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En France depuis 8 ans, pacsée avec un Français (anonyme)
Je suis arrivée en France en 2006 dans le cadre de mes études. J’ai obtenu en 2008 mon DUT en Génie électrique et informatique industrielle et en 2009 ma licence.
J’ai entamé des études de master que je n’ai pas terminées à cause de problèmes financiers.
Fin 2009, j’ai rejoint mon compagnon que j’avais rencontré en 2007. Nous nous sommes pacsés en octobre 2011. A la suite de ce Pacs, j’ai demandé en octobre de cette année là le renouvellement de mon titre de séjour et le changement de mon statut en tant que partenaire de français.
Mon titre de séjour expirait le 28 novembre 2011. Ce n’est que le 4 avril 2012 que j’ai reçu mon premier titre de séjour Vie privée et familiale.
Au moment du renouvellement de ce titre vie privée et familiale, j’ai voulu déposer une demande de carte de résident. La guichetière me dit : « rendez-vous dans 3 ans ! ». Je lui demande c’est-à-dire en 2017 ? Elle répond oui, c’est ça. Pourtant je suis à plus de 4 ans de vie commune, 3 titres de séjour vie privée et familiale. Je travaille, de façon temporaire, mon conjoint de façon permanente... [ndlr : pour un partenaire de Français l’accès à la demande de carte de résident est subordonné aujourd’hui à un séjour de 5 ans sous couvert d’un titre de séjour Vie privée et familiale avec la preuve de ressources au moins égales au salaire minimum]
Le plus choquant dans l’histoire c’est de se retrouver toujours dans une situation difficile et précaire. Je me suis vu refuser un boulot pour durée de titre de séjour insuffisante. Le contrat était pour 6 mois et mon titre était valable à peine 3 mois.
Dernièrement une agence d’intérim m’a mise en fin de mission pour récépissé expiré et je n’ai pu reprendre le travail qu’après vérification auprès de la préfecture de Melun de l’authenticité du titre de séjour que je leur avais remis. Comment s’intégrer lorsque le système est conçu de façon à vous faire que des blocages à tout niveau ? On dirait que les personnes qui n’ont pas pu décrocher un emploi stable sont vouées à une torture administrative.
À cela il faut ajouter les difficultés à accéder aux accueils préfectoraux parisiens.
C’est une vraie angoisse quand approche la période de renouvellement de votre titre de séjour. Malheureusement pour nous autres, c’est une démarche à renouveler à peu près tous les 9 mois.
Pour renouveler son titre il faut sortir de chez soi à 3 h du matin et aller faire la queue en priant fortement d’être parmi les personnes qui seront reçues dans la journée. Ceci par temps d’hiver, de pluie, comme d’été ; pour moi ça été toujours en hiver. Il faut doubler les pull-over, les manteaux, emporter avec soi un parapluie et une chaise. Car au final, lorsque vous devez renouveler votre titre de séjour, il faut prévoir toute la journée ! Vous attendez de 4 h à 9 h voire 10 h, 11 h (on entre par vagues successives, selon que c’est le service naturalisation/étrangers ou le permis carte grise que vous sollicitez), vous priez d’avoir la force de supporter jusqu’au moment où l’on vous fait entrer. Vous espérez que l’ensemble des documents apportés comble les agents qui vont vous recevoir. Il ne faut pas oublier que c’est chacun qui décide des documents qu’il faut. J’ai plusieurs expériences de la sorte, où je suis venue sans la liste où l’agente m’avait demandé des pièces qui ne sont pas censées être fournies dans mon cas, et on m’a refait une liste différente. Ce qui prouve que chacun fait son interprétation de la loi à sa guise.
Fin avril, j’ai tenté d’outrepasser la barrière des agents d’accueil, j’ai donc fait une demande de carte de 10 ans, que j’ai envoyée à la préfecture en lettre recommandée et j’ai reçu l’accusé de réception. Jusqu’à ce jour, je n’ai pas encore eu de réponse de la préfecture. J’espère vraiment qu’au bout de 8 ans de présence en France, 4 ans de vie commune et 3 titres de séjour vie privée et familiale, je pourrai avoir un droit au séjour beaucoup plus long ! Ça me donnerait un vrai coup de pouce pour le travail.
C’est bien triste que le gouvernement n’apprécie pas les efforts d’intégration des étrangers qui n’ont pas pu encore se démarquer avec un contrat stable.