COMMUNIQUÉ
Projets de loi sur les étrangers
et sur l'asile : vieilles ficelles
et innovations dangereuses
30/04/2003 A peine lancé
son programme d'intégration des immigrés, le gouvernement
soumet au vote du parlement deux projets de loi qui en démentent
l'intention et les objectifs.
La réforme d'ensemble du dispositif d'asile et d'immigration
annoncée, censée « restaurer une approche
sereine » de la question, est en réalité
une machine de guerre conjuguant vieilles ficelles et dangereuses innovations.
Vieille ficelle, le retour du certificat d'hébergement façon
loi Debré-1997, dont le changement de nom en « attestation
d'accueil » cache mal l'objectif de rétablir le délit
d'hospitalité.
Vieille ficelle, l'autorisation préalable de nouveau imposée
pour les mariages des étrangers, alors que la France l'avait
supprimée en 1981 pour mettre sa loi en conformité avec
la Convention européenne des droits de l'homme.
Vieille ficelle aussi, l'invocation obsessionnelle de la fraude dont
Charles Pasqua en 1993 s'était proclamé grand pourfendeur,
par la multiplication des mesures de lutte contre les détournements
en tous genres dont on voudrait nous faire croire que la France est
menacée : franchissement des frontières sous couvert de
faux documents et faux visas, demandes d'asile manifestement infondées,
mariages blancs, et maintenant paternité de complaisance
Mais la réforme envisagée ne se contente pas de rabâcher.
On l'a dit, elle innove, en puisant aux pires sources, celles de « l'harmonisation
par le bas » qui constitue le cadre de la future législation
européenne de l'immigration et de l'asile.
C'est ainsi que les notions de « pays sûrs »
et d'« asile interne », introduites dans le projet
de loi sur l'asile, vont permettre à la France de s'exonérer
à bon compte de son devoir de protection envers les persécutés,
en privant un grand nombre de demandeurs d'asile de la possibilité
d'accéder à son sol. Dans le même temps, l'Union
européenne se prépare à installer à ses
frontières des camps d'internement pour étrangers indésirables.
C'est ainsi encore que, dans l'esprit de la directive européenne
relative au regroupement familial, est remis en cause le droit au séjour
durable jusqu'ici reconnu aux étrangers admis dans ce cadre.
Là où ils bénéficiaient d'une carte de 10
ans, les membres de la famille d'un étranger installé
en France ne recevront désormais qu'une carte temporaire. Et
comme tous les titulaires de ce titre précaire, ils ne seront
jamais certains de sortir de la période probatoire qui leur sera
imposée.
Car loin de répondre à l'objectif affiché, le
« contrat d'intégration » qui constitue
la mesure phare des annonces gouvernementales est bien là pour
jouer un rôle d'épée de Damoclès. En subordonnant,
comme le prévoit son projet de loi sur l'immigration, la pérennisation
du droit au séjour à une condition d'intégration,
le gouvernement prend en réalité le risque de déstabiliser
les « publics les plus vulnérables »
qu'il prétend protéger.
Dans ce contexte, les quelques avancées proposées sur
le plan de la double peine, bien insuffisantes au regard des revendications
portées depuis des années par les associations, font figure
de leurre.
Pour le Gisti, cet ensemble de mesures constitue la remise en cause
la plus fondamentale du statut des étrangers en France depuis
qu'en 1984 le législateur a institué le titre unique de
séjour et de travail. Il dénonce les projets désintégrateurs
du gouvernement Raffarin, et demandera aux parlementaires de les rejeter.
Le 30 avril 2003
L'analyse complète du projet de loi sur l'immigration est disponible
ici
Dernière mise à jour :
30-04-2003 15:31
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Cette page : https://www.gisti.org/
doc/actions/2003/sarkozy/ficelles.html
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