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Plein Droit n° 13, mars 1991
« Des visas aux frontières »
Désirant rassembler quelques éléments
de comparaison entre la politique des visas de la France et celle de
ses voisins européens, nous avons adressé à un
certain nombre de nos correspondants dans ces pays un questionnaire
dont nous présentons ci-dessous l'essentiel des réponses.
Cette étude est bien entendu loin d'être exhaustive, d'une
part parce que plusieurs pays ne nous ont pas répondu, d'autre
part parce qu'il ne s'agit pas d'une véritable enquête
sur le terrain. Les réponses obtenues n'en sont pas moins intéressantes
quant à leurs ressemblances souvent, à leurs différences
parfois, et surtout à leurs inquiétudes pour l'avenir.
Il n'existe aucune loi ni texte public. Les instructions concernant
la délivrance des visas de court séjour (qui sont d'ailleurs
valables dans les trois pays du Bénélux) sont données
par le Groupe de travail ministériel Bénélux. Ces
instructions sont confidentielles.
Le seul texte officiel est constitué par les « Immigration
rules » qui énumèrent les conditions requises
pour obtenir un visa. Ces instructions sont cependant très vagues
et exigent, par exemple, des étrangers des ressources ou un hébergement
« suffisants » ou encore qu'ils prouvent qu'ils
ont « l'intention de quitter » le Royaume-Uni.
À côté de ce texte, il existe des « instructions
secrètes » précises destinées aux organismes
officiels sur la façon d'interpréter les règlements.
À partir de l'été 1990, le gouvernement italien
a décrété le visa obligatoire pour un certain nombre
de pays. Mais aucune instruction n'a été donnée
sur les conditions et les modalités d'attribution de ce visa.
Par ailleurs, le refus de visa n'est pas motivé et est même
parfois uniquement verbal.
À été mis en place également un visa de
retour pour les résidents quittant temporairement le pays.
Le texte de référence est le compte-rendu officiel des
débats au Conseil national (Parlement) du 23 juin 1988 concernant
des directives du Département fédéral de Justice
et de Police habilité à édicter les instructions
en matière de visas.
Pas de texte officiel. (Voir les Accords Bénélux).
Officiellement, non.
En réalité, dans certains pays, le Consulat a l'obligation,
avant de délivrer un visa, de demander l'autorisation au ministère
à La Haye. Cet allongement considérable des délais
(de 3 à 9 mois) constitue le problème le plus important
actuellement.
Depuis 1985, un visa est exigé de la part d'un grand nombre
de pays, y compris du Commonwealth « noir ».
De plus, des discriminations évidentes existent : par exemple,
pour le regroupement familial des ressortissants indiens, 66 %
des demandes sont refusées après enquête sur l'authenticité
du mariage.
Officiellement, non. Le rapport du Conseil fédéral (cité
ci-dessus) précise : « Les personnes provenant
du tiers-monde ou de pays de l'Est ne sont pas soumises à des
prescriptions d'entrée en Suisse spéciales. »
Dans la pratique, cependant, des cautions très élevées
et variables selon les cantons sont demandées de manière
tout à fait illégale, ce qui rend la visite d'amis ou
de membres de famille tout à fait impossible dans certains cas.
- Ressources suffisantes. Dans certains cas, la garantie d'un référent
résidant aux Pays-Bas peut-être demandée, mais
pas obligatoirement.
- Hébergement et catégories de personnes autorisées
à entrer sont étudiés au cas par cas.
- Durée : de quelques jours (visa de transit) à
trois mois. Après l'obtention d'un premier visa de trois mois,
l'intéressé doit attendre six mois avant de déposer
une nouvelle demande.
- Visa spécial pour l'Europe de l'Est (Bulgarie, Hongrie,
Pologne, Roumanie, Tchécoslovaquie et URSS) pour une visite
commerciale valable 8 jours.
- Ressources suffisantes et hébergement garanti pour toute
la durée du séjour.
- Durée :
- pour les visiteurs, visa de six mois (sans possibilité
de prolongation)
- pour les membres de famille, visa d'un an, puis carte de séjour
si les conditions d'entrée sont toujours satisfaites.
En l'absence de toute directive, l'examen des conditions est laissée
à l'appréciation des consulats.
Officiellement :
- Documents de voyage valables .
- Couverture des frais de séjour et sortie de Suisse assurées.
Pour les frais de séjour, il s'agit soit de disposer d'environ
100 francs par jour, soit de présenter un certificat d'hébergement
signé par une personne domiciliée en Suisse et garantissant
la prise en charge des frais de séjour.
- Grande liberté d'appréciation des représentations
suisses à l'étranger dans l'examen des demandes de visa.
- Délai d'obtention : aucun, pour les séjours
de courte durée, quand les conditions sont remplies. Le visa
est délivré dans les 48 heures.
Dans la pratique :
- Certains cantons ont fixé, de manière tout à
fait illégale, des montants beaucoup plus importants que ceux
recommandés au plan fédéral concernant la garantie
à laquelle le signataire du certificat s'engage (fixée
à titre indicatif à 20 000 F.).
- Pour les pays de l'Est, aucune caution n'est demandée et
aucun contrôle de police n'est exercé sur les certificats
d'hébergement.
- Ressources suffisantes pour couvrir les frais de séjour
et de retour.
- Durée : 3 mois maximum.
Oui, en particulier au niveau des délais qui sont de plus en
plus longs, ce qui doit avoir un effet dissuasif certain.
Oui, nettement depuis cinq ans. On peut citer quelques exemples :
- Pour les ressortissants de la Jamaïque, en 1985, il y a eu
un refus de visa pour 400 demandes ; en 1990, la proportion
est passée à un pour 40.
- La liste des « pays visa » augmente chaque
année.
- Les conditions deviennent de plus en plus strictes : par exemple,
depuis 1989, un étranger admis comme visiteur ne peut plus
prolonger son séjour en tant qu'étudiant ; il est
obligé de quitter le pays et de faire une nouvelle demande.
Certainement, puisqu'avant l'été 1990, peu de pays avaient
besoin d'un visa.
Oui pour les « réfugiés de la violence »,
« mais les hommes d'affaires et les trafiquants seront toujours
les bienvenus ».
Bien sûr. Schengen en est la preuve évidente.
Oui, à peu de choses près, et on tend vers une unification
totale. Et d'ailleurs on peut craindre qu'un des rares avantages du
système britannique, à savoir la possibilité de
déposer un recours contre tout refus de visa, ne disparaisse
dans l'harmonisation prévue par Schengen.
Oui. Les autorités italiennes cherchent avec insistance à
s'aligner sur les autres pays de la Communauté en matière
d'immigration. Elles ont d'ailleurs obtenu d'entrer dans le groupe de
Schengen en novembre 1990.
Pas sur les refus de visa. Le demandeur a en effet la possibilité
d'exiger, par l'intermédiaire de l'Office fédéral
des étrangers, une notification formelle du refus et de déposer
un recours contre cette décision auprès du Département
fédéral de Justice et de Police. L'hôte domicilié
en Suisse peut également faire un recours contre la décision.
Dernière mise à jour :
26-06-2001 10:22.
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