AMNESTY INTERNATIONAL SECTION FRANÇAISE
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Sangatte : la fermeture
n'est pas une solution
SF 02 R 05
1er février 2002 Alors
que le tribunal administratif de Lille examine aujourd'hui une nouvelle
requête d'Eurotunnel pour obtenir la fermeture du Centre de Sangatte,
Amnesty International souligne que cette situation constitue un cas
exemplaire des difficultés résultant des pratiques françaises
et européennes en matière de droit d'asile. Dans ce contexte,
il est illusoire de penser que la fermeture de Sangatte résoudrait
en elle-même des problèmes bien plus vastes sur lesquels
Amnesty International vient de faire un certain nombre de recommandations
aux ministres français de l'Intérieur et de l'Emploi et
de la Solidarité.
Après une rencontre à Londres le 21 janvier, Élisabeth
Guigou et David Blunkett, ministre britannique de l'Intérieur,
ont annoncé que Sangatte ne serait pas fermé dans
l'immédiat. Amnesty International estime qu'il s'agit d'une bonne
décision tant qu'une meilleure solution n'est pas trouvée
et reconnaît d'ailleurs avec satisfaction que le gouvernement
français a considéré ne pas pouvoir prendre le
risque de reconduire vers leur pays les étrangers hébergés,
Afghans ou Kurdes pour la plupart.
Les conditions de séjour actuelles dans le centre de Sangatte
sont particulièrement pénibles. Les conditions de travail
du personnel d'accueil et d'encadrement y sont difficiles et un sentiment
d'insécurité existe parmi une partie de la population
locale. Dans l'attente de solutions à moyen ou long terme, élaborées
entre la France et la Grande-Bretagne ou au niveau européen,
Amnesty International demande que les conditions d'accueil soient améliorées
et tiennent davantage compte du nombre de personnes présentes.
Au sujet des travaux visant à la révision de la Convention
de Dublin [1] dans le cadre de l'Union
européenne, Amnesty International recommande que la responsabilité
de l'examen d'une demande d'asile soit attribuée à l'État
membre devant lequel la demande est introduite. Amnesty International
estime en effet qu'il n'est pas souhaitable que les procédures
d'asile restent tributaires des instruments de la politique d'immigration.
Nous craignons qu'en attribuant la responsabilité de l'examen
d'une demande à l'État membre qui a délivré
un visa ou à celui qui a été « défaillant »
dans le contrôle de ses frontières extérieures,
les pays de l'Union ne soient encouragés à adopter et
mettre en uvre des mesures restrictives pour empêcher l'accès
des réfugiés à leur territoire et à la protection
à laquelle ils ont droit.
Ces recommandations s'ajoutent à celles déjà adressées
au Premier ministre en octobre 2001 par la Coordination pour le droit
d'asile [2] sur l'ensemble de
la situation de l'asile aujourd'hui. Le 10 décembre, la
Coordination a exprimé sa déception lorsque les
conseillers du Premier ministre se sont contentés de nous demander
d'attendre les résultats des audits en cours.
Quelques jours après la rencontre entre Madame Guigou et Monsieur
David Blunkett, le ministre britannique de l'immigration annonçait
un prochain renvoi des déboutés afghans vers leur pays.
Amnesty International s'inquiète de cet empressement alors que
la situation n'est pas stable dans la région et a également
demandé si une telle décision était envisagée
en France ou au niveau de l'Union européenne.
Voir aussi :
Notes
[1] Cette Convention a deux
objectifs : interdire à un demandeur d'asile rejeté
par un premier Etat membre de s'adresser à un second et définir
des critères désignant l'Etat qui examinera chaque demande.
Un demandeur ne peut donc plus choisir le pays où trouver une
protection.
[2] Collectif de 20 associations,
dont fait partie Amnesty International, agissant pour le respect du
droit d'asile.
Dernière mise à jour :
4-02-2002 17:50
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Cette page : https://www.gisti.org/
doc/actions/2002/amnesty/communique.html
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