|
|||||||||
| |||||||||
|
Concert de soutien au GISTI le 7 avril 1999 De la vocation de la république« La vocation de la République française à l'universalité ne consiste pas à confondre ses limites avec celles de la terre » lit-on dans l'exposé des motifs du projet de loi Chevènement.On croirait entendre ici l'écho des propos de ce dantoniste qui, en 1793, répliquait en ces termes au souhait de Robespierre de voir inscrire dans la Déclaration des droits de l'homme que « Laissons aux philosophes le soin d'examiner l'humanité sous tous ses rapports : nous ne sommes pas les représentants du genre humain. Je veux donc que le législateur de la France oublie un instant l'univers pour ne s'occuper que de son pays ; je veux cette espèce d'égoïsme national sans lequel nous trahirons nos devoirs [...]. J'aime tous les hommes ; j'aime particulièrement tous les hommes libres ; mais j'aime mieux les hommes libres de la France que tous les autres hommes de l'univers ». Mais est-on véritablement obligé d'adhérer à cette conception de l'État-nation, tournée prioritairement vers la protection des seuls citoyens, et qui finit par pervertir la notion même d'État de droit ? Dire que dans un État de droit il est « normal » et même indispensable de réprimer ceux qui enfreignent les lois, à commencer par les lois sur l'entrée et le séjour des étrangers, n'est pas un argument recevable ; car l'État de droit, ce n'est pas simplement celui qui fait respecter la loi, mais celui qui respecte, jusque dans sa législation, les droits et les libertés fondamentaux des individus, qu'ils soient français ou étrangers. Or les étrangers ne se voient pas reconnaître les mêmes droits que les nationaux, soit parce que certains droits leur sont refusés (comme le droit de vote, le droit d'accès aux emplois publics, le droit d'accéder à diverses professions réservées aux nationaux), soit parce que l'exercice des droits reconnus est entravé ou rendu impossible par l'effet des lois sur l'entrée et le séjour (le droit de vivre en famille, la liberté d'aller et venir, la liberté individuelle n'ont à l'évidence pas la même effectivité pour les étrangers et pour les nationaux). Il ne tient qu'à nous de revenir à une conception authentique de l'État de droit, fondée sur une vision véritablement universaliste des droits de l'homme qui ne s'arrête pas aux frontières de la nationalité. Extrait de la revue du Gisti Plein Droit n° 36-37, décembre 1997
Dernière mise à jour :
17-07-2000 23:50. |