Plein Droit n° 14, juillet 1991
« Quel droit à
la santé pour les immigrés ? »
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travailleurs immigrés
face aux atteintes professionnelles »
En janvier
1989, le Réseau d'Information et de Solidarité [1]
a fait des propositions de modifications législatives et réglementaires.
Ces propositions devraient permettre de tendre vers l'égalité
des droits en respectant les conventions internationales ratifiées
par la France, notamment dans le cadre de l'Organisation internationale
du Travail.
Les migrants sont plus touchés que les Français par les
accidents du travail et les maladies professionnelles, et surtout les
conséquences s'avèrent beaucoup plus lourdes, dans la
mesure où ils souffrent d'un mauvais reclassement professionnel.
Ils bénéficient des mêmes droits que les Français
dès lors que eux et leur famille résident en France.
Par contre, si les familles des assurés sont au pays d'origine,
elles ne touchent aucune indemnité, sauf convention internationale
contraire.
Et surtout, si les migrants accidentés du travail ou victimes
d'une maladie professionnelle quittent la France, ils perdent leur droit
au suivi médical et à la prise en charge des soins, appareillages,
prothèses... Ils n'ont plus droit également au versement
de la rente, remplacée par un capital équivalent à
trois années de rente et versé à leur départ.
Le Réseau propose de modifier les articles L 434-20
et R 434-38 du code de la sécurité sociale et de :
-
Prendre des mesures assurant un réel reclassement professionnel
des migrants par le développement de cycles de formation
spécifiques plus longs, prenant en compte leur faible niveau
de qualification professionnelle.
-
Uniformiser les droits de membres de famille ayants droit,
quel que soit leur lieu de résidence (y compris pour le capital
décès).
-
Garantir aux victimes d'accident du travail ou de maladie professionnelle
la prise en charge des soins et du suivi médical (appareillages...),
même s'ils ne résident plus en France.
- Leur donner la possibilité de transférer leur
rente s'ils décident de quitter la France.
Le versement de l'allocation aux adultes handicapés dépend
de la nationalité. En sont donc exclus les étrangers,
sauf si les pays dont ils sont ressortissants ont signé avec
la France une convention spécifique : CEE, Suède,
réfugiés et apatrides. Ce, en violation totale du principe
de l'égalité de traitement consacré par un certain
nombre de conventions internationales que la France a ratifiées.
Le Réseau propose d'accorder l'AAH aux ressortissants étrangers
par application de la Convention 118 de l'OIT, ce qui suppose de
modifier l'article L 821-1 du code de la sécurité
sociale.
Le versement de l'« allocation compensatrice »,
prestation d'aide sociale, est subordonné à une condition
de quinze ans de résidence, sauf convention internationale
plus favorable (art. 39 du code de la famille et de l'aide sociale)
Le Réseau propose d'attribuer cette allocation aux étrangers
résidant en France dans les mêmes conditions qu'aux Français.
Notes
[1] Le Réseau d'Information
et de Solidarité est composé des associations suivantes :
Accueil et Promotion, CAIF, CIEMI, CLAP, CIMADE, FASTI, GISTI, GREC,
MRAP, Pastorale des migrants. Son siège est : 46, rue de
Montreuil 75011 Paris
Dernière mise à jour :
25-07-2001 9:48.
Cette page : https://www.gisti.org/
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