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Derniers coups bas du gouvernement
Après le délit d'hospitalité
(Debré)
le délit de solidarité (Chevènement)
Communiqué
Une fois terminée la discussion véritablement publique de
son projet de loi relatif à l'entrée et au séjour
des étrangers, le gouvernement a profité de la deuxième
lecture de son texte, le 26 février devant l'Assemblée
nationale, pour faire adopter un certain nombre d'amendements qui, globalement,
le durcissent et, à la faveur de l'indifférence quasi générale,
pour aggraver en catimini le caractère répressif de sa future
loi (vous pouvez consulter le compte-rendu des débats des 1ère
et 2ème
séances du 26 février 98 fichiers PDF).
L'article 12 bis de la loi
- celui qui prévoit d'attribuer des titres de séjour
aux étrangers intégrés - rassemble une bonne
part de ces reculs. Les étudiants se voient, par exemple, soudain
pénalisés. Initialement traités comme tout étranger,
ils devront justifier de quinze ans de séjour habituel - au
lieu de dix pour les autres. Quant aux jeunes nés en France,
il leur faudra désormais prouver une « scolarité
d'au moins cinq ans dans un établissement scolaire français,
à la condition qu'ils fassent la demande [de régularisation]
entre l'âge de seize et vingt et un ans ».
Afin de neutraliser le mouvement des sans-papiers, victimes d'une
régularisation calculée pour écarter la majorité
d'entre eux, le gouvernement peaufine aussi un « délit
de solidarité » en modifiant l'article 21 de la
loi, initialement présenté comme un instrument de répression
des seules filières à but lucratif. Cette manoeuvre s'apparente
à celle que, en son temps, M. Debré avait imaginée
pour créer le « délit d'hospitalité »
en changeant les règles de délivrance des certificats
d'hébergement. L'actuel ministre de l'intérieur vient,
en effet, de décider que les seules organisations que la justice
ne pourra pas poursuivre quand elles aident des étrangers en
situation irrégulière sont les « associations
à but non lucratif à vocation humanitaire, dont la liste
est fixée par arrêté du ministre de l'intérieur,
et [les] fondations », et à condition
que cette intervention soit conforme à leur objet. Ce qui laisse
entendre que toute aide, y compris le conseil juridique, tombe sous
le coup de la loi.
De plus, les citoyens solidaires, à l'exception des plus proches
parents, et les regroupements de personnes, notamment les collectifs
de sans-papiers, seront passibles du nouveau « délit
de citoyenneté et de solidarité ». Quant aux
organisations, elles devront explicitement prévoir cette aide
dans leurs statuts, ce qui exclut les syndicats et toutes les organisations
dont ce n'est pas l'objectif principal. Enfin, nec plus ultra,
le ministre de l'intérieur s'arroge le pouvoir de désigner
les organisations qui lui conviennent. Inquiétante conception
de la démocratie et de la République, si chère
à M. Chevènement, qui viole ainsi le principe constitutionnel
de la séparation des pouvoirs.
Derrière cette atteinte à la liberté d'association
se cache surtout un nouveau signe d'hostilité à l'encontre
des étrangers. C'est pourquoi les organisations signataires continuent
à demander que tous ceux qui aident les étrangers de façon
désintéressée ne puissent faire l'objet de poursuites.
Elles s'opposent au projet d'arrêté, dont elles demandent
l'abandon. Elles annoncent leur détermination à continuer
à aider les étrangers et à faire ainsi leur devoir
quelles que soient les menaces et les sanctions.
Paris, le 12 mars 1998
Premiers signataires :
Accueil et Promotion, Act Up-Paris, Action citoyenne (Colombes 92),
Action pour l'insertion sociale par le logement (ALPIL, Lyon), ARCAT-SIDA,
Association d'accueil aux médecins et personnels de santé
réfugiés en France (AMPSRF), Association biterroise contre
le racisme (ABCR), Association française des juristes démocrates
(AFJD), Association internationale de défense des artistes (AIDA),
Association des travailleurs marocains en France (ATMF), Association
des travailleurs de Turquie (ATT), Association des Tunisiens en France
(ATF), Centre d'études et d'initiatives de solidarité
internationale (CEDETIM), CFDT Cheminots, CGT, Collectif antiraciste
de l'Hay-les-Roses et Fresnes (94), CIMADE (Nîmes), Collectif
de défense des droits et libertés (Besançon 25),
Collectif égalité du Loiret, Comité catholique
contre la faim et pour le développement (CCFD), Comité
de défense des sans-papiers Aubervilliers-La Courneuve, Comité
médical d'aide aux exilés (COMEDE), Confédération
syndicale des familles (CSF), Conseil français des associations
d'immigrés de Turquie (CFAIT), Conseil national des associations
familiales laïques (CNAFAL), Coordination de lutte des sans-papiers
du 93, Coordination nationale des sans-papiers, la Défense libre
(Lyon), Droit au logement (DAL), Droits Devant !!, EMMAÜS-France,
Fédération des associations de solidarité avec
les immigrés (FASTI), Fédération des Tunisiens
pour une citoyenneté des deux rives (FTCR), Femmes de la Terre,
FSU, Fondation France Libertés, Groupe d'information et de soutien
des immigrés (GISTI), Ligue des droits de l'homme (LDH), Mouvement
contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP),
Maison du monde (évry), Portugais de France actifs et solidaires,
Service national de la Pastorale des migrants, Solidarité enfants
sida (Sol en Si), SOS Racisme, SUD Aérien, SUD Finances, SUD-PTT,
Syndicat de la magistrature (SM), Troisième Collectif des sans-papiers
(Paris)
Dernière mise à jour :
8-07-2000 19:45.
Cette page : https://www.gisti.org/
doc/actions/1998/delit.html
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