Note pratique « Sans-papiers
mais pas sans droits »
2ème édition, mars 2002
L'assurance maladie désigne un service public qui est généralement
appelé « la sécurité sociale »
dans le langage commun, c'est-à-dire l'affiliation à un
régime obligatoire d'assurance pour les risques maladie, maternité,
invalidité, décès, accident du travail et maladie
professionnelle (voir fiche« Assurance
accident du travail »).
Cette assurance permet de prendre financièrement en charge les
frais de santé (prestations en nature, telles que remboursement
de médicaments, de frais d'hospitalisation, etc.), et pour les
salariés et assimilés d'assurer un revenu de remplacement
en cas d'arrêt de travail (indemnités journalières).
Les sans-papiers sont en principe exclus de l'assurance maladie comme
assurés ou comme ayants droit (personnes à charge de l'assuré :
conjoint de l'assuré, concubin, enfants...).
En effet, l'ensemble des prestations de sécurité sociale
exige (sauf exceptions, voir infra) que l'étranger
réside « régulièrement » en
France.
Pourtant, il convient de :
Pour les salariés et assimilés, la régularité
du séjour est attestée par une liste de titres de séjour
définie aux articles D 115-1 du Code de la Sécurité
Sociale (CSS) pour les assurés (sauf Union Européenne)
et D 161-15 CSS pour les ayants droit.
Il s'agit de titres de séjour de plus de 3 mois avec autorisation
de travail ou de récépissés de renouvellement (voir
infra pour en savoir plus).
À défaut de titre de séjour, les étrangers
titulaires d'un récépissé de demande de titre de
séjour, d'une convocation ou d'un rendez-vous en préfecture,
sont considérés comme remplissant la condition de séjour
régulier pour être affiliés au titre de la Couverture
Maladie Universelle (circulaire du ministère de l'emploi et de
la solidarité du 3 mai 2000).
Attention : un délai de présence en France de 3 mois
ininterrompus est exigé, sauf pour les demandeurs d'asile conventionnel
et territorial.
Un certain nombre d'étrangers sans papiers ont droit, malgré
l'irrégularité de leur séjour, à être
assurés pour le risque maladie.
Les étrangers qui perdent leur droit au séjour en France
(déboutés du droit d'asile...) et qui se maintiennent
sur le territoire français, bénéficient d'un maintien
de leur droit à l'assurance maladie pour une durée de
4 ans (pour les soins seulement). Ce cas de figure n'est bien entendu
possible que si l'étranger a fait ouvrir ses droits au moment
où il était en séjour régulier.
Voir« Le maintien
des droits à l'assurance maladie »,
Gisti, avril 2001, disponible au Gisti.
Attention : ce maintien des droits ne concerne que l'affiliation
au régime obligatoire de sécurité sociale et ne
vise pas la complémentaire gratuite CMU. Celle-ci est, en effet,
attribuée par période de 1 an : l'étranger
qui perd son droit au séjour ne bénéficie du maintien
des droits à la complémentaire que jusqu'à la fin
de l'année en cours. À l'issue de cette période,
l'étranger peut demander l'Aide Médicale État (voir
fiche« Aide médicale
État »)
pour la part complémentaire.
Les enfants d'un assuré social ne sont pas soumis à l'obligation
de produire un titre de séjour : l'entrée en France
dans le cadre du regroupement familial n'est pas nécessaire pour
bénéficier de l'assurance maladie et le certificat médical
délivré par l'OMI ne peut pas être exigé.
Il n'y a pas non plus de condition de lien juridique entre l'enfant
et l'assuré : l'enfant peut être légitime,
naturel, adoptif, ou recueilli, même sans transfert de l'autorité
parentale.
Les mineurs isolés ont droit à la couverture maladie
universelle (CMU de base et complémentaire) à condition
d'être pris en charge par l'aide sociale à l'enfance (ASE
voir fiche« Aide sociale
à l'enfance ») :
les articles 7 et 20 de la loi du 27 juillet 1999 relative
à la CMU prévoient expressément leur cas (« les
mineurs en rupture familiale »).
Depuis décembre 2001, les mineurs étrangers dont
les parents sont en situation irrégulière peuvent être
affiliés au régime général en vertu de l'article L 380-5
du CSS. Il peuvent donc bénéficier de la CMU.
Adresse utile :
La plupart des CPAM ont un service chargé de gérer
le couverture maladie des jeunes mineurs pris en charge par l'ASE. Pour
Paris : Centre 024 175, rue de Bercy, 75012 PARIS
01 40 19 53 11.
Les ayants droit (conjoint, concubin, enfant...) d'un assuré
social ressortissant d'un État membre de la Communauté
européenne sont dispensés de l'obligation de séjour
régulier, depuis le décret du 7 juillet 2000 qui
a abrogé les articles D 161-16 et 17 du CSS.
Ainsi, l'épouse togolaise d'un assuré belge, vivant en
France, peut prétendre à une prise en charge par la sécurité
sociale française même si elle n'a pas de titre de séjour.
Les sans-papiers incarcérés sont couverts par l'assurance
maladie dans des conditions très restrictives :
-
la prise en charge ne concerne pas les ayants droit (enfant,
conjoint, etc.) vivant hors de l'enceinte carcérale ;
-
ils sont exclus du maintien des droits (voir supra) à
leur libération.
Le fait d'être démuni d'autorisation de séjour
et/ou de travail ne fait pas obstacle au bénéfice des
prestations liées à un accident du travail ou une maladie
professionnelle. Aucune condition de régularité du séjour
et de travail n'est en effet exigée (voir fiche« Assurance
accident du travail »).
En cas de blocage pour obtenir une protection maladie, la dispense
de soins gratuits est possible auprès des permanences d'accès
aux soins de santé (PASS) des hôpitaux publics. Toutefois,
le recours à ces structures ne se justifie qu'exceptionnellement,
en cas d'urgence et de blocage grave, puisque la règle est que
tout étranger vivant en France, avec ou sans papiers, a droit
à une couverture maladie (sécurité sociale ou AME).
Voir le Guide du Gisti« La protection
sociale des étrangers en France »(édition Syros 1997) et le Cahier juridique « La protection
sociale des étrangers en France après la création de la CMU »,
septembre 2000, disponibles au Gisti.
Les organisations syndicales (voir fiche« Droit
d'association et droit syndical »)
sont membres des conseils d'administration des CPAM et siègent
dans les commissions de recours amiable et au tribunal des affaires
de sécurité sociale (TASS).
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Dernière mise à jour :
6-05-2002 11:31
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