Comment obtenir
des indemnités de l'administration
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L'administration, lorsqu'elle a été condamnée
au paiement d'une somme d'argent, doit la verser dans un délai
de quatre mois, et ceci même si elle fait appel. Dans le cas contraire,
il existe plusieurs procédures pour obliger l'administration
à exécuter la décision de justice.
Lorsque le jugement est définitif (c'est-à-dire si l'administration
n'a pas fait appel ou si la décision émane de la juridiction
d'appel), et si le montant de la somme due par l'administration est
fixé dans la décision de justice, on peut saisir le comptable
public responsable de la dépense qui doit procéder au
paiement sur présentation du jugement, à condition que
4 mois se soient écoulés depuis la notification de
la décision de justice.
On peut aussi signaler au juge qui a rendu la décision les difficultés
rencontrées pour faire exécuter ce jugement.
-
Si le jugement du tribunal administratif est définitif,
c'est à lui qu'il faut s'adresser.
-
Si le jugement a été frappé d'appel ou si
la condamnation a été prononcée par la juridiction
d'appel (cour administrative d'appel), c'est à elle qu'il
faut s'adresser.
La demande ne peut être présentée qu'à l'expiration
d'un délai de trois mois à compter de la notification
du jugement ou de l'arrêt. Elle est déposée au greffe
du tribunal ou de la cour ou adressée par voie postale.
Dans la demande, il faut préciser les difficultés rencontrées
pour l'exécution de la décision en joignant une copie
de cette décision. On peut aussi demander que les mesures d'exécution
prescrites soient assorties du prononcé d'une astreinte.
Le président du tribunal ou de la cour accomplira les démarches
nécessaires pour assurer l'exécution de la décision
de justice. Il prendra contact avec l'administration concernée
et l'invitera à s'expliquer sur le retard qu'elle a pris. S'il
l'estime nécessaire, il prescrira des mesures d'exécution
et pourra notamment prononcer une astreinte.
L'astreinte consiste à prévoir qu'une somme d'argent
sera due par l'administration si elle ne respecte pas le délai
qui lui a été fixé pour exécuter la décision
de justice. Si l'administration ne respecte pas ce délai, il
est donc possible de saisir à nouveau le juge en lui demandant
de « liquider » l'astreinte, c'est-à-dire
de condamner l'administration à payer une somme dont le montant
sera fonction du nombre de jours de retard.
On peut enfin saisir le médiateur qui, après avoir examiné
l'affaire, peut lui aussi intervenir auprès de l'administration,
et lui faire des recommandations, voire lui adresser une injonction,
c'est-à-dire l'ordre d'exécuter le jugement ; et
même si cet ordre est en pratique dépourvu de sanction
véritable, il s'agit là d'une pression morale qui peut
s'avérer efficace [3].
La seule hypothèse de saisine du juge judiciaire civil est celle
de la « voie de fait », c'est-à-dire un acte
administratif portant atteinte à une liberté fondamentale
et manifestement illégal parce qu'il ne correspond pas à
un pouvoir dont dispose l'administration (par exemple, expulsion ou
reconduite à la frontière d'un ressortissant français ;
poursuite de la rétention malgré l'annulation de l'arrêté
préfectoral de maintien dans un local non pénitentiaire
par le président du tribunal administratif ; retrait illicite
de certificat de nationalité française ou de passeport
prétendument délivrés à tort ; voire
retrait illicite de titre de séjour à un étranger
bénéficiaire de ce titre de plein droit ; etc.).
Dans ce cas, l'intéressé peut saisir :
-
soit le président du tribunal de grande instance, statuant
selon la procédure d'urgence du référé
(celui dont relève territorialement le préfet concerné,
celui de Paris si l'acte émane d'un ministre) ; ce juge
peut constater la voie de fait, enjoindre à l'autorité
administrative, auteur de la décision illicite, d'y mettre
fin ; et accorder au demandeur une indemnité provisionnelle
à valoir sur son préjudice, ensuite fixé par
le juge du fond, c'est-à-dire le tribunal de grande instance.
Cette hypothèse suppose que la violation du droit soit toujours
en cours au moment où on saisit le président du TGI
en urgence.
-
soit le tribunal de grande instance lui-même, aux mêmes
fins, au besoin par une procédure à jour fixe permettant
d'obtenir un jugement à bref délai.
Une demande préalable d'indemnité à l'administration
n'est pas indispensable et le juge judiciaire peut être saisi
directement. Cependant, il est recommandé d'adresser tout d'abord
une lettre recommandée avec avis de réception à
l'autorité administrative auteur de la décision, lui exposant
en quoi celle-ci est constitutive d'une voie de fait, et lui demandant
de l'abroger (si elle est en cours) tout en lui indiquant qu'à
défaut, le juge judiciaire sera saisi.
Mais il faut se rappeler que cette procédure, qui impose la
constitution d'un avocat compétent, n'est envisageable que dans
de rares hypothèses d'atteintes manifestes à la liberté
individuelle.
Ont collaboré à la rédaction de ce document
Jean-Pierre Alaux, Olivier Coudray, Didier Liger et Danièle
Lochak. Marc Fromentin a réalisé la mise en page de la
version imprimée.
Notes
[3] Pour savoir comment
saisir le médiateur, voir le Guide des étrangers
face à l'administration,
Gisti/Syros 1997.
Dernière mise à jour :
12-03-2002 14:06
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Cette page : https://www.gisti.org/
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