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COMMUNIQUÉ
Le bilan social de deux ans
de gouvernement Raffarin
Jean-Pierre Raffarin,
« kamikaze du Medef » ?
28/07/2004
Il y a plus dun an le RAI publiait
un premier bilan de laction de J.P. Raffarin à Matignon
: « tout est à
eux », disions nous alors. Depuis les mobilisations sociales
et les résultats des consultation électorales ont largement
confirmé notre analyse : les gouvernements Raffarin, I, II ou
III, mènent une politique au service dintérêts
particuliers, comme aucun gouvernement na osé le faire
en France dans les décennies récentes. Dans quasiment
tous les domaines de laction publique ils ont entrepris de saper
systématiquement les garanties sociales, en complète contradiction
avec les attentes de la population et au mépris des circonstances
de lélection de J. Chirac en avril-mai 2002 avec 83 %
des suffrages.
Avec ce 2è « Bilan Raffarin »,
le RAI souhaite reconstituer la cohérence de la politique menée
depuis deux ans par ces gouvernements issus du 21 avril et du 6 mai
2002. Loin de viser une réduction de la « fracture sociale
», laction de J.P. Raffarin à linstigation
de J. Chirac est la juxtaposition de déclarations ronflantes
sur la cohésion sociale, et dinnombrables mesures qui fragilisent
les plus fragiles et aggravent les inégalités. Ce mensonge
permanent, les électeurs lont sévèrement
sanctionné lors des récentes élections régionales
et européennes. Pourtant rien ne semble devoir arrêter
ce gouvernement : tout se passe comme si J.P. Raffarin, en kamikaze
du Medef, avait décidé de terminer le « sale
boulot » avant de passer la main à un successeur mieux
en mesure de préparer pour la droite les élections de
2007. Depuis ses débuts, toute la politique économique
et sociale de J.P. Raffarin sert les seuls intérêts de
sa clientèle, pour lessentiel le petit, moyen et grand
patronat français, et les couches moyennes salariées ou
indépendantes. En même temps quil multiplie les cadeaux
à sa clientèle, ce gouvernement déploie une démagogie
sécuritaire pour montrer à la « France den
bas » quil soccupe des « vrais » problèmes,
cest-à-dire de cette insécurité si soigneusement
montée en épingle par les grands médias lors de
la campagne électorale de 2002. Cest pourquoi ce gouvernement
multiplie les boucs émissaires : immigrés, prostituées,
Roms, consommateurs de cannabis ou filles voilées (quoi quon
pense du débat sur la laïcité à lécole)
sont autant de cibles faciles qui permettent de détourner lattention
des conséquences de ses politiques sociales. Libéralisme,
clientélisme et caporalisme sont les trois ressorts de laction
gouvernementale. Avec une mesquinerie et un aveuglement parfaitement
symbolisés par le refus de rien concéder au mouvement
des chercheurs - porteur dune conception de lintérêt
général - alors quon arrosait les buralistes qui
défendent becs et ongles leur rente tabagique.
Le Réseau dAlerte sur les Inégalités propose
ici un décorticage des initiatives prises par le gouvernement
Raffarin dans différents domaines clés de son action économique
et sociale : la fiscalité, lemploi, la santé, léducation,
limmigration, linsertion, le chômage, le logement.
Dans le domaine de la fiscalité, ce qui domine est lobsession
de réduire limpôt sur le revenu et les cotisations
sociales. La France nhésite pas à braver les sacro-saints
seuils de Maastricht en dépassant allégrement les 3% du
PIB pour le déficit public, du moment que cela permet de réduire
les impôts et taxes acquittés par les entreprises et les
riches particuliers. Les dépenses collectives, les droits sociaux
sont systématiquement rabotés, comme dans le cas de lassurance-maladie
ou de lindemnisation du chômage. Dans le domaine de lemploi,
cest la flexibilisation du travail et des contrats, ainsi que
le développement des « petits boulots » dans le secteur
privé, qui sont privilégiés comme « remède
» au chômage. M. Raffarin ose même prétendre
quune amnistie des capitaux évadés frauduleusement
permettra den faire revenir une partie et de créer des
emplois. Quant à M. Sarkozy, il a imaginé de favoriser
la transmission défiscalisée du patrimoine des riches
personnes âgées à leurs enfants et petits enfants,
soit-disant pour « relancer léconomie ». Comment
prendre au sérieux une seconde de telles initiatives ? Jusquoù
ira le cynisme de ces gouvernants ?
Le RAI vient de publier son Barême
des inégalités et de la pauvreté (le Bip 40),
qui montre quaprès un répit dans les années
1999 à 2001, la fracture sociale a recommencé à
sélargir dans notre pays à partir de 2002. Dans
tous les domaines étudiés les initiatives prises par le
gouvernement Raffarin peuvent en effet se caractériser par quelques
constantes : accroître les privilèges des privilégiés,
flatter les préjugés des couches moyennes salariées
ou indépendantes, réduire les droits sociaux des couches
populaires et précarisées pour les « inciter »
au travail. Rien détonnant à ce que les inégalités
saccroissent à nouveau, même si J.L. Borloo veut
mettre en scène la fibre sociale de ce gouvernement en annonçant
un plan de cohésion sociale.
Nous navons nullement lambition dêtre exhaustifs
; ainsi nous ne reprenons pas lanalyse, déjà maintes
fois faite par le mouvement social, de la contre-réforme Fillon
sur les retraites imposée au printemps 2003 malgré de
puissantes mobilisations. Cette lutte a su poser la question du partage
des richesses, en montrant que le financement des retraites nétait
pas un « fardeau insupportable » pour la Nation mais posait
la question de laccroissement de la part du salaire, direct et
socialisé, dans la richesse créée annuellement
dans ce pays. Cette question du partage de la richesse est aujourdhui
encore au cur des enjeux de la réforme de lassurance-maladie
comme de la politique fiscale ou de lindemnisation du chômage.
Tous les discours savants des économistes néo-libéraux
sur les lois dairain de léconomie ne sauraient nous
le faire oublier : la politique est avant tout une affaire de choix
et de priorités. Ceux de ce gouvernement sont largement rejetés
par lopinion publique, on comprend mieux pourquoi en se référant
au bilan qui suit.
Le 27 juillet 2004
Qu'est-ce que
le Réseau d'alerte sur les inégalités (Rai) ?
Le RAI regroupe des chercheurs (sociologues, économistes,
juristes
), des militants d'associations comme Droit au logement
(Dal), Agir ensemble contre le chômage (AC !), Points Cardinaux,
Raisons d'Agir ou le Groupe d'information et de soutien des immigrés
(Gisti), de syndicats comme le Syndicat unifié des impôts
(Snui - Groupe des 10), la Fédération des Finances CGT,
le syndicat CGT de l'Insee... Il analyse les politiques publiques pour
y débusquer ce qui concourt à l'aggravation de l'exclusion,
afin de fournir des arguments aux mouvements qui, sur le terrain, luttent
contre elle. Il a ainsi travaillé à des contre-propositions
pour la loi contre les exclusions, le surendettement, l'épargne
salariale, la couverture maladie universelle (CMU), la fiscalité
ou la prime pour l'emploi.
www.bip40.org
Dernière mise à jour :
28-07-2004 18:20
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Cette page : https://www.gisti.org/doc/actions/2004/rai/raffarin2.html
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