Note pratique « Sans-papiers
mais pas sans droits »
2ème édition, mars 2002
« Toute personne se trouvant sur le territoire national
doit accepter de se prêter à un contrôle d'identité »
(article 78-1 du Code de procédure pénale).
Ce contrôle doit être opéré dans certaines
conditions bien précises.
Il faut justifier son identité et présenter les pièces
et documents prouvant la régularité du séjour en
France.
Les mineurs doivent seulement pouvoir justifier de leur identité
et la preuve se fait par tous moyens (cartes de transport, licence de
sport...).
La vérification de l'identité et de la régularité
du séjour des étrangers peut avoir lieu dans deux cas :
-
Dans le cadre d'un contrôle d'identité de droit
commun :
Ces contrôles peuvent intervenir lorsqu'un indice fait présumer
que la personne a commis ou tenté de commettre une infraction,
qu'elle se prépare à commettre un crime ou un délit,
qu'elle est susceptible de fournir des renseignements utiles à
une enquête judiciaire, ou encore qu'elle fait l'objet de
recherches ordonnées par une autorité judiciaire.
Le contrôle d'identité peut également avoir
lieu pour prévenir une atteinte à l'ordre public.
-
Dans le cadre de contrôles spécifiques aux étrangers :
Les policiers doivent se fonder sur des « critères
objectifs » permettant de présumer que la personne
est de nationalité étrangère : la conduite
d'un véhicule immatriculé à l'étranger,
le port apparent d'un livre ou d'un écrit en langue étrangère....
En revanche, ni la tenue vestimentaire, ni l'apparence physique,
ni le fait de s'exprimer dans une langue étrangère,
ni a fortiori la couleur de peau ne justifient la réquisition
des documents de séjour.
Les officiers de police judiciaire et les agents placés sous
leur responsabilité sont les seuls à pouvoir contrôler
l'identité des personnes et ils doivent indiquer dans le
procès verbal d'interpellation les conditions dans lesquelles
ils ont procédé au contrôle d'identité.
Si la lecture du procès verbal fait apparaître que
les conditions légales du contrôle ne sont pas réunies,
ce point peut être soulevé devant le tribunal correctionnel
en vue d'obtenir la relaxe de l'étranger.
Lorsque le contrôle d'identité fait apparaître qu'un
étranger est en situation irrégulière, celui-ci
peut être conduit au poste ou au commissariat de police ;
il a le droit, dès le début, de prévenir ou
de faire prévenir par un policier sa famille ou une
personne de son choix.
L'étranger interpellé doit fournir au policier qui l'interroge
les éléments permettant d'établir son identité
(nom, adresse...). En cas de refus, il peut être procédé
à la prise d'empreintes digitales ou de photographies pour permettre
l'identification.
La procédure de contrôle d'identité ne peut pas
durer plus de 4 heures ; au delà de cette période,
les services de police peuvent placer l'étranger en situation
irrégulière en garde à vue, période qui
ne peut dépasser 24 heures, contrôle d'identité
compris. Elle peut être prolongée de 24 heures mais
au début et à la fin de la garde à vue, on lui
présente un procès verbal qu'il peut signer « sous
réserve » (en indiquant par exemple, au besoin dans
sa langue, qu'il n'a pas compris ce qui est écrit ou qu'il n'est
pas d'accord). Il a le droit de demander à être examiné
par un médecin et à voir un avocat dès le début
de la garde à vue.
Éviter de voyager sans titre de transport : les contrôleurs
RATP ne sont pas habilités à faire des contrôles
d'identité mais ils peuvent faire appel à des policiers
(officiers ou agents de police judiciaire).
Avoir toujours sur soi de quoi téléphoner en cas d'arrestation
(carte de téléphone, pièce de monnaie).
Lorsqu'il n'a pas été fait dans les formes prévues
par la loi, l'avocat peut obtenir du tribunal correctionnel la relaxe
de l'étranger poursuivi pour séjour irrégulier.
L'étranger en situation irrégulière risque une
peine d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à un an et/ou une
amende pouvant atteindre 25 000 FF. À l'issue de la
garde à vue, en cas de séjour irrégulier :
-
soit il est amené en préfecture où on lui
notifie un arrêté préfectoral de reconduite
à la frontière (APRF). À partir de l'heure
exacte de la notification, il a 48 heures pour déposer
un recours au tribunal administratif ; il a le droit de le
faire dans le local de police ou le centre de rétention.
-
soit il est déféré devant un tribunal correctionnel
qui le plus souvent prononce une peine de quelques mois de prison
ferme assortie d'une interdiction du territoire français
(ITF) ne pouvant dépasser trois ans.
Voir le modèle de recours contre un arrêté de reconduite
frontière dans la Note pratique « Que faire après un
refus de titre de séjour ? »,
Gisti, juin 2000.
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Dernière mise à jour :
28-05-2002 13:58
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