L'assurance maladie désigne un service public généralement
appelé « la sécurité sociale »
dans le langage commun. Il est question ici de l'affiliation à
un régime obligatoire d'assurance pour les risques maladie, maternité,
invalidité, décès, accident du travail et maladie
professionnelle (sur les accidents du travail et les maladies professionnelles
voir fiche « Assurance accident du travail »).
Cette assurance permet d'une part de prendre financièrement
en charge les frais de santé (prestations en nature, tels que
consultations médicales, remboursement de médicaments,
de frais d'hospitalisation, etc.), et d'autre part, pour les salariés
et assimilés, d'assurer un revenu de remplacement en cas d'arrêt
de travail (indemnités journalières).
L'accès sans titre de séjour
Les sans-papiers sont en principe exclus de l'assurance maladie comme
assurés ou comme ayants droit (personnes à charge de l'assuré :
conjoint de l'assuré, concubin, enfants...).
En effet, l'ensemble des prestations de sécurité sociale
exige (sauf exceptions, voir infra) que l'étranger réside
« régulièrement » en France.
Pourtant, il convient de :
Qu'est-ce que le « séjour régulier »
en matière d'assurance maladie ?
Pour les salariés et assimilés, la régularité
du séjour est attestée par une liste de titres de séjour
définie aux articles D 115-1 du Code de la sécurité
sociale (CSS) pour les assurés (sauf Union européenne)
et D 161-15 du CSS pour les ayants droit. Il s'agit de titres de séjour
avec autorisation de travail ou de récépissés de
demande d'asile ou de renouvellement de titre de séjour (voir
infra pour en savoir plus).
A défaut de titre de séjour, les étrangers titulaires
d'un récépissé de demande de titre de séjour,
d'une convocation ou d'un rendez-vous en préfecture, sont considérés
comme remplissant la condition de séjour régulier pour
être affiliés au titre de la couverture maladie universelle
CMU (circulaire du ministère de l'emploi et de la solidarité
du 3 mai 2000).
Attention : un délai de présence en France
de 3 mois ininterrompus est exigé, sauf pour les demandeurs d'asile
conventionnel ou subsidiaire (les demandes d'asile territorial également,
mais la procédure a été supprimée depuis
le 1er janvier 2004).
Les exceptions à la régularité
du séjour
Un certain nombre d'étrangers sans-papiers ont droit, malgré
l'irrégularité de leur séjour, à être
assurés pour le risque maladie.
Le maintien des droits à l'assurance maladie
(article L 161-8 du CSS)
Les étrangers qui perdent leur droit au séjour en France
(déboutés du droit d'asile...) et qui se maintiennent
sur le territoire français, bénéficient d'un maintien
de leur droit à l'assurance maladie pour une durée de
4 ans (pour les soins seulement). Ce cas de figure n'est bien entendu
possible que si l'étranger a fait ouvrir ses droits au moment
où il était en séjour régulier. D'où
la grande importance de demander l'affiliation à titre préventif
sans attendre d'être malade.
Voir « Le maintien
des droits à l'assurance maladie », Gisti, avril
2001, disponible au Gisti.
Attention : ce maintien des droits ne concerne que l'affiliation
au régime obligatoire de sécurité sociale et ne
vise pas la complémentaire gratuite CMU. Celle-ci est, en effet,
attribuée par période de 1 an : l'étranger
qui perd son droit au séjour ne bénéficie du maintien
des droits à la complémentaire que jusqu'à la fin
de l'année en cours. A l'issue de cette période, l'étranger
peut demander l'aide médicale État (voir fiche « Aide
médicale État ») qui, sans faire totalement
office de couverture complémentaire, permet de limiter la part
des dépenses non couvertes par la sécurité sociale.
Les mineurs étrangers
Les enfants d'un assuré social ne sont pas soumis à l'obligation
de produire un titre de séjour : l'entrée en France
dans le cadre du regroupement familial n'est pas nécessaire pour
bénéficier de l'assurance maladie et le certificat médical
délivré par l'OMI ne peut pas être exigé.
Il n'y a pas non plus de condition de lien juridique entre l'enfant
et l'assuré : l'enfant peut être légitime,
naturel, adopté, ou recueilli, même sans transfert de l'autorité
parentale.
Les mineurs isolés ont droit à la couverture maladie
universelle (CMU de base et complémentaire) à condition
d'être pris en charge par l'aide sociale à l'enfance (ASE
voir fiche p. 25) : les articles 7 et 20 de la loi
du 27 juillet 1999 relative à la CMU prévoient expressément
leur cas (« les mineurs en rupture familiale »).
Adresse utile :
- La plupart des CPAM ont un service chargé de gérer
le couverture maladie des jeunes mineurs pris en charge par l'ASE.
Pour Paris : Centre 324 - 175 rue de Bercy 75012 PARIS
01 40 19 53 11.
Les ayants droit, quelle que soit leur nationalité,
de ressortissants communautaires ou de Français
Les ayants droit (conjoint, concubin, enfant
) d'un assuré
social ressortissant d'un Etat membre de la Communauté européenne
sont dispensés de l'obligation de séjour régulier,
depuis le décret du 7 juillet 2000 qui a abrogé les articles
D 161-16 et 17 du CSS, mais seulement dans le cas où il
y a eu déplacement dans un autre Etat membre pour y exercer une
activité professionnelle.
Ainsi, l'épouse togolaise d'un assuré belge, vivant en
France, peut prétendre à une prise en charge par la sécurité
sociale française même si elle n'a pas de titre de séjour.
Les détenus
Les sans-papiers incarcérés sont couverts par l'assurance
maladie dans des conditions très restrictives :
-
la prise en charge ne concerne pas les ayants droit (enfant, conjoint,
etc.) vivant hors de l'enceinte carcérale ;
-
ils sont exclus du maintien des droits (voir supra) à
leur libération.
Les accidents du travail et les maladies professionnelles
Le fait d'être démuni d'autorisation de séjour
et/ou de travail ne fait pas obstacle au bénéfice des
prestations liées à un accident du travail ou une maladie
professionnelle. Aucune condition de régularité du séjour
et de travail n'est en effet exigée (voir fiche « Assurance
accident du travail »).
L'application des conventions internationales
Il faut ajouter à ces différentes exceptions, que la
condition de régularité de séjour est contraire
à un certain nombre de conventions internationales signées
par la France. On citera notamment la convention n° 118 de
l'OIT sur l'égalité de traitement en matière de
sécurité sociale, les conventions bilatérales de
sécurité sociale conclues avant l'entrée en vigueur
de la loi du 24 août 1993 qui a introduit l'exigence de la régularité
de séjour des étrangers pour la plupart des prestations
sociales. Voir Le Cahier juridique « La
protection sociale des étrangers par les textes internationaux »,
Gisti, février 2004, disponible au Gisti
Obstacles
En cas de blocage pour obtenir une protection maladie, la dispense
de soins gratuits est possible auprès des permanences d'accès
aux soins de santé (PASS) des hôpitaux publics.
Pour en savoir plus
Voir le guide du Gisti « La
protection sociale des étrangers en France » (La
Découverte 2002) et le Cahier juridique « La
protection sociale des étrangers en France après la création
de la CMU », septembre 2000, disponibles au Gisti.
Les organisations syndicales (voir fiche « Droit
d'association et droit syndical ») sont membres des conseils
d'administration des CPAM et siègent dans les commissions de
recours amiable et au tribunal des affaires de sécurité
sociale (TASS).
Adresses utiles :
-
Le COMEDE, hôpital de Bicêtre, 78 rue du Général
Leclerc, BP 31, 94272 Le Kremlin-Bicêtre cedex 01 45
21 38 40
-
Médecins du monde : 62 rue Marcadet 75018 Paris
01 44 92 15 15
-
Médecins sans frontières : 8 rue Saint Sabin
75011 Paris 01 40 21 29 29
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Dernière mise à jour :
27-12-2006 11:47
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