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Plein
Droit n° 34, avril 97 - Zéro or not zéro ?
Comme une porte
sans chambranle ni murs
Jean-Pierre Alaux
Annexes
La « menace » en chiffres
Où en sont les flux migratoires qui nous « menacent » ?
Au « pire » moment des entrées de travailleurs
migrants en France, dans les années 1965-1970, il a fallu que les
grandes entreprises nationales aillent les chercher chez eux pour que
leur effectif culmine à 300 000 par an[1].
Dès qu'on cesse de les démarcher, vers 1973, le nombre d'installations
régulières de nouveaux immigrés oscille entre 100 000
et 130 000 jusqu'à l'entrée en vigueur des lois
Pasqua en 1993.
Et les « clandestins » ? Par définition,
ils sont difficiles à compter. Deux types de mesures permettent
toutefois d'évaluer raisonnablement leur effectif et son évolution.
La régularisation exceptionnelle de 1982, d'abord : elle
a abouti à la délivrance de 132 000 cartes de séjour
à des sans-papiers. Ensuite, les recensements de l'Institut national
de la statistique et des études économiques (INSEE). A
l'aide d'une méthode de comptage qui respecte l'anonymat, ces
recensements dénombrent les individus qui vivent sur le territoire
français, quel que soit leur statut. Selon les résultats
de ces opérations, il y avait réguliers et irréguliers
confondus 3,7 millions d'étrangers en 1982 et 3,6 millions
en 1990, soit une légère diminution. En revanche, le nombre
des immigrés (étrangers + Français nés étrangers
à l'étranger et vivant en France) augmente légèrement
dans ce laps de temps. Il passe de 4 millions en 1982 et à 4,2
millions en 1990. Si cette remarquable stabilité d'ensemble ne
permet pas de compter les clandestins, elle assure que leur nombre ne
bouge guère jusqu'au début de la décennie.
De 1982 année de la régularisation exceptionnelle,
où l'on peut considérer que l'essentiel des irréguliers
sont devenus réguliers au recensement de 1990, le nombre
des immigrés n'augmente que de 200 000. Pendant ces mêmes
sept années, le nombre des étrangers recule, quant à
lui, d'environ 100 000. Qu'en conclure ? Que, de 1982 à
1990, l'addition des 385 000 acquisitions de la nationalité
française (d'étrangers par définition réguliers
nés hors de France et devenus français) et des
départs ou décès d'étrangers dépasse
les arrivées de nouveaux étrangers [2].
Évolution du nombre des immigrés en France
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1982 |
1990 |
|
|
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Étrangers
|
3 700 000
|
3 600 000
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Total des immigrés
|
4 000 000
|
4 200 000
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Population totale
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54 300 000
|
56 735 000
|
Pourcentage des immigrés
|
7,36 %
|
7,40 %
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Pourcentage des étrangers
|
6,8 %
|
6,3%
|
D'après l'INSEE.
A partir de 1993, les lois Pasqua entraînent un fort fléchissement
des flux : 94 000 entrées en 1993, 64 000 en 1994,
50 000 en 1995, selon l'Office des migrations internationales (OMI)
[3]. Pour le ministère du travail
et des affaires sociales, les effectifs d'entrées sont légèrement
supérieurs : 116 000 en 1990, 123 000 en 1991,
135 000 en 1992, 116 000 en 1993, 88 000 en 1994 et 68 000
en 1995. Mais le « solde migratoire » (il faut soustraire
le nombre des départs de celui des arrivées) est beaucoup
plus faible. Ainsi, pour 1995, il s'établirait à 35 000
[4].
[1] Michelle Guillon,
« Un demi-siècle de flux
et de reflux », Plein Droit,
n° 29-30 ( Cinquante
ans de législation sur les étrangers), novembre
1995.
[2] Pour le calcul du nombre d'étrangers
ayant acquis la nationalité française, voir Les
étrangers en France, INSEE, mai 1994, p. 25.
[3] Institut national d'études
démographiques (INED), Vingt-cinquième
rapport sur la situation démographique de la France, janvier
1997, 78 pages.
[4] Direction des populations et
des migrations (DPM) du ministère du travail et des affaires
sociales, Immigration et présence étrangère
en France 1995-1996, à paraître à la Documentation
française (en attendant, voir le Monde,
26 février).
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Dernière mise à jour :
27-08-2000 18:07.
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