« Des étrangers sans droits dans une France bananière »
Rapport de mission en Guyane et à Saint-Martin

EN GUYANE

« Si vous n'ouvrez pas tout de suite, ils cassent la porte »

TÉMOIGNAGE DE GUYANE

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« Ils sont venus à six heures du matin ou à cinq heures. C'était le 27 novembre, un lundi. Les enfants et nous, on étaient couchés. Les enfants dormaient ; ils n'étaient pas encore levés. Ils ont frappé la porte, là. Ils ont crié de se lever et d'ouvrir. Ils ont cassé la porte et ont tout éclairé dedans avec un flash. Ils ont soulevé tout sur les lits.

» Après, ils ont tout regardé dans la maison. Ils ont demandé les papiers. Ils rentrent n'importe quand et n'importe comment. Ils vous éclairent, là. Ils ont cassé la porte. Vous la voyez, là.

» Si vous n'êtes pas là, si vous êtes sorti pour aller en ville, ils ouvrent la porte de force.

» Tenez, le voisin, là, sa porte est cassée. Ils sont entrés quand il était au travail. Ils ont cassé la porte. Ils ont tout fouillé dedans. Voilà.

» Chez moi, c'était le lundi 27 novembre. Mais le mercredi matin, ils sont repassés. Et tous les jours. Souvent les enfants courent (s'enfuient) Et les gendarmes courent aussi. Ils viennent chez les Haïtiens, chez les Anglais (en fait, les Guyaniens, ainsi dénommés parce qu'ils parlent anglais).

» Si vous n'ouvrez pas tout de suite, même la nuit, quand vous dormez, ils cassent la porte. Quand ils sont rentrés, parce que vous avez pu ouvrir ou quand ils ont cassé la porte, ils regardent sous les lits. Ils cherchent partout. Parfois, ils demandent des pièces d'achat, des bons d'achat (des factures), s'ils voient une télévision ou bien une table.

» Si la personne n'est pas là, ils quittent en laissant la porte ouverte. Y a des gens qui en profitent pour voler.

» Il y a des jours où les policiers frappent, attendent devant la porte et discutent. Ils sont gentils. Mais il y a des jours aussi où les policiers ne sont pas gentils. Ni les gendarmes ».