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L'« externalisation »
des demandes d'asile par la création de camps
aux frontières de l'Europe
est inacceptable
25/08/2004
Il y a un an, le Conseil de lUnion
européenne rejetait la proposition
britannique dinstaller des centres de traitement des demandes
dasile au-delà des frontières européennes.
Aujourdhui, l« externalisation » par
lEurope de la procédure dasile revient en force avec
une initiative italo-allemande rendue publique le 12 août. Sous
le nom de « portails dimmigration »
il sagirait, aux dires du ministre de lIntérieur
allemand, de créer une « institution européenne »
chargée du tri, dans des camps situés hors des frontières
de lUnion, des demandeurs dasile et des migrants souhaitant
accéder au territoire européen.
Ce projet devrait être examiné lors des prochaines discussions
du conseil des ministres de limmigration des vingt-cinq Etats
membres de lUnion Européenne. Mais, dans le même
temps, on apprend que, sur une initiative italienne, seront mis en place
sans attendre - « dici à deux mois »
- des centres de transit en Libye, pour organiser lexpulsion des
migrants qui passent par ce pays, afin déviter quils
ne poursuivent leur route vers lEurope. Et lon sait déjà
que le futur commissaire européen chargé des questions
dasile et dimmigration, Rocco Buttiglione, apporte son soutien
à lidée de camps délocalisés pour
demandeurs dasile.
Depuis cinq ans, les instances européennes (Conseil, Commission,
Parlement) travaillent, avec difficulté, à lélaboration
dun dispositif dasile harmonisé sur lensemble
du territoire de lUnion européenne dispositif caractérisé
il est vrai, par un affaiblissement perceptible des garanties et même
de laccès aux procédures pour les demandeurs. On
ne peut que sinquiéter de voir quil suffit dune
initiative bilatérale fut-elle validée à
lavance par un représentant de la Commission pour
remettre en cause ce difficile processus de communautarisation ?
Lexternalisation des procédures dimmigration et
dasile, associée à la gestion centralisée
des candidats réfugiés dans des camps hors dEurope,
est inacceptable. Affichée comme la solution aux « problèmes
complexes et dramatiques de limmigration clandestine et du trafic
des êtres humains », elle nest en réalité
que lexpression renouvelée dune politique restrictive
de laccès au territoire européen, elle-même
première cause de ces drames et appliquée sans nuance
aux demandeurs dasile en recherche de protection comme aux migrants.
Ce projet ne fait que traduire la tendance, déjà ancienne,
des Etats occidentaux à saffranchir de la responsabilité
qui leur incombe en vertu de la Convention de Genève relative
aux réfugiés de garantir aux demandeurs laccès
à leurs procédures dasile. Etroitement lié
à la collaboration souvent contrainte de « pays-tampons »
auxquels lUnion assigne, notamment en Afrique du Nord, la fonction
de « cordon sanitaire », il est lourd de risques
pour les personnes qui cherchent une protection internationale. Pense-t-on
raisonnablement que les autorités libyennes, même si elles
ont été récemment adoubées alliées
indéfectibles de lUnion dans la lutte contre le terrorisme
et limmigration illégale, sont en mesure dassurer
la sécurité et le traitement équitable dont les
candidats réfugiés peuvent se prévaloir ?
Comment imaginer un traitement juste et approprié des migrants
par un pays comme la Tunisie, dont sont originaires nombre de demandeurs
dasile et de réfugiés en Europe ?
Il y a une cinquantaine dannées, au sein des Nations unies
et du Conseil de lEurope, les Etats occidentaux ont souscrit des
engagements mutuels pour le respect des droits de lhomme et des
réfugiés. Il sagissait de tourner définitivement
la page après les heures sombres que lEurope venait de
vivre. En rejetant les étrangers vers des camps installés
hors de ses frontières, lUnion européenne prendrait
la responsabilité, dans un terrifiant retour en arrière,
de signer le reniement de ses engagements et des idéaux qui ont
présidé à sa construction.
La CFDA dénonce fermement les projets d« externalisation »
des procédures dasile, qui auraient pour conséquence
la généralisation dun traitement au rabais des demandes,
ainsi que la mise en place, que ce soit dans lUnion européenne
ou hors de ses frontières, de camps pour demandeurs dasile
et pour migrants, comme il en existe déjà à Lampedusa
et à Malte. Elle appelle les gouvernements des Etats membres,
ainsi que les parlementaires nationaux et européens à
sopposer à toute mesure de ce type, et à réorienter
de toute urgence la politique dasile de lUnion dans le sens
du respect du principe de protection.
24 août 2004
Premières organisations de la Coordination française
pour le droit d'asile signataires : ACAT (Action
des chrétiens pour l'abolition de la torture), Act-Up
Paris, Amnesty International section française, Cimade (Service
oecuménique d'entraide), FASTI (Fédération
des associations de solidarité avec les immigrés),
GAS (Groupe accueil solidarité), GISTI
(Groupe d'information et de soutien des immigrés),
LDH (Ligue des droits de l'homme), Association
Primo Levi (soins et soutien aux victimes de torture
et de violence politique)
Dernière mise à jour :
26-08-2004 13:09
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Cette page : https://www.gisti.org/doc/actions/2004/cfda/externalisation.html
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