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COMMUNIQUÉ
Sur
la réforme annoncée du régime de l'expulsion des
étrangers
et de la procédure contentieuse
14/06/2004
Après que le juge des référés
du tribunal administratif de Lyon ait, par ordonnance du 23 avril 2004
confirmée le 26, suspendu l'exécution de l'arrêté
ministériel d'expulsion pris à l'encontre de l'imam de
Vénissieux (ressortissant algérien séjournant régulièrement
en France depuis 1980, père de 16 enfants français dont
10 mineurs) par M. SARKOZY le 26 février et mis à exécution
par M. de VILLEPIN le 21 avril, ce dernier s'est immédiatement
dit prêt à modifier la loi si le Conseil d'État
devait confirmer la décision du premier juge.
Puis, dans une interview publiée par le journal Le Figaro du
13 mai 2004, il est allé jusqu'à envisager de faire
du Conseil d'État « le juge en première et dernière
instance des questions d'expulsion pour motif terroriste »
et de créer des magistrats administratifs spécialisés
en la matière.
Dès le 8 juin 2004, une proposition de loi signée notamment
par le président de la commission des lois de l'Assemblée
Nationale a été déposée, relative aux conditions
permettant l'expulsion des personnes visées à l'article
26 de l'ordonnance du 2 novembre 1945. Il s'agit d'étendre les
exceptions à la protection contre l'expulsion, telles que résultant
de la loi du 26 novembre 2003 (comportements de nature à
porter atteinte aux intérêts fondamentaux de l'État,
ou liés à des activités terroristes, ou constituant
des actes de provocation à la haine ou à la violence à
raison de l'origine ou de la religion des personnes), aux étrangers
ayant eu un comportement «constituant des actes de provocation
explicite et délibérée à la discrimination,
à la haine ou à la violence contre une personne déterminée
ou un groupe de personnes ».
Cette proposition sera examinée en première lecture dès
le 17 juin 2004, soit à peine neuf jours après son
dépôt.
Les déclarations du ministre de l'Intérieur constituent
une marque de défiance scandaleuse envers les juridictions administratives
du premier degré et on peut en outre s'étonner qu'un projet
de réforme de la justice administrative soit initié par
le ministre de l'Intérieur et non par le ministre de la Justice,
étrangement taisant en l'état.
De même, la proposition de loi de M. CLÉMENT, examinée
avec une stupéfiante célérité, remet gravement
en cause les principes de limitation de la double peine issus de la
loi SARKOZY du 26 novembre 2003 dont l'encre est à peine sèche.
Les signataires s'indignent qu'au prétexte de la lutte contre
les menaces terroristes pour laquelle existe déjà un large
arsenal législatif souvent dérogatoire, le gouvernement
cherche à nouveau à limiter l'accès effectif au
juge par une nouvelle procédure d'exception, situation inacceptable
dans un état de droit.
Le 14 juin 2004
Signataires : SAF (syndicat des avocats de France),
SM (Syndicat de la magistrature), LDH (Ligue
des droits de l'homme), GISTI, CIMADE.
Voir aussi :
Dernière mise à jour :
17-06-2004 12:33
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Cette page : https://www.gisti.org/doc/actions/2004/saf/index.html
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