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COMMUNIQUÉ
Les étrangers et leurs défenseurs
sont criminalisés pendant que le Conseil constitutionnel
viole les principes d'un État de droit !
L'ASTI d'Orléans gravement
menacée
pour délit de solidarité
11/12/2003 L'emballement
du processus législatif en matière pénale, les
amalgames récurrents entre étrangers et délinquants,
l'anesthésie des institutions censées garantir l'État
de droit et la volonté de paralyser ceux qui cherchent à
le défendre produisent des effets parfaitement détestables
sur la situation des étrangers et des associations d'aide aux
étrangers en France. L'ASTI d'Orléans (Associatiosn de
Solidarité avec les Travailleurs Immigrés) vient d'en
fournir, à ses dépens, une malheureuse illustration !
Soit, d'une part, un Conseil Local de Sécurité et de
Prévention de la Délinquance, machin incertain destiné
à mettre en uvre un partenariat au niveau local sur le
thème de la sécurité. Soit, d'autre part, l'ASTI,
association militante exemplaire qui interpelle les pouvoirs publics
dans le but d'améliorer les conditions de vie des étrangers
et de faire avancer le débat public sur les dysfonctionnements
des procédures, qui domicilie des étrangers afin qu'ils
puissent déposer une demande d'asile. Le maire d'Orléans
estime que l'association, en agissant conformément à sa
raison d'être et aussi accessoirement en application de la Convention
de Genève, provoque un appel d'air attirant tout ce que le monde
contient d'exilés sur les pavés d'Orléans. Rien
que pour cette insolence l'ASTI devrait fermer ses portes, et, pour
l'y aider en tant que représentant de l'Etat de droit, le maire
a décidé de mettre en uvre tous les moyens possibles
pour que les vivres de l'association lui soient coupées, y compris
l'intervention du Conseil Local de Sécurité et de la justice
pénale.
Comme, depuis la loi sur la sécurité quotidienne, la
misère humaine est un délit, il est désormais bien
connu qu'un demandeur d'asile n'est pas qu'un être humain victime
d'une extrême précarité, mais également un
délinquant. Parce que lorsqu'on est demandeur d'asile, et qu'on
n'a pas les moyens de payer son ticket de transport, on devient un délinquant
de la libre circulation. Parce que lorsqu'on est demandeur d'asile,
et qu'on n'a pas les moyens de payer ses repas, on devient un délinquant
de la faim. Parce que lorsqu'on est demandeur d'asile, et qu'on n'a
pas les moyens de payer un hôtel, on devient un délinquant
du sommeil. Du coup, sont des délinquants de la solidarité
les associations qui viennent en aide aux étrangers et qui seules
acceptent de les domicilier afin notamment de palier le non respect
de l'obligation légale de domiciliation qui incombe pourtant
au centre communal d'action sociale (CCAS) à Orléans comme
ailleurs. Puisque l'État français décide de ne
plus assumer ses obligations internationales et constitutionnelles,
dont le respect a évidemment un coût, puisque les communes
ne respectent pas non plus leurs obligations légales, ce sont
les étrangers et les associations qui les défendent qui
vont en être de leurs deniers et liberté en monnaies pénales
trébuchantes et sonnantes.
Mais ne nous y trompons pas ! Cela n'ira pas non plus sans coûter
à l'Etat de droit et à chacun d'entre nous. D'ailleurs,
l'Etat de droit et ses garde-fous hibernent en France à un moment
où il faudrait au contraire être extrêmement vigilant
face à une politique et une législation qui n'ont parfois
rien à envier aux pires cauchemars d'un après 21 avril.
A cet égard, la décision rendue par le Conseil constitutionnel,
qui donne son imprimatur au dépeçage du droit d'asile
mis en place par le Ministre de l'Intérieur à partir du
1er janvier 2004, montre bien l'anesthésie d'une instance censée
rappeler au législateur quelques principes essentiels qui font
de la France un État de droit. Certes, le Conseil a une utilité
théorique indéniable, dont la portée pratique est
malheureusement à l'heure actuelle inexistante tant en droit
des étrangers qu'en droit pénal. Mais le mode hautement
politique de nomination de ses membres, l'absence de saisine citoyenne
et le refus d'exercer un contrôle sur les lois en vigueur y sont
certainement pour beaucoup.
Reste que ce Conseil constitutionnel ne trouve rien à redire
à des lois profondément contraires aux principes de la
République. Si les étrangers et leurs défenseurs
sont accusés de méconnaître la loi, nous accusons
le Conseil constitutionnel, le Parlement et le Gouvernement de violer
les principes d'un État de droit.
Paris, le 11 décembre 2003
Voir aussi :
Dernière mise à jour :
12-12-2003 11:15
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Cette page : https://www.gisti.org/doc/actions/2003/delinquants/index.html
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