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 |   | « Des 
  étrangers sans droits dans une France bananière »Rapport de mission en Guyane et à Saint-Martin
 EN GUYANE   « Ils ont ouvert la porte. 
          Ils ont dit que, dans les bidonvilles, c'est pas la peine de frapper. »
TÉMOIGNAGE DE GUYANE Retour 
          au document  « La dernière fois qu'ils sont venus, ils étaient 
          quatre. C'était jeudi dernier (30 novembre 1995), 
          vers 3 H de l'après-midi. Trois portaient des pieds-de-biche 
          et des bâtons, tout ça. Bon, ils ont ouvert la porte. Quand 
          ils ont ouvert ma porte, je leur ai dit qu'il faut qu'ils frappent (avant 
          d'entrer). Ils ont dit que dans les bidonvilles, c'est pas la peine 
          de frapper. C'est le travail de la police. Moi, je n'y peux rien. Mais 
          j'ai dit « Qui va me rendre ma porte ? ». Ils 
          ont dit « Tu verras avec la préfecture ». 
          Mais c'est pas la peine que j'aille à la préfecture pour 
          la serrure de la porte. Comme la cité, c'est un bidonville, moi 
          je peux rien faire. 
         » Moi, j'ai ma carte de séjour depuis un an et quelques 
          mois. Avant, ils m'ont donné un titre de trois mois. Il l'ont 
          renouvelé et, après, ils m'ont donné un titre de 
          un an. J'ai cinq ans en Guyane. Je travaille dans une société 
          de ferronnerie. Moi, je fais la ferronnerie, je fais la soudure, tout 
          ça. Maintenant, il n'y a plus de boulot dans cette région. 
          J'ai fait trois ans de travail avec le frère de Jacques C. 
         » Les policiers, ils ont agi comme ça, parce que, 
          ici, on n'a plus de sécurité. C'est un bidonville. D'après 
          moi, c'est les gendarmes qui vont apporter la sécurité. 
          Tu sais, ils sont sévères avec les gens. Si les gens ont 
          du travail, comment ils peuvent s'agresser ? Ici, il y a des gens 
          qui attaquent d'autres gens. L'autre jour, là, il y a quelqu'un 
          qui a agressé l'autre pour prendre des trucs. Les policiers, 
          ils empêchent de faire ça. C'est pas logique que quelqu'un 
          agresse l'autre. Ici, c'est un pays sous-développé. Ce 
          sont les étrangers qui viennent qui vont développer ce 
          pays-là. Les gens d'origine, ils ne savent pas. 
         « Pour les policiers, tous les gens qui habitent ici, c'est comme
 s'ils n'avaient pas de papiers »
» Pour les policiers, tous les gens qui habitent ici, c'est 
          comme s'ils n'avaient pas de papiers. Tous les gens qui habitent ici, 
          pour les policiers, ce sont des clandestins. En réalité, 
          on va trouver peut-être 3 ou 4 clandestins. Avant, il 
          y en avait beaucoup. Il y a à peu près un an, quand le 
          gouvernement Chirac est monté, ils ont ramassé tous les 
          clandestins. Ils sont partis, tous en Haïti. Dans un an, c'est 
          au moins 4 à 5 mille, plus que ça. 
         » Moi, je sors de Port-au-Prince. J'ai fait deux ans dans 
          l'armée (haïtienne) dans le corps des Léopards 
          (unité d'élite), sous le régime des Duvalier. 
          Il y a eu un problème en Haïti. Je me suis évadé. 
          Je suis parti le 21 avril 1989 (il élude le fait qu'il 
          a fui au moment où, après une rébellion, les Léopards 
          ont été dissous sous la dictature du général 
          Prosper Avril). Ici, c'est comme Cité Soleil (un des plus 
          grands bidonvilles de Port-au-Prince). Il y a pas de logement pour 
          chier. Devant, là, les gens, ils chient dans un fatras, dans 
          les ordures. Et tu as vu les moustiques ? Il y a beaucoup de gens 
          qui ont des boutons. Comment ils ont pris des boutons ? A cause 
          des microbes. Des trucs qui dorment dans l'eau. Après les moustiques 
          piquent et on attrape des maladies. Et, ici, il y a des Français. 
          Les Français, ils sont enfantés avec des Haïtiennes ». 
          
          
        
  
           
            Dernière mise à jour : 
             17-12-2000  20:44.  Cette page : https://www.gisti.org/
            doc/publications/1996/bananier/guyane/bidonville.html
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