Plein Droit
n° 51, novembre 2001
« Entre ailleurs et ici,
quels droits pour les femmes
et les enfants étrangers ? »
Étapes d'une répression
Encadré
Voir l'article « À
la rue
sous prétexte de polygamie »
La « loi Pasqua » de 1993 introduit deux dispositions
contre les polygames et leurs familles dans l'ordonnance du 2 novembre
1945 :
« Article 15bis : « La carte
de résident [dix ans] ne peut être délivrée
à un ressortissant étranger qui vit en état de
polygamie ni aux conjoints d'un tel ressortissant. Une carte de résident
délivrée en méconnaissance de ces dispositions
doit être retirée ».
« Article 30 : « Lorsqu'un étranger
polygame réside sur le territoire français avec un premier
conjoint, le bénéfice du regroupement familial ne peut
être accordé à un autre conjoint. Sauf si cet
autre conjoint est décédé ou déchu de
ses droits parentaux, ses enfants ne bénéficient pas
non plus du regroupement familial.
» Le titre de séjour sollicité ou obtenu
par un autre conjoint est, selon le cas, refusé ou retiré.
Le titre de séjour du ressortissant étranger polygame
qui a fait venir auprès de lui plus d'un conjoint, ou des enfants
autres que ceux du premier conjoint ou d'un autre conjoint décédé
ou déchu de ses droits parentaux, lui est retiré ».
Par un « arrêt Gisti » du 18 juin 1997,
le Conseil d'État a admis que l'administration pouvait refuser
de renouveler les cartes de résident (dix ans) des étrangers
vivant en état de polygamie ou de ses conjoints, quelle que soit
la date de délivrance du titre. Autrement dit, même si
la carte a été délivrée du temps où
la polygamie n'était pas encore un « péché
mortel ».
La « loi Chevènement » de 1998 conserve
les deux dispositions de Charles Pasqua. Elle exclut, en outre, les
étrangers qui vivent « en état de polygamie »
de la délivrance d'une carte de séjour temporaire (1 an)
dans cinq situations qui y donnent droit :
-
« art. 12 bis 3 : résidence
habituelle (non régulière) depuis au moins dix ans
(quinze pour les étudiants) ;
-
« art. 12 bis 4 : mariage
avec un(e) Français(e) ;
-
« art.12 bis 5 : conjoint d'un
étranger titulaire de la carte de séjour « scientifique » ;
-
« art. 12 bis 6 : père
et mère d'un enfant français ;
-
« art. 12 bis 7 : situation
faisant que « les liens personnels et familiaux en
France sont tels que le refus d'autoriser [le] séjour
porterait [au] droit au respect de [la] vie privée
et familiale une atteinte disproportionnée ».
Circulaire du 25 avril 2000 du ministère de l'intérieur
sur le « renouvellement des cartes de résident obtenues
par des ressortissants étrangers polygames avant l'entrée
en vigueur de la loi du 24 août 1993 » : elle
prévoit que, sauf divorce, rapatriement au pays d'origine de
toutes les co-épouses moins une ou « décohabitation »,
la descente vers la situation de sans-papiers passe par l'étape
transitoire de la carte temporaire.
Seule exception, la première conjointe, c'est-à-dire
celle qui a bénéficié en premier lieu de la procédure
de regroupement familial. Elle conserve sa carte de résidente.
Circulaire du 10 juin 2001 du ministère de l'emploi
et de la solidarité « relative au logement des femmes
décohabitant de ménages polygames et engagées dans
un processus d'autonomie ».
Dernière mise à jour :
16-11-2001 23:04
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Cette page : https://www.gisti.org/
doc/plein-droit/51/etapes.html
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