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DOCUMENTS DE RÉFÉRENCE
Fondation Copernic
Septembre 2001
L'immigration est sur le point de redevenir officiellement
« utile ». Venues d'abord de la droite et du patronat,
les prises de positions en faveur d'un nouvel appel à une immigration
plus ou moins sélective se multiplient. À l'approche du
sommet des quinze consacré au sujet en décembre 2001,
la Commission européenne est « d'avis que les canaux
d'immigration légale doivent maintenant être ouverts aux
travailleurs migrants ». Dans le même temps, les
60 000 sans-papiers déboutés par la circulaire
Chevènement sont maintenus dans une clandestinité désormais
officielle. De même, sans les caméras et l'émotion,
les 900 Kurdes en majorité syriens échoués
sur la côte varoise auraient été directement refoulés,
tout comme les autres bateaux de réfugiés accostant en
Europe.
Rejet ou appel ? Au-delà de cette actualité, il
s'agit de comprendre les raisons de cet apparent paradoxe. L'objet principal
de cette publication est de démonter l'idée reçue
suivant laquelle l'ouverture des frontières s'inscrirait nécessairement
dans une démarche libérale. Elle démontre, au contraire,
à quel point les politiques de fermeture des frontières
ou de maîtrise des flux migratoires participent d'une conception
« utilitariste » des rapports sociaux en favorisant
l'exploitation et la marchandisation de populations étrangères
totalement précarisées par les conditions d'entrée
et de séjour qui leur sont imposées.
La politique de fermeture des frontières, en uvre dans
toute l'Europe depuis les années 70, est analysée
comme néfaste et illusoire. Néfaste parce qu'elle distille
l'inégalité comme norme, réduisant les déclarations
vertueuses sur les droits de l'homme à une vaine rhétorique ;
néfaste aussi parce qu'elle ethnicise l'idée quand
ce n'est pas la réalité de nation, en laissant
croire qu'il pourrait exister un lien entre citoyenneté, race
ou appartenance culturelle.
Qui plus est, la fermeture des frontières et sa version soft
de la « maîtrise des flux migratoires » se
caractérisent par leur échec global. Trente ans
d'application sous des formes diverses n'ont pas empêché
les étrangers qui doivent ou veulent venir de s'installer dans
les plus mauvaises conditions. Le mouvement des sans-papiers témoigne
de cette réalité incontournable.
Cette présence, en France et partout en Europe, de migrants
sans droits satisfait les partisans du libéralisme. Sous des
dehors qu'on dira « étatistes », la fermeture
des frontières favorise, en effet, la précarisation d'un
volant important de main-d'uvre.
Au passage, les présupposés idéologiques d'une
série d'énoncés présentés comme « incontournables »
du type « La France ne peut accueillir toute
la misère du monde », « La régularisation
entraîne un appel d'air », « Développons
chez eux, ils ne viendront pas chez nous », « Fermer
permet de mieux intégrer » sont décortiqués
et remis en question.
La Fondation Copernic souhaite contribuer, de façon générale,
à une réflexion qui permette de « remettre
à l'endroit tout ce que le libéralisme fait fonctionner
à l'envers ». En matière de politique des
migrations, cet objectif passe par la discussion collective d'une politique
à refonder sur l'ouverture des frontières, la liberté
de circulation et l'égalité des droits sans considération
de nationalité. C'est à quoi invite cette note.
L'ambition d'un contrat social renouvelé entre l'ensemble des
résidents, nationaux ou non, d'un même territoire, implique
la régularisation de tous les sans-papiers, le retour à
la carte unique de dix ans, la possibilité de naturalisations
sur simple demande après une certaine durée de séjour
régulier, le droit de vote à tous les échelons,
l'accès des migrants aux emplois qui leur sont aujourd'hui fermés.
C'est au moyen de ces mesures que l'offre de travail illégal
à certains étrangers pourra être supprimée
et que l'on pourra enfin lutter contre les discriminations.
Tels sont les leviers du renversement de perspectives que préconise
cette note de la Fondation Copernic. Elle est le fruit du travail commun
d'universitaires, de responsables politiques, syndicaux et associatifs,
de fonctionnaires qui, à un titre ou à un autre, ont acquis
une expérience de l'échec de la fermeture des frontières
à partir de pratiques diverses.
Ce livre s'adresse donc à un large public. Il vise à
donner à toute personne désireuse de développer
une réflexion personnelle sur l'immigration les moyens d'aller
plus loin à partir d'autres idées que celles véhiculées
au quotidien par la pensée dominante. Il pourra donc tout aussi
bien s'agir du militant souhaitant enrichir ses arguments et affiner
ses convictions que du citoyen soucieux de mieux comprendre le monde
dans lequel il vit et de se forger sa propre opinion. Sa vocation est
de participer utilement au débat public en opposant au discours
ambiant de l'idéologie libérale la reconstruction intellectuelle
d'une gauche susceptible de porter un véritable projet de transformation
sociale. Se situant délibérément dans une perspective
politique mais non partisane , les auteurs visent
en priorité à ouvrir de nouvelles pistes pour reprendre
l'offensive face à la xénophobie, et à stimuler
une réflexion politique sur l'immigration bloquée par
les non-dits et les fausses évidences depuis plusieurs années.
Cet ouvrage propose une approche résolument novatrice des flux
migratoires. Confrontant leurs expériences variées et
complémentaires en tant que praticiens de ces questions, les
auteurs, issus de milieux différents (universitaires, militants,
responsables politiques ou associatifs, fonctionnaires...) ont souhaité
remettre en cause les idées reçues de la vulgate libérale
pour questionner, et finalement déconstruire, les fondements
des politiques de « maîtrise des flux migratoires »
menées depuis presque trente ans.
Collection « Note de la Fondation Copernic »,
Éditions Syllepse, 128 pages, 7 €, soit 45,92 F
(ISBN : 2-913165-58-3).
Cette publication est en vente en librairie et chez l'éditeur.
Sommaire
Introduction
Partie 1 Mais où est donc le « problème »
de l'immigration ?
- Des problèmes sociaux
- L'illusion de la maîtrise des flux migratoires
- Immigration, emploi et chômage : un débat dénaturé
- Le fantasme de l'invasion et de l'appel d'air
Partie 2 La fermeture des frontières au
service de la logique libérale
- Égalité des droits ou libéralisme
- Une législation restrictive sur l'entrée et le séjour
- Une tolérance pour l'offre massive de travail illégal
- Une politique de division
Partie 3 Principes pour une politique réaliste
et progressiste de l'immigration
- Pour la liberté de circulation
- Égalité de traitement et lutte contre les discriminations
- Citoyenneté de résidence et mondialisation
Conclusion Les immigrés ne sont pas une marchandise
Annexe : chronologie des réglementations françaises sur
le séjour des étrangers
Les auteurs
-
Jean-Pierre ALAUX, chargé d'études au Groupe d'information
et de soutien des immigrés (GISTI)
-
Julien BACH est le pseudonyme d'un haut fonctionnaire, maître
de conférence à l'IEP Paris, auteur de « L'immigration
en France : vérités et mensonges »
in La pensée confisquée : quinze idées
reçues qui bloquent le débat public, ouvrage collectif
du Club Merleau-Ponty (La Découverte, Paris, 1997)
-
Yves BENOT, historien, auteur de Les massacres coloniaux
(La Découverte, 2001), Diderot de l'athéisme à
l'anticolonialisme (La Découverte, 1981), La démence
coloniale sous Napoléon (La Découverte, 1992)
-
Antoine BUSSY, attaché parlementaire à Saint-Denis
-
Mustapha GUEYE, délégué national du collectif
migrations et citoyenneté du PCF
-
Serge GUICHARD, responsable du collectif migrations et citoyenneté
du PCF, membre du comité de rédaction de Mauvais
Temps (Syllepse)
-
Antoine MATH, économiste, membre de CERC-Association (Connaissance
de l'emploi, des revenus et des coûts)
- Emmanuel TERRAY, directeur d'études à l'École
des Hautes Études en sciences sociales (EHESS), coauteur avec
Étienne Balibar, Monique Chemillier-Gendreau, Jacqueline Costa-Lascoux
de Sans-papiers : l'archaïsme fatal (La Découverte,1999),
animateur du Troisième Collectif des sans-papiers
La Fondation Copernic
(« Pour remettre à l'endroit tout ce que le libéralisme
fait fonctionner à l'envers »)
Créée en 1998 à l'initiative de Jacques Kergoat
et de 331 chercheurs, universitaires, militants associatifs, culturels,
syndicalistes ou politiques.
La Fondation met en place des groupes de travail sur des questions
diverses, chaque fois qu'il y a des interrogations dans la société,
nécessité de changer ou de résister. Ces groupes
de travail sont constitués en tenant compte du pluralisme de
la Fondation : pluralisme politique, syndical, associatif, pluralisme
des écoles de pensée, des disciplines universitaires et
de recherche. Ces groupes publient à l'issue de leurs travaux
une « Note de la Fondation Copernic », par exemple
Les retraites au péril du libéralisme (Syllepse).
Voir aussi :
Dernière mise à jour :
23-10-2001 18:02
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Cette page : https://www.gisti.org/
doc/presse/2001/copernic/index.html
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