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RAI
- Réseau d'Alerte sur les Inégalités
Le bilan d'un an de Raffarin :
tout est à eux
27/03/2003 Le
« réseau dalerte sur les inégalités
» (RAI) créé en 1996 rassemble des militants associatifs
et syndicalistes dhorizons divers (voir http://www.snui.fr/rai.htm).
Depuis le mouvement des chômeurs de 1997-98 auquel il avait apporté
réflexions et propositions aux associations de chômeurs,
le RAI poursuit la réflexion et intervient principalement sur
les questions économiques et sociales (présentation dun
« manifeste fiscal », interventions publique,
création avec le mensuel Alternatives Economiques du BIP 40,
le Baromètre des Inégalités et de la Pauvreté,
etc.).
Dans ce « bilan d'un
an de Raffarin », le RAI fait le point sur les politiques
menées par le gouvernement issu du séisme du 21 avril
2002 (fiscalité, protection sociale, santé, immigration,
justice, logement, emploi). Loin de se préoccuper de la « France
d'en bas », les politiques menées par le gouvernement
mettent peu à peu à jour un projet politique cohérent
favorisant les intérêts des privilégiés,
flattant les préjugés des couches moyennes salariées
ou indépendantes et s'attaquant aux plus démunis.
Vous pouvez télécharger l'intégralité du
rapport « Le bilan d'un
an de Raffarin : tout est à eux
» (26 pages,
format PDF, 237 Ko).
Introduction
Le premier anniversaire du séisme
du 21 avril est l'occasion de faire un premier bilan des politiques
menées par le gouvernement issu de ce séisme. On aurait
pu penser que Jacques Chirac, soucieux de restaurer le contact entre
les milieux politiques et la « France d'en bas »,
aurait tenté de mener une politique économique teintée
de social, ou du moins soucieuse de préserver les apparences
de l'équilibre. Mais le gouvernement Raffarin se révèle
au contraire particulièrement fidèle à sa base
sociale fondamentale, les milieux d'affaires et le Medef. Les éditorialistes
ont glosé sur les « gaffes » du « consensuel
Raffarin », allant embrasser les patrons à l'Assemblée
générale annuelle du Medef le 14 janvier 2003 et réformant
l'impôt de solidarité sur la fortune pour « favoriser
l'emploi ». Mais il fallait des illères pour
ne pas voir ce qui crève les yeux : depuis ses débuts,
toute la politique économique et sociale de ce gouvernement sert
les seuls intérêts de sa clientèle, pour l'essentiel
le petit, moyen et grand patronat français, et les couches moyennes
salariées ou indépendantes. En même temps qu'il
multiplie les « cadeaux » à sa clientèle,
ce gouvernement déploie toute la démagogie sécuritaire
d'un Sarkozy pour montrer au « petit peuple »
qu'il s'occupe des vrais problèmes, c'est-à-dire de cette
insécurité si soigneusement montée en épingle
par les grands médias lors de la campagne électorale de
2002. Libéralisme, clientélisme et caporalisme sont les
trois ressorts de l'action gouvernementale.
C'est du moins ce qui ressort de l'examen des initiatives prises par
le gouvernement Raffarin dans différents domaines clés
de son action économique et sociale : la fiscalité, l'emploi,
la santé, l'éducation, l'immigration, l'insertion, le
chômage, le logement, la famille. Le Réseau d'alerte sur
les inégalités avait montré l'an dernier, en publiant
son barême des inégalités et de la pauvreté
(le BIP 40), que les inégalités n'avaient cessé
de croître au cours des vingt dernières années qu'à
deux brèves occasions, au cours des reprises économiques
des années 1988-90 et 1998-2000. Depuis, le ralentissement économique
de 2001, puis l'arrivée de ce gouvernement, ont très vraisemblablement
à nouveau aggravé le problème de la fracture sociale
dans notre pays. Le RAI a voulu faire le point sur les politiques menées
depuis 10 mois, de façon à démasquer la cohérence
d'une politique qui se flatte parfois de pragmatisme et d'éclectisme.
Dans tous les domaines étudiés les initiatives prises
par le gouvernement Raffarin peuvent se caractériser par quelques
constantes : privilégier les intérêts des privilégiés,
flatter les préjugés des couches moyennes salariées
ou indépendantes, s'attaquer aux plus démunis au nom de
l'humanisme ou de l'équité. Par rapport aux gouvernements
de Lionel Jospin, les éléments de continuité, nombreux,
l'emportent sans aucun doute sur les inflexions. Celles-ci existent
mais vont toujours dans le mauvais sens du point de vue de la justice
sociale.
Ainsi dans le domaine de la fiscalité, qui exprime toujours
de façon concentrée l'essence d'une politique économique,
le gouvernement Raffarin a choisi de poursuivre la baisse de l'impôt
direct initiée par ses prédécesseurs de la « gauche
plurielle ». De même il a accentué les politiques
de baisse des cotisations sociales, dont l'effet sur l'emploi est pourtant
loin d'être avéré de façon rigoureuse, quoi
qu'en disent les économistes libéraux. Les seuls résultats
certains de ces politiques d'exonération de cotisations patronales
sont d'accroître la rentabilité des capitaux et d'aggraver
les déficits des comptes de l'Etat et de la Sécu, donc
d'accentuer le développement des inégalités et
la pression sur les dépenses sociales.
Et particulièrement sur les dépenses de santé
: la politique de santé du Docteur Mattéi a jusqu'ici
consisté surtout à diminuer les taux de remboursements
des médicaments et des soins, tout en augmentant les tarifs des
actes médicaux : il en résulte une baisse des revenus
pour les patients, surtout pour ceux qui n'ont pas une bonne mutuelle,
et une hausse des revenus des médecins. Là encore l'effet
immédiat est un accroissement des inégalités sociales.
A cette politique en faveur de sa clientèle médicale,
ce gouvernement a ajouté une touche xénophobe et discriminatoire
: la suppression de la gratuité des soins pour les pauvres, pourtant
garantie par l'aide médicale de l'Etat depuis la fin du XIXè
siècle, et plus récemment par la CMU.
Chevaucher sur la xénophobie ambiante constitue aussi bien sûr
l'axe essentiel de la politique d'immigration de Nicolas Sarkozy. Après
avoir pris des positions apparemment ouvertes en faveur d'un aménagement
de la « double peine » et d'un traitement plus
humain des cas difficiles par les préfectures, le Ministre de
l'Intérieur prépare un nouveau et grave durcissement des
modalités d'admission des étrangers sur le territoire
français, en particulier pour ce qui concerne le droit d'asile.
Des indiscrétions soigneusement distillées par le Ministère
ne laissent aucune illusion sur la volonté de Sarkozy de surfer
sur le racisme et la xénophobie largement présents dans
la société française afin de continuer à
faire oublier les dégâts des politiques libérales
sur les conditions de vie et de sécurité des populations.
On a déjà vu la logique sécuritaire se déployer
concernant les jeunes de « banlieue » : la
politique de la justice a été marquée par la loi
Perben, qui cible prioritairement la délinquance des mineurs,
notamment dans le cadre scolaire. Cette loi durcit l'ensemble du dispositif
répressif contre les jeunes, créant des centres fermés
et menaçant de retirer les allocations familiales aux familles
de jeunes délinquants. Le développement des politiques
sécuritaires municipales accroît la pression et le contrôle
social sur les familles, notamment issues de l'immigration. La politique
du logement pénalise elle aussi les familles pauvres, parmi lesquelles
les immigrés sont nombreux. Hausse des expulsions, baisse du
nombre de constructions de logements sociaux, gel des allocations logement,
hausse des avantages fiscaux pour l'investissement locatif : tout est
fait pour favoriser l'accès à la propriété,
voire au logement social, des couches moyennes supérieures, et
pour décourager les plus démunis de tout espoir d'un logement
décent.
Ce n'est pas du côté des emplois ou des salaires que les
conditions de vie des plus démunis vont s'améliorer :
la politique de l'emploi de François Fillon a consisté
pour l'essentiel à démolir les deux mesures les plus favorables
à l'emploi prises par le gouvernement Jospin (les 35 h et les
emploi jeunes), afin de réduire les dépenses de l'Etat
et surtout les contraintes pesant sur les entreprises. La croyance aveugle
dans les vertus des exonérations de cotisations sociales a amené
le gouvernement à augmenter encore les dépenses qui sont
consacrées à ces politiques, en créant des contrats
jeunes en entreprise et en rajoutant une couche aux exonérations
sur les bas et moyens salaires. L'inefficacité notoire de cette
politique amène et va amener encore une hausse importante du
chômage, d'autant plus que la suspension de la « loi
de modernisation sociale » du gouvernement Jospin apparaît
comme un feu vert gouvernemental aux licenciements. Mais la situation
de la minorité des chômeurs indemnisés s'est à
nouveau dégradée avec la signature en décembre
2002 de la nouvelle convention Unedic entre le patronat et trois syndicats
: une baisse du montant des allocations et un raccourcissement des durées
d'indemnisation pénalisent encore plus les victimes des licenciements
qui se multiplient ces derniers mois. Le gouvernement prépare
pour bientôt une nouvelle attaque contre les pauvres avec le projet
de réforme du RMI et de création d'un « revenu
minimum d'activité », confié aux départements,
dont on suppose qu'ils sauront mieux mettre au travail ces paresseux
de chômeurs
Encore ce tableau est-il incomplet, puisque nous n'évoquons
pas les dossiers bien connus des retraites, des privatisations, de la
décentralisation, ainsi que d'autres en ce moment moins débattus
dans la presse comme ceux de la réforme de la politique agricole
commune ou de la politique environnementale. Le risque est grand qu'à
la faveur de la tension internationale et du consensus national qui
règne autour de la position de la France dans la crise irakienne,
ne s'aggravent les attaques contre les chômeurs, les précaires,
les salariés, les étrangers, les exclus, qui constituent
le fonds commun des politiques ministérielles du gouvernement
du « consensuel » M. Raffarin. Il est temps pour
les mouvements sociaux de coordonner leurs réflexions et leurs
résistance pour bloquer le déploiement de cette politique
qui va directement contre les intérêts des couches populaires
et des catégories les plus démunies de la population.
Dernière mise à jour :
23-03-2004 17:59
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Cette page : https://www.gisti.org/doc/actions/2003/rai/rapport-raffarin.html
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