830-1954 »,
La Découverte, pp. 81-84.
[4] B. Stora (1994),
op. cit., p74.
[5] B. Stora (1994),
op. cit., p75.
[6] Par exemples, le
conscrit musulman accomplissait 24 mois de service contre 10 mois pour
les Européens et, quand il était gradé, sa solde
était inférieure. Fonctionnaire, il ne percevait pas le
quart de ce que recevaient les autres fonctionnaires en Algérie.
etc. B. Stora (1994), op. cit., p. 82.
[7] Cité dans
Kamel Kateb (1997), « Les politiques françaises d'assimilation
en Algérie », Population
et Politique n°1.
[8] Guy Pervillé
(1997), « La politique algérienne de la France (1830
- 1962) » in Juger en Algérie 1944-1962, Le
Genre Humain, Seuil.
[9] Le sujet musulman
est remplacé par le citoyen « français musulman »
avec son propre collège électoral. Le musulman « français
à part entière », et l'extension du suffrage
universel à l'Algérie, n'apparaîtra que pour une
courte période en 1958.
[10] Ces élements
historiques, ainsi que les nombreux autres suivants, sont directement
empruntés à Vincent Viet (1997), « Le cheminement
des structures administratives et la politique française de l'immigration
(1914-1986) », CNRS et Institut d'Histoire du Temps Présent,
rapport de recherche pour la DPM, le FAS et la MIRE.
[11] Viet, op. cit,
pp.178-179.
[12] Op. cit. p182.
[13] Op.cit. p185.
[14] Cité par
Viet (1997), op.cit. p.196.
[15] Op. cit. p197.
[16] Sous l'égide
de Alliance Nationale contre la Dépopulation, ce même Bovérat
avait publié en 1932 « La race blanche en danger de
mort » (rappelé par H. Le Bras, Le démon des
origines - démographie et extrême droite, éditions
de l'Aube, 1998, p.25).
[17] On retrouve encore
aujourd'hui dans les territoires d'Outre-mer, les mêmes préoccupations
relatives à la démographie, parfois teintées de
préjugés racistes. Dans son étude sur « Le
système polynésien de Sécurité sociale »
(Centre de Droit Social de la Faculté de droit d'Aix-Marseille,
Presses Universitaires d'Aix-Marseille, 1996, 250 pages), Solange Drollet
souligne que « [l']infériorité [des prestations
familiales en Polynésie par rapport au système français]
résulte essentiellement de considérations démographiques.
En effet, la population polynésienne est en très forte
progression, le nombre des naissances y est cinq fois supérieur
à celui des décès et les jeunes de moins de 18
ans y sont majoritaires. Les instances publiques ont souhaité
mettre en place une politique de contrôle des naissances, mais
l'influence traditionnelle des églises [....] s'y oppose. Aussi,
les autorités responsables se sont-elles orientées vers
des actions antinatalistes moins officielles et ont-elles choisi de
ne pas développer les prestations familiales dont le rôle
d'incitation aux naissances est connu. » (page 109).
« [Les] modalités d'attribution, bien que les allocations
soient modestes, présentent l'inconvénient d'avantager
les familles nombreuses. Aussi, les responsables [...] ont-ils proposé
de les réformer, soit en limitant le nombre d'enfants bénéficiaires
par famille, soit en instituant des allocations dégressives soit
encore en substituant totalement ou partiellement des prestations en
nature aux prestations en espèces. Ces différents projets
ont des préoccupations démographiques. Mais le caractère
impopulaire de ces mesures [et la régression depuis 1994 du nombre
des naissances ont] fait reculer tous les gouvernements »
(page 115).
[18] L'ensemble de
ces éléments et les suivants sont repris de Viet, op.
cit, p188 et suivantes.
Dernière mise à jour :
16-11-2000 16:26.
Cette page : https://www.gisti.org/
doc/presse/1998/math/allocations.html
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