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Les allocations familiales
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Les actions du FAS |
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Le FAS concourt à « favoriser l'insertion sociale et professionnelle des travailleurs et de leurs familles par la mise en oeuvre d'une action sociale familiale et des programmes sociaux ». |
Ses grands domaines d'intervention sont le logement (foyers ou cités), la formation (formation professionnelle, alphabétisation, préformation-retour, etc.), l'action sociale et familiale et l'action éducative. Il ne mène pas directement d'actions mais reverse ses fonds à des organismes publics ou parapublics (HLM, Sonacotra, Éducation) ou privés (associations). |
Dans les faits, il subventionne également un certain nombre de projets visant, non seulement les populations étrangères, mais aussi des populations françaises, par exemple en matière d'insertion sociale et professionnelle dans des quartiers à forte proportion d'immigrés ou encore en matière de logement. Ainsi, un quart des personnes hébergées par les foyers Sonacotra sont françaises. La cour des comptes notait d'ailleurs en 1993 que les « actions [du FAS] touchent de plus en plus fréquemment un public beaucoup plus large que les populations d'origine immigrée ». |
Rappelons également que depuis 1966, les domaines d'interventions du FASTIF ont été étendus à d'autres groupes sociaux, composés de citoyens français et posant des problèmes d'adaptation considérés comme comparables à ceux des travailleurs étrangers, tels que les populations nomades et les Français musulmans rapatriés d'Algérie. |
En vertu du principe de territorialité de la sécurité sociale, toute personne résidant en France, qu'elle soit française ou étrangère, bénéficie des prestations familiales pour les enfants qu'elle a à sa charge en France.
Lorsqu'un ressortissant étranger résidant en France a laissé sa famille dans son pays d'origine, le versement de prestations est possible dans des cas particuliers et sous des conditions restrictives, pour les seuls ressortissants de l'Espace économique européen (I) et pour ceux d'une quinzaine de pays, dont l'Algérie, ayant passé une convention bilatérale avec la France (II).
Dans le cas des ressortissants communautaires, la France a longtemps refusé d'exporter ses prestations pour les familles restées au pays. Suite à sa condamnation dans un arrêt de la Cour de justice des communautés européennes pour infraction au droit communautaire (arrêt Pinna), elle a du se résoudre en 1990 à exporter une partie de ses prestations familiales vers les pays ressortissants de la Communauté économique européenne en parvenant toutefois à y déroger pour certaines prestations [32]. Des règles particulières sous forme d'allocations différentielles sont prévues pour limiter les éventuels cumuls de prestations dans plusieurs pays et seuls sont concernés les travailleurs exerçant en France une activité professionnelle, salariée ou non, ou bénéficiant de prestations de chômage du régime français. Ce changement de législation n'a pas provoqué les grands remous que certains craignaient alors : le nombre de bénéficiaires est resté stable, aux alentours de 3000. Cette ouverture du droit des prestations familiales n'a donc pas entraîn l'appel d'air que certains prévoyaient. Les dépenses, une quarantaine de millions de francs en 1996, représentent moins de 0,03 % des prestations versées par les caisses d'allocations familiales et tendent même plutôt à diminuer. Les fantasmes sur l'invasion ou le tourisme social que ne manquerait pas de provoquer la possibilité de percevoir les prestations françaises ont, une fois de plus, été invalidés par les faits.
Cette présentation serait incomplète si l'on ne rappelait pas que les citoyens français travaillant dans un pays de l'espace économique européen bénéficient également, pour leur famille restée en France, des prestations de nos partenaires.
Ainsi, si environ 3000 ressortissants de la CEE (pour un peu moins de 7000 enfants) bénéficient en 1993 des prestations familiales françaises pour leur famille restée au pays, on dénombre par contre 3700 familles françaises (7200 enfants) résidant en France et bénéficiant des prestations en provenance de la seule Belgique. Seules quelques 600 familles belges (1400 enfants) restées en Belgique bénéficient des prestations françaises. La comparaison est encore plus parlante avec le Luxembourg. Moins de 10 familles luxembourgeoises perçoivent des prestations françaises, quand plus de 8500 familles françaises (14000 enfants) perçoivent des prestations luxembourgeoises en 1995. Les prestations belges et luxembourgeoises s'avèrent par ailleurs supérieures en moyenne aux prestations françaises versées. Il en va de même aux les Pays-Bas où un travailleur français aux Pays-Bas percevait en 1994 environ 15000 francs (4285 florins) en moyenne par enfant resté en France, soit près du double de ce que reçoit en moyenne un travailleur néerlandais travaillant en France pour ses enfants demeurés aux Pays-Bas.
Au total, les dépenses des seuls organismes belges pour les familles françaises sont en 1993 près de 6 fois supérieures aux dépenses des organismes français pour des familles belges et dépassent même l'ensemble des dépenses des organismes français pour les familles de ressortissants de l'ensemble des pays de la CEE (quelque 70 millions de francs en 1993). Le Luxembourg « exporte » vers la France environ 170 millions de francs de prestations familiales en 1995 (plus de 1 milliard de francs luxembourgeois). La France « exporte » en retour entre 0,1 et 0,2 millions de francs vers le Luxembourg...
Contrairement aux idées reçues, aux peurs et aux fantasmes colportés ici ou là, la réciprocité en matière d'exportation des prestations, et plus généralement l'égalité des droits, profite largement à la France et à ses ressortissants. On oublie trop souvent qu'accorder la parité aux ressortissants étrangers revient aussi souvent à étendre les droits des 1,7 millions de Français résidant à l'étranger, dont la moitié se trouvent dans l'Union Européenne.
Une quinzaine de pays, dont l'Algérie, sont liés à la France par une convention de sécurité sociale prévoyant que la CAF puisse verser des prestations dans le pays d'origine. Pour ces pays ayant passé convention avec la France, il ne s'agit toutefois pas d'exporter les prestations familiales françaises mais des versements d'un montant fixé par convention.
Pour en bénéficier, les conditions sont très restrictives : le travailleur doit notamment justifier d'une activité professionnelle, exclusivement salariée et d'une durée minimale (ou représentant un niveau minimal de rémunération). En sont donc exclus tous les travailleurs indépendants (entrepreneurs, artisans, commerçants), les retraités, les invalides, les chômeurs, ceux ayant un emploi précaire ou à temps partiel, ceux percevant le RMI ou en longue maladie.
On peut distinguer deux principaux systèmes de versement :
La CAF ne verse rien à la famille mais verse un transfert aux organismes de ces pays. Ce transfert est limité à 4 enfants par famille (3 enfants pour les ressortissants du Gabon). La famille doit normalement recevoir les prestations familiales locales versées par la caisse du pays d'origine. La différence entre ce qui est versé à la famille par la caisse locale et ce que cette caisse reçoit de la CAF devrait, en principe, être affectée à l'action sociale de ce pays.
Le nombre de familles concernées par ces conventions bilatérales est d'environ 60 000 fin 1996 [33], alors qu'il était de 284 000 fin 1978. Les montants versés dans le cadre de ces conventions bilatérales ont été divisés par 15 depuis 1975 pour atteindre environ 100 millions de francs en 1996.
Plusieurs motifs ont joué de manière conjointe pour expliquer cette forte baisse :
la condition d'activité a été durcie par les autorités françaises à la fin de 1985 ce qui a provoqué une forte diminution du nombre des bénéficiaires en excluant les résidents travailleurs indépendants (commerçants, artisans), retraités, pré-retraités, ayant un emploi précaire, au chômage ou en longue maladie. En un an, les dépenses ont chuté de 35 % au niveau national.
le nombre de familles bénéficiaires a également diminué en raison du ralentissement de l'immigration, des départs, de la baisse du nombre d'étrangers en France et du regroupement en France des familles.
on ne peut écarter non plus le cas des personnes ne faisant plus valoir leur droit pour des raisons liées aux difficultés à fournir régulièrement tous les documents (état de famille, fiches de salaire, etc.) ou parce que cela n'en vaut pas toujours la chandelle. Par exemple, s'il s'astreint à fournir tous les justificatifs nécessaires, un travailleur salarié congolais donne droit à 15 francs par enfant et par mois, sachant que cet avantage est limité à quatre enfants et n'est pas directement versé à la famille mais à un organisme de son pays. Il est aisé de comprendre que ce travailleur s'épargne parfois les démarches d'une demande auprès de la CAF.
Sources : CNAF, Centre de Sécurité sociale des travailleurs migrants, Office national d'allocations familiales pour travailleurs Salariés (Belgique), Caisse nationale des prestations familiales (Luxembourg), Sociale Verzekeringsbank (Pays-Bas).
[19] Voir la thèse de Marc Bernardot, « Une politique de logement : la Sonacotra (1956-1992) », octobre 1997, Université de Paris I - Panthéon-Sorbonne, pp. 29-65.
[20] Article 1er de l'ordonnance n°58-1381 du 29 décembre 1958 (JO du 1er janvier 1959).
[21] A la création du FAS, il était prévu que les recettes proviennent presqu'exclusivement des organismes chargés des prestations familiales, comme le précise le décret d'application de cette ordonnance (n°59-559, JO du 24 avril 1959) : « Les recettes du fonds comprennent : 1) Le montant des majoration dont sont débiteurs les organismes métropolitains [chargés de verser les prestations familiales] ; 2) Les avances de ces organismes [...] ; 3) Le montant des majorations d'allocations familiales versées par les organismes métropolitains pour le financement de la prestation d'action sociale instituée en vertu de la réglementation algérienne des allocations familiales ; 4) Les recettes diverses ».
« Le principe de cette contribution [des régimes français de prestations familiales] était en partie fondé sur la disparité existant, quant à leur nature et à leur montant, entre les prestations familiales servies aux familles des travailleurs algériens résidant en France et les prestations servies aux familles restées en Algérie et dont le chef travaillait en France », Joseph Revol, « Le Fonds d'action sociale pour les travailleurs migrants », Revue Française des Affaires sociales n°1, janvier-mars 1968, p. 9.
« La participation des régimes de prestations familiales est fondée sur la différence qui existe entre les prestations familiales que perçoivent les familles de travailleurs étrangers restées dans leur pays et celles qu'elles percevraient si elles résidaient en France », Ramond Maurice, « Le Fonds d'Action Sociale », Droit Social n°5, mai 1976.
[23] Inspection Générale des Affaires Sociales, « Rapport sur le Fonds d'action sociale pour les travailleurs migrants », janvier 1982, pp.36-7.
[24] Rapport de la Cour des comptes, 1993.
[25] Michel Massenet, « Dix ans de FAS. Le Fonds d'Action sociale de 1959 à 1969 », Hommes et Migrations n°787, 1er mai 1970.
[26] Direction de la Population et des Migrations, « Le Fonds d'action sociale pour les travailleurs migrants », Migrations Informations n°22, janvier 1979.
[27] Ordonnance n°58-1381 du 29 décembre 1958 (article 1er).
[28] Code SS art. L. 767-2. Il s'agit de la répartition entre la CNAF et la Mutualité sociale agricole (MSA) pour la contribution au FAS. En pratique, la CNAF participe à hauteur de 95 %, la MSA pour les 5 % restant.
[29] Lettre du président de la CNAF du 16 novembre 1993 (conseil d'administration de la CNAF du 11 janvier 1994).
[30] Lettre de la ministre au président de la CNAF du 9 décembre 1994 (conseil d'administration de la CNAF du 11 janvier 1994).
[31] Conseil d'administration du 11 janvier 1994.
[32] Seuls sont exportables les prestations suivantes : les allocations familiales, le complément familial, l'allocation pour jeune enfant pour la seule partie au delà des trois mois de l'enfant, l'allocation d'éducation spéciale, l'allocation de soutien familial, l'allocation de rentrée scolaire et l'allocation de parent isolé.
[33] 50 000 environ pour le régime général et 10 000 environ pour le régime des salariés agricoles.
Dernière mise à jour :
16-11-2000 16:25.
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