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AMNESTY INTERNATIONAL SECTION FRANÇAISE
http://www.amnesty.asso.fr
NOTE
SF 02 R 03
30 janvier 2002 Le
Centre de Sangatte est ouvert depuis septembre 1999. Dans un premier
temps, AISF, au regard de son mandat, ne s'est pas prononcée
sur cette situation car les autorités françaises reconnaissaient
ne pas pouvoir prendre le risque de reconduire vers leur pays les étrangers
hébergés, Afghans ou Kurdes pour la plupart. Néanmoins,
en 2001, AISF a publié deux communiqués de presse
en faisant le lien entre la situation de plus en plus désespérée
de ces personnes et, d'une part, le calendrier de rapprochement des
politiques d'asile au sein de l'Union européenne, d'autre part,
les difficiles conditions des demandeurs d'asile en France. AISF a ensuite
accepté l'invitation du directeur du Centre à venir se
rendre compte sur place et a organisé un programme de rencontres
avec les acteurs locaux, responsables du Centre, élus, représentant
de l'État et militants associatifs.
Le Centre de Sangatte a été ouvert en septembre 1999
pour héberger des étrangers cherchant à rejoindre
la Grande-Bretagne qui auparavant erraient dans la région. La
plupart de ces étrangers ne semblent pas désireux de demander
protection à la France et se trouvent en situation irrégulière
sur le territoire. Géographiquement, Calais-Sangatte est l'endroit
le plus rapproché de la Grande-Bretagne pour des passages par
ferry ou par le tunnel. Les contrôles étant de plus en
plus stricts [1], un goulot d'étranglement se forme et les
étrangers restent de plus en plus longtemps dans le Centre. Ce
Centre est à distinguer des Centres d'accueil pour demandeurs
d'asile (CADA) créés pour certains étrangers
venus demander protection à la France et des Centres provisoires
hébergement (CPH) réservés à certains,
une fois leur demande de statut de réfugié acceptée.
Un CADA a été récemment créé à
Cayeux, quelques dizaines des étrangers de Sangatte qui ont décidé
de déposer leur demande d'asile en France y ont été
transférés.
Les conditions de séjour des étrangers dans le Centre
de Sangatte sont pénibles, notamment en raison du froid qui règne
dans le hangar qui les abrite [2].
Un sentiment de grande solitude s'empare de beaucoup de ces personnes
en majorité célibataires dans un espace sans la moindre
intimité. La capacité prévue pour 700 personnes
ne permet pas d'accueillir dans des conditions sûres des populations
aujourd'hui deux fois plus nombreuses. La Croix-Rouge française
qui gère le Centre tente de faire le maximum mais le directeur
juge la situation « insoutenable » du fait
de bagarres plus fréquentes provoquées notamment par le
désespoir des personnes hébergées et l'allongement
de la durée de leur séjour. Les pouvoirs publics ne semblent
pourtant pas désireux d'améliorer les conditions d'accueil
des réfugiés de peur d'en attirer davantage.
Toutes les nuits, ils sont nombreux à tenter de passer en Grande-Bretagne
en prenant de grands risques. Le jour de notre venue, un Afghan est
décédé, électrocuté, en cherchant
à monter sur un train. Sept autres personnes avaient trouvé
la mort en 2001 en tentant de passer par le tunnel. Pour arriver à
Sangatte, ils ont souvent franchi trois mille kilomètres depuis
leur pays de départ. Ils ont en général été
exploités par des passeurs sans scrupules. Ils ont rencontré
bien des difficultés, couru d'autres risques. Leur voyage a pu
prendre de nombreux mois, certains ont été refoulés
brutalement par les polices des pays traversés. Les quelques
dizaines de kilomètres qui les séparent du pays qu'ils
cherchent à rejoindre ne les découragent pas facilement.
En outre, certains Afghans craignent que l'évolution dans leur
pays n'accélère des projets de rapatriement à partir
de certains pays européens. Lord Rooker, ministre de l'immigration
britannique, annonce déjà des vols vers Kaboul pour les
déboutés. De son côté, le Haut Commissariat
des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a signé
un accord avec le gouvernement intérimaire pour le retour à
partir du Pakistan et de l'Iran. En Australie, des centaines d'Afghans
poursuivent une grève de la faim dans un centre de détention
après l'annonce du gel de l'examen de leurs demandes du fait
de la chute du régime des Taliban, certains se sont cousus les
lèvres en signe de protestation contre les conditions de détention
inhumaines [3].
La situation de Sangatte est extraordinaire et, selon certains, unique
au monde car, dans leur fuite vers la Grande-Bretagne, des milliers
de réfugiés sont bloqués en un lieu bien déterminé,
entre deux pays du Nord et non pas comme fréquemment entre un
pays du Sud et un pays du Nord. Ils ne sont pas bloqués en tentant
d'entrer sur le territoire, comme dans la zone d'attente de l'aéroport
Charles de Gaulle de Roissy, mais en cherchant à passer d'un
pays d'asile à un autre. Certes, bien des frontières sont
autrement plus dangereuses à franchir pour ceux qui fuient. Selon
les continents, les crises et les époques, il s'agit de montagnes
enneigées pour des Tibétains, d'océans pour des
boat people vietnamiens, haïtiens ou cubains, de déserts
ou de forêts inhospitalières pour des Africains, de barrières
de la séparation des deux Allemagnes avant 1989, de rangées
de grillages entre le Mexique et les États-Unis ou autour des
enclaves espagnoles au Maroc.
La situation de Sangatte n'a rien d'extraordinaire car des réfugiés
passent d'un pays à l'autre tous les jours depuis la suppression
de contrôles aux frontières intérieures au sein
de l'Union européenne. Des Sierra Léonais débarqués
à Roissy rejoignent leur famille aux Pays-Bas. Des Bosniaques,
des Kurdes et des Kosovars venus par l'Italie ont été
nombreux à traverser la France ces dernières années
sans s'y arrêter. Beaucoup des Kurdes arrivés en avril 2001
à bord de l'East Sea sur les plages de Fréjus sont aujourd'hui
en Allemagne. Aucun système de sécurité sophistiqué
ne les a bloqués, aucun « Sangatte » ne les
a rendus visibles.
Selon le sociologue Smaïn Laacher [4], la plupart des réfugiés ne pensaient pas se
rendre en Grande Bretagne en quittant leur pays. Pourtant, aujourd'hui,
ce pays semble être pour beaucoup le seul but. Leurs raisons sont
diverses : présence d'une famille ou d'une communauté
outre Manche, perception de meilleures conditions d'accueil, moindre
risque de renvoi jusqu'à présent, droit de travailler
après six mois de procédure. L'un des motifs probables
est également la crise réelle de l'asile en France et
l'information que beaucoup en ont.
Le maire de Sangatte, André Ségard, ressent un sentiment
d'insécurité croissant chez certains de ses 800 administrés.
Sans relever de délits ou violences notables, il mentionne des
incivilités ou difficultés de cohabitation. Les étrangers
traversent des champs et coupent des clôtures pour faciliter leurs
déplacements. Des intrusions dans des propriétés
privées sont également relevées. Les réfugiés
se déplacent généralement en groupe, ce qui accentue
le sentiment d'insécurité de la population sangattoise.
Paradoxalement, d'après le témoignage d'un réfugié,
ceux-ci se déplacent souvent à plusieurs car ils ont eux-mêmes
le sentiment qu'une partie de la population leur est hostile.
D'autres réactions de rejet des demandeurs d'asile, par des
élus ou les populations locales, existent ailleurs en France.
À Fontainebleau, le maire, en offrant ses vux à
ses administrés dans le bulletin d'information de la mairie,
regrettait de devoir leur annoncer « la mauvaise nouvelle »,
en l'occurrence « Fontainebleau va devenir (...) un
centre d'hébergement permanent pour demandeurs d'asile. ».
La presse locale a repris ses propos, le maire « ne veut
pas d'un nouveau Sangatte ». De même, une délégation
interministérielle, chargée de prospecter des sites pour
l'accueil de demandeurs d'asile, a dû renoncer à visiter
un ancien centre de formation dans la Gironde. Deux cents personnes
manifestaient leur opposition : « une annexe de Sangatte
est une mauvaise idée » [5].
À chaque fois, la raison invoquée pour le refus est une
meilleure utilisation prévue pour les locaux concernés.
Inquiètes de la crise de l'asile en France, les associations
regroupées au sein de la Coordination pour le droit d'asile
ont adressé aux pouvoirs publics leurs 10 recommandations
en octobre 2001. Reçues au cabinet du Premier ministre le 10 décembre,
elles ont regretté l'absence de réponses devant « la
dégradation dramatique des conditions de vie des demandeurs ».
Des audits sont en cours, les conseillers du Premier ministre nous
demandent d'attendre leurs résultats. Des milliers de demandeurs
d'asile continuent à attendre jusqu'à huit mois l'enregistrement
formel de leur dossier dans certaines préfectures, sans aucune
aide. Malgré des moyens supplémentaires obtenus ces deux
dernières années, l'Office français de protection
des réfugiés et apatrides (OFPRA), a accru son « stock »
de dossiers en attente de quelque 10 000 demandes en 2001 [6].
Davantage de demandeurs se retrouveront sans allocation mensuelle car
son versement est limité à une seule année. Quant
à ceux qui peuvent avoir une chance d'être hébergés
dans un Centre d'accueil pour demandeurs d'asile, la liste s'allonge.
Certains, en difficulté, commencent à venir chercher à
Sangatte au moins le gîte et le couvert qu'ils n'ont pas
trouvé ailleurs, dans différentes régions de France.
En six ans, moins d'un millier d'Afghans ont demandé à
bénéficier de la protection de la Convention de Genève
en France. Ils ont été 70 % à se voir attribuer
le statut de réfugié. Dans le même temps, l'Iran
et le Pakistan accueillent depuis de nombreuses années 4 millions
d'Afghans.
Des situations telles que Sangatte ne sont pas oubliées dans
les travaux de rapprochement des politiques d'asile au sein de l'Union
européenne (UE).
En adoptant le Traité d'Amsterdam, les États membres
de l'Union se sont engagés à rapprocher leurs politiques
dans de nombreux domaines, parmi lesquels l'asile. Malheureusement,
les Quinze ont davantage travaillé sur les mesures visant à
restreindre l'accès à leur territoire que sur les garanties
à offrir aux réfugiés. Aujourd'hui, l'une de leurs
priorités est l'examen du projet de la Commission européenne
visant à définir des garanties « minimales »
pour l'accueil des demandeurs d'asile. Les discussions actuelles
ont pour idée sous-jacente d'éviter d'être plus
attractif que le voisin de peur d'en attirer trop. Il est à craindre
que les ministres décident de supprimer le droit au travail pour
les demandeurs d'asile dans tous les États membres.
Un autre projet est le remplacement de la Convention de Dublin par
un nouveau texte parfois appelé « Dublin II ».
La Convention de Dublin a deux objectifs : interdire à un
demandeur rejeté par un premier État membre de s'adresser
à un second et définir des critères désignant
l'État qui examinera chaque demande. La Commission européenne
recommande de conserver le même principe : l'État
qui a remis un visa à un étranger ou qui a été
« défaillant » en le laissant entrer
est « responsable » de la demande d'asile
éventuelle. Un demandeur ne peut plus choisir le pays où
trouver une protection, il doit s'adresser à l'État membre
grâce auquel il a accédé au territoire.
Amnesty International a demandé que le principe qui fonde l'actuel
système soit abandonné, dans la mesure où il utilise
des instruments liés au contrôle de l'immigration pour
traiter un problème d'une nature différente, le respect
par les États des obligations découlant du droit international
des réfugiés et des droits de l'homme [7]. En attribuant la responsabilité de l'examen d'une
demande à l'État membre qui a délivré un
visa ou à celui qui a été défaillant dans
le contrôle de ses frontières extérieures, les États
membres sont encouragés à adopter et mettre en uvre
des mesures restrictives pour l'accès des réfugiés
au territoire et aux procédures. La protection effective du droit
d'asile et du principe absolu de non-refoulement exige l'accès
au territoire des pays d'asile, ainsi que l'accès à des
procédures d'asile justes et efficaces. Une réglementation
commune en matière d'asile serait dépourvue de tout son
sens si les intéressés ne peuvent pas accéder à
cette protection.
Sangatte n'est pas oubliée dans « Dublin II » :
la Commission propose de responsabiliser aussi l'État « qui
a sciemment toléré la présence irrégulière »
d'un étranger plus de deux mois. Pourtant, comme le reconnaît
une récente étude de la Commission, « de
nombreux étrangers préfèrent se trouver en situation
irrégulière dans un pays où ils peuvent compter
sur la présence d'une communauté de même origine,
a fortiori lorsqu'il s'agit de parents, plutôt que de voir leur
demande d'asile examinée dans un État où ils ne
disposent pas du même réseau de relations » [8].
-
Les gouvernements français et britannique se rencontrent
régulièrement pour chercher une solution. Élisabeth
Guigou s'est rendue à Londres le 21 janvier pour rencontrer
le ministre de l'Intérieur David Blunkett. Une déclaration
informelle commune a été commentée : le
Centre ne sera pas fermé « dans l'immédiat »,
« des mesures seront annoncées quand on sera
en mesure de les appliquer » [9]
. Selon Madame Guigou « si le Centre était fermé,
trop de monde se retrouverait dans les rues à Calais, c'est
une situation inacceptable ». Le calendrier des travaux
de rapprochement des politiques d'asile en Europe, les élections
prochaines en France, l'évolution de la situation dans les
pays d'origine des réfugiés hébergés
à Sangatte, en particulier en Afghanistan, les décisions
prises en Grande-Bretagne concernant les Afghans, sont autant d'éléments
qui vont peser dans les décisions à prendre à
court et moyen terme.
Les étrangers hébergés à Sangatte ont
besoin d'aide et la décision de ne pas fermer le Centre est
assurément une bonne décision tant qu'une meilleure
solution n'est pas trouvée. Les autorités françaises
ont d'ailleurs reconnu ne pas pouvoir prendre le risque de reconduire
vers leur pays les étrangers hébergés, Afghans
ou Kurdes pour la plupart. Ces personnes ont droit à
l'examen de leur demande d'asile par une procédure sûre,
en Grande-Bretagne, en France ou dans un autre pays et à
des conditions de vie décentes pendant l'examen de leur demande.
-
Les conditions de séjour actuelles dans le Centre de Sangatte
sont pénibles, les conditions de travail du personnel d'accueil
et d'encadrement sont difficiles, un sentiment d'insécurité
existe chez certains riverains. Dans l'attente de solutions à
moyen ou long terme, élaborées entre la France et
la Grande-Bretagne ou au niveau européen, les conditions
d'accueil dans le Centre devraient être rapidement améliorées
et tenir compte du nombre de personnes hébergées.
-
Il n'est pas contesté que la seule commune de Sangatte
ne pourra résoudre la situation qui perdure dans ce Centre.
Les acteurs ayant vocation à se prononcer sur la situation
à Sangatte sont nombreux : élus locaux, pouvoirs
publics, milieu associatif, mais aussi décideurs au niveau
national et européen. Certaines solutions sont recherchées
à moyen et long terme, d'une part, entre les gouvernements
français et britannique, d'autre part, au niveau de l'Union
européenne. Les acteurs locaux devraient être informés
des éléments en discussion à ces niveaux afin
de mieux faire comprendre la raison de la présence à
Sangatte de ces personnes.
-
Au niveau de l'Union européenne, des travaux visent à
la révision de la Convention de Dublin, dans le but de déterminer
la responsabilité d'un État membre pour l'examen d'une
demande d'asile. Amnesty International recommande à nouveau
que le système actuel soit modifié et que la responsabilité
de l'examen soit attribuée à l'État membre
devant lequel la demande est introduite. La Commission européenne
soulignait d'ailleurs les limites de l'approche actuelle :
« l'approche qui consiste à attribuer la responsabilité
en fonction de l'endroit où la première demande a
été introduite présente le mérite de
la clarté ... elle nécessiterait une harmonisation
dans d'autres domaines tels que les procédures d'asile, les
conditions d'accueil, l'interprétation de la définition
du terme réfugié et la protection subsidiaire » [10].
a) Le Centre a été ouvert le 24 septembre 1999 à
500 mètres de la station balnéaire de Sangatte où
vivent environ 800 habitants permanents : il s'agit d'un hangar
d'une superficie de 25 000 m² construit en tôles, d'où
les problèmes d'isolation et d'insonorisation permanents. Ce
hangar permettait le stockage du matériel français pendant
le forage du tunnel sous la Manche.
La gestion est assurée par la Croix-Rouge sur financement de
la Direction de la population et des migrations (DPM) du ministère
de l'emploi et de la solidarité.
Personnel engagé : 1 salarié pour 120 personnes :
75 permanents : 3 cadres, 8 pour l'accueil (informations
sur les services, transports...), 4 médiateurs, 5 équipes
de 7 polyvalents (nettoyage, entretien, sécurité...),
8 pour la cuisine, 3 à l'équipe technique, 3 pour
les services médicaux ; ainsi qu'une vingtaine de bénévoles.
Sous le hangar : zone administrative avec les bureaux de la Croix
rouge à l'entrée et zone de vie des réfugiés :
cabines dortoirs pour les réfugiés, quelques jeux d'enfants
et tables pour les activités de dessin, quelques dizaines de
chaises dans l'espace télé/vidéo, espace cuisine
et réfectoire, terrain de football et paniers de basket, coin
mosquée avec tapis, 14 douches, 14 toilettes, distributeur,
machines à laver le linge et 4 cabines téléphoniques
à l'extérieur.
Trois repas chauds sont distribués chaque jour, un service médical
est assuré par trois infirmières et des médecins
bénévoles en nombre insuffisant (36 étudiants
se relaient le samedi à raison de 4 par samedi). Il n'y
a pas d'instituteur présent sur place, une animation pour les
enfants et des cours de français pour les volontaires sont organisés
par des bénévoles.
b) Capacité d'accueil :
Le Centre est prévu pour 7 à 800 personnes ;
il met à leur disposition des lits en toile répartis en
22 cabines de 30 à 35 places, sortes de baraques
de chantiers équipées d'un chauffage. Lorsque le nombre
dépasse cette capacité, les étrangers sont plus
nombreux dans les baraques, jusqu'à 50, ou sont logés
sous des tentes non chauffées (400 lits).
La Croix-Rouge a accueilli jusqu'à 1800 personnes dans
le centre, ce chiffre étant estimé en fonction du nombre
de repas servis. Selon le directeur, Michel Derr, « la
situation est alors ingérable et insoutenable, les bagarres se
rapprochent, nous avons alerté le ministère afin de limiter
la capacité à 800 ».
Le centre tient un registre des personnes accueillies, selon leurs
déclarations : l'installation se fait sans formalité
particulière.
Les nationalités les plus représentées dans
le Centre sont les Afghans, les Irakiens, les Iraniens, les Kurdes.
Environ 46 000 étrangers y auraient séjourné
depuis son ouverture en 1999. Il s'agit en majorité d'hommes
seuls ; environ 10 % de femmes, les familles sont minoritaires.
Pendant 9 mois, l'Organisation internationale des migrations (OIM)
a fait diffuser dans le centre une cassette sur les conditions d'accueil
des étrangers en Angleterre dans le but de proposer une aide
aux retour aux volontaires : seule une vingtaine de personnes en
aurait profité.
Autour du Centre, les CRS exercent une présence passive 24 heures
sur 24. Ils ne procèdent pas à des contrôles ou
à des interpellations : apparemment, seuls les passagers
de véhicules immatriculés hors département seraient
contrôlés dans un but de répression des passeurs.
Aux alentours de l'enceinte du tunnel, la PAF procède à
des contrôles ; un formulaire est rempli consignant les déclarations
des personnes sur leurs nationalité, identité, itinéraire.
Ces personnes sont ensuite relâchées, voire reconduites
au Centre.
Les tentatives de franchissement du tunnel se sont intensifiées
fin décembre 2001 : 130 étrangers se sont
introduits dans le tunnel et 40 d'entre eux ont été
interpellés et placés en garde à vue, les autres
reconduits vers Sangatte. En raison du renforcement des contrôles,
les hommes seuls mettraient désormais environ 6 semaines
pour passer en Angleterre, les familles environ 6 mois ; un
Afghan présent depuis 3 mois nous dit avoir tenté
déjà 60 fois. 7 personnes ont trouvé
la mort en 2001 en tentant de franchir le tunnel sous la Manche. Il
y a également eu plusieurs amputations. Le jour de notre venue
à Calais, un Afghan a tenté de monter sur un train et
est mort électrocuté. Les Afghans du Centre se seraient
cotisés afin de financer le rapatriement du corps dans son pays.
Le dépôt d'une demande d'asile en France se fait à
la préfecture d'Arras, à 120 km, ou à celle
de Lille. Seules environ 300 personnes présentes dans le
Centre auraient déposé une demande. Une information en
anglais est apposée sur le panneau à l'entrée du
centre : « Making asylum applications in France. ...
definition of the refugee Geneva Convention .. you need photos, adress
... staff can help you and provide information ».
Voir aussi :
Notes
[1] Voir par exemple le
protocole de Sangatte et
son protocole additionnel, JO du 6 juin 2001.
[2] La chaleur de l'été
doit également être éprouvante sous ce hangar.
[3] Communiqué d'Amnesty
International Australie du 21 janvier 2002.
[4] Sociologue menant depuis
octobre 2001 une enquête approfondie sur les réfugiés
présents à Sangatte.
[5] Dépêche
AFP du 24 janvier 2002.
[6] En France, le nombre
de demandes d'asile toutes nationalités est passé de 30
907 en 1999, à 38 747 en 2000 et environ 48 000 en 2001.
[7] Révision de la
Convention de Dublin, commentaires sur le document de travail de la
Commission européenne, octobre 2000.
[8] Document de travail
des services de la Commission relatif à l'évaluation de
la Convention de Dublin, 13 juin 2001.
[9] Dépêche
AFP du 21 janvier 2002.
[10] Document de travail
de la Commission relatif au réexamen de la convention de Dublin,
21 octobre 2000, p.56.
Dernière mise à jour :
5-02-2002 11:00
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Cette page : https://www.gisti.org/
doc/actions/2002/amnesty/communique.html
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