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« Des étrangers sans droits dans une France bananière »
Rapport de mission en Guyane et à Saint-Martin

EN GUYANE

« Il y a beaucoup de patrons
qui préfèrent embaucher
des étrangers sans papiers »

TÉMOIGNAGE DE GUYANE

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« Chez moi, c'était le 1er décembre. Juste, il y a trois jours. J'étais allé manger chez ma mère. Et puis, quand j'arrive chez moi, j'ai vu que les gendarmes avaient ouvert la porte, pété la serrure. Les voisins me l'ont dit. Ma femme n'était pas là aussi.

» Il n'y avait rien de volé dans la maison. La porte était grand ouverte quand je suis arrivé ».

Le témoin a obtenu une carte de séjour temporaire en 1992. Il parle des conditions dans lesquelles la préfecture la lui a délivrée.

« C'était les salariés et les patrons, les salariés de concert avec les patrons. C'est mon patron qui m'a donné un chèque pour payer la taxe ».

— Vous l'avez remboursé ?

« Non, je l'ai pas remboursé. Mais je suis sûr qu'il s'est remboursé sur moi quand même.

» Je suis en Guyane depuis 1986. J'ai eu la première carte de séjour en 1992. A la préfecture, on avait dit qu'aussi longtemps vous n'aurez pas de patron, aussi longtemps vous ne serez pas régularisé. Alors, j'ai beaucoup cherché et je n'ai pas pu trouver un patron. J'ai trouvé le patron en 1992. A ce moment-là, j'ai eu mon papier.

» Le patron, il m'a accompagné à la préfecture.

» Y a beaucoup de problèmes de patrons. Normalement, les patrons ne veulent pas prendre des ouvriers pour travailler. Même s'ils ont du travail. Ils ont beaucoup de travail, ils ne veulent pas prendre des gens pour travailler. Il y a beaucoup de patrons qui préfèrent embaucher des étrangers sans les papiers. Et puis les gens qui ont des papiers restent sans travail. Ça existe ici.

» Y a un autre problème ici. Avant, c'était facile de trouver un patron pour travailler. Les patrons, ils pouvaient travailler avec 4 ou 5, 10 ou 15 ouvriers dans leur entreprise. Mais, maintenant, pour le travail que 15 personnes avaient l'habitude de faire, ils prennent 2 personnes, 3 personnes pour le faire. Et puis les autres sont tombées à l'eau, au chômage. Et avec le chômage, y a pas grand chose. On ne peut pas vivre avec ce qu'on donne ».

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Dernière mise à jour : 17-12-2000 20:45.
Cette page : https://www.gisti.org/ doc/publications/1996/bananier/guyane/patrons.html


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