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Bilan 1998 Suivi des réformes législativesL'année 1998 a été caractérisée par la discussion puis l'adoption des projets de loi Chevènement et Guigou. Le Gisti a ainsi été amené à prendre position sur ces projets et à en fournir, conformément à sa mission, une analyse critique. Le Gisti a également été auditionné par la Commission Chanet sur les interdictions du territoire français.
Prises de position sur les réformes Chevènement et GuigouIl convient de rappeler que dès la mise en place de la mission confiée à Patrick Weil, à l'été 1997, le Gisti, avec cinq de ses partenaires (Act Up-Paris, Cedetim, Droits devant !!, Fasti, Syndicat de la magistrature), avait formulé ses propositions et ses critiques de fond en rédigeant et diffusant une « Lettre ouverte à Lionel Jospin ». Ce texte plaidait en faveur d'une réflexion et d'un débat national organisés dans la perspective d'une refonte de la politique relative à l'entrée et au séjour des étrangers qui serait fondée sur l'ouverture des frontières et sur le respect de la liberté de circulation. Le gouvernement a ignoré cette invitation et préféré aménager la « loi Pasqua » en libéralisant certaines de ses dispositions, notamment en insérant dans l'ordonnance de 1945 un dispositif contrôlé de régularisation permanente (l'article 12 bis).Face à une démarche décidément bien « classique » et peu inventive, le Gisti a tenté de montrer l'inadaptation de l'orientation choisie au regard de la réalité. Dès le début de 1998, sa revue Plein Droit a consacré un volumineux numéro, intitulé avec malice « La République bornée », à une critique du projet de loi. A l'occasion de la seconde lecture du texte au Parlement, en mars, alors que les médias s'y intéressait infiniment moins, le ministre de l'intérieur a voulu introduire dans sa propre loi deux dispositions nouvelles : l'une pénalisant les étudiants, qui ne pourront accéder à la délivrance de plein droit d'une carte de séjour temporaire qu'après quinze ans de séjour en France, au lieu de dix ; l'autre subordonnant l'exemption de poursuites judiciaires pour aide au séjour irrégulier des associations à la condition de figurer sur une liste fixée par arrêté du ministre de l'intérieur. Le Gisti s'est fortement engagé dans la condamnation de ces deux dispositions, qui a donné lieu à la publication d'un communiqué intitulé « Après le délit d'hospitalité (Debré), le délit de solidarité (Chevènement) », qui a reçu la signature de 49 organisations associatives et syndicales. Il a également soumis au Conseil constitutionnel un mémoire contestant la constitutionnalité de ces dispositions (v. ci-après). Par ailleurs, le Gisti a répondu positivement à l'initiative de quelques députés issus des rangs des Verts et du PCF qui ont constitué un « Comité parlementaire de suivi de la loi Chevènement » dans le but d'en répertorier et d'en dénoncer les conséquences négatives, puis de proposer ultérieurement une réglementation alternative. Le Gisti n'a pas souhaité adhéré à cette structure originale qui relève de la responsabilité de parlementaires. En revanche, il a accepté de l'informer de façon à la faire profiter de son expérience et de ses idées.
Action juridique et information sur les réformesDeux brochures [1] ont été respectivement consacrées à la réforme du droit de la nationalité et à la loi du 11 mai relative à l'entrée et au séjour des étrangers en France et au droit d'asile. Le Gisti a également procédé à la mise à jour du Guide de l'entrée et du séjour des étrangers en France, rendue nécessaire par les modifications de l'ordonnance du 2 novembre 1945 résultant des lois « Debré » et « Chevènement ». Le Gisti s'est enfin efforcé de faciliter l'utilisation des dispositions positives de la « loi Chevènement » par les sans-papiers, leurs « marraines », « parrains » et autres soutiens en publiant, en août, une Note pratique grand public intitulée Qui peut être régularisé par la loi Chevènement ? (v. infra, « Publications »).Le Gisti a par ailleurs soumis au Conseil constitutionnel, saisi de la loi « Chevènement », un argumentaire tendant à démontrer l'inconstitutionnalité de plusieurs de ses dispositions, et notamment de son article 13 concernant la responsabilité pénale des personnes morales pour aide au séjour irrégulier. Suite à un amendement proposé par le ministre de l'intérieur, la rédaction de l'article 21 ter qui prévoit cette responsabilité était devenue la suivante : « Ces dispositions ne sont pas applicables aux associations à but non lucratif à vocation humanitaire, dont la liste est fixée par arrêté du ministre de l'intérieur, et aux fondations, lorsqu'elles apportent, conformément à leur objet, aide et assistance à un étranger séjournant irrégulièrement en France ». Cette disposition nous semblait porter atteinte à la fois à la liberté d'association, à la séparation des pouvoirs, à l'égalité devant la loi pénale et à l'obligation, posée par le Conseil constitutionnel lui-même, de définir les infractions pénales en termes suffisamment clairs et précis pour exclure l'arbitraire. Le Conseil constitutionnel, dans sa décision du 5 mai 1998, a invalidé cette disposition. Le Gisti a également contesté l'interprétation donnée de plusieurs dispositions de la loi par la circulaire d'application du 12 mai 1998, qu'il a donc déférée au Conseil d'État. Parmi les passages les plus contestables figure l'interprétation particulièrement restrictive de l'article 12 bis 7° : or il s'agit d'un des articles « phares » de la nouvelle législation, qui incorpore au droit interne les obligations issues de l'article 8 de la Convention européenne des droits de l'homme en prévoyant la délivrance de plein droit d'une carte de séjour temporaire aux étrangers qui ont des liens familiaux ou personnels en France. Ainsi, la circulaire exclut toute prise en compte autonome de la vie privée, qu'elle ramène systématiquement à la notion de vie familiale, excluant de ce fait la délivrance d'un titre de séjour à tout étranger qui n'aurait pas en France d'attaches familiales. La notion même de vie familiale est ramenée aux seules relations conjugales ou parentales, le concubinage n'étant de surcroît pris en compte que si des enfants sont issus de cette relation ce qui restreint considérablement le champ d'application des nouvelles dispositions et en exclut totalement et sans raison les concubins de même sexe.
La commission Chanet sur les interdictions du territoire françaisA la suite de la grève de la faim de Lyon menée par des étrangers frappés par la « double peine », le ministère de la Justice a mis en place une « commission sur les peines d'interdiction du territoire », présidée par Christine Chanet. Au mois de juillet, la Commission a demandé au Gisti de faire parvenir ses observations sur cette question. Par la suite, le Gisti, en la personne de l'un de ses vice-présidents, a été auditionné par la Commission.[1] - Il s'agit de La nationalité française après la loi du 16 mars 1998 et de Entrée, séjour et éloignement des étrangers après la loi Chevènement.
Dernière mise à jour :
8-06-2000 20:45. |