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Emmanuel Marcelin, un Français d'origine haïtienne
propriétaire d'une confortable maison à Saint-James,
raconte : « Au début d'octobre, un gendarme
est venu me voir. Il m'a montré l'arrêté du
maire. Il était accompagné d'un policier municipal.
Le gendarme m'a dit : "On va détruire ces maisons qui
constituent un bidonville". Je lui ai répondu que ma maison
n'était pas un bidonville, que j'avais deux enfants, que
je ne pouvais pas déménager. Je suis allé à
la sous-préfecture pour voir le responsable de l'urbanisme.
Je n'ai pas été reçu. Le lundi 9 octobre,
j'ai vu ma maison arrosée avec de la gazoline et incendiée ».
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Simone Casimir a vécu le même drame. Alors qu'elle
était partie voir ses parents à Haïti, elle a
eu la surprise à son retour de retrouver sa maison en cendres.
Ses enfants s'étaient réfugiés chez sa soeur
qui désormais héberge une partie de la famille. Elle
ne comprend pas pourquoi on a détruit sa maison : « Je
suis à Saint-Martin depuis quatorze ans et en séjour
régulier, explique-t-elle. J'ai travaillé comme
femme de ménage dans des hôtels ou dans des restaurants.
Mes enfants sont maintenant dispersés car ma soeur ne pouvait
pas tous les accueillir. Nous sommes traités comme des bêtes.
A côté de chez moi, deux autres maisons ont été
brûlées, dont celle d'une Saint-Martinoise parce qu'elle
était louée par des Haïtiens ».
Que ces derniers soient locataires ou propriétaires, leurs
maisons sont toujours menacées de démolition.
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Céline Robert a failli en faire la triste expérience.
Cette jeune Française, qui vit à Saint Martin depuis
dix ans, louait une case à un Haïtien, lui-même
locataire du terrain appartenant à un Saint-Martinois. Cette
case n'est nullement une habitation précaire. Il s'agit d'une
petite maison en dur disposant de l'électricité et
du téléphone. Elle était entourée de
trois autres cases, toutes épargnées par le cyclone,
et dans lesquelles vivaient cinq familles haïtiennes en séjour
régulier. Le 20 novembre 1995, un représentant de
la SEMSAMAR accompagné de deux gendarmes est venu lui dire
qu'elle devait quitter les lieux car les cases allaient être
détruites. Nullement impressionnée par la présence
des forces de l'ordre, elle a refusé de signer un formulaire
autorisant la démolition de son habitation et a saisi un
avocat, réflexe rare à Saint-Martin. Déstabilisée
par cette réaction, la SEMSAMAR a mis le feu aux autres cases
mais a épargné la sienne.
Dernière mise à jour :
25-01-2001 14:55.
Cette page : https://www.gisti.org/
doc/publications/1996/bananier/saint-martin/destructions.html