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COORDINATION FRANÇAISE
POUR LE DROIT D'ASILE
Communiqué du 17 janvier
2002
23/01/2002 Alors que depuis plus
d'un an, les associations soussignées, membres de la Coordination
pour le droit d'asile, tentent d'attirer l'attention des pouvoirs publics
sur la mise en péril du droit d'asile en France sans obtenir
d'autre réponse que des promesses de toilettage technique, elles
ont pris connaissance avec consternation d'une note publiée dans
L'Express, signée du directeur des Français à
l'étranger et des étrangers en France au ministère
des Affaires étrangères, Jean-Pierre Lafon, par ailleurs
président du Conseil d'administration de l'OFPRA, qui reflète
la philosophie qui semble présider au plus haut niveau sur la
question de l'asile.
Dans cet « état des lieux » qui ressemble
à un réquisitoire, la France serait la victime de hordes
de plus en plus nombreuses de fraudeurs à l'asile, qui utiliseraient
sa législation trop laxiste pour franchir ses frontières,
se maintenir abusivement sur son sol et échapper à toute
reconduite à la frontière. Ces fraudeurs parmi
lesquels des criminels et des terroristes bénéficieraient
de la complicité des juges complaisants et de la Commission des
recours des réfugiés pour obtenir indûment le statut
de réfugié, s'empressant ensuite de se faire rejoindre
en France par d'autres « fraudeurs » en abusant
de la procédure du regroupement familial.
Reçues au mois de décembre à Matignon pour y faire
part des propositions de leur plate-forme, « Dix
conditions pour un réel droit d'asile en France »,
les associations membres de la Coordination pour le droit d'asile avaient
alors fait état de « leur déception, à
la mesure de l'absence de réponses satisfaisantes ».
Elles s'indignent aujourd'hui que la réponse officielle leur
parvienne sous la forme d'une note à caractère mensonger
et diffamatoire à l'égard des demandeurs d'asile.
Le « document-choc » de Jean-Pierre Lafon oublie
en effet de dire qu'à l'échelle des déplacements
mondiaux de population, la France n'accueille qu'un nombre infime de
demandeurs d'asile. Qu'elle n'accorde qu'à moins de 15 %
d'entre eux le statut de réfugié. Qu'un demandeur d'asile
territorial, qui doit attendre plus d'une année la réponse
à sa demande, ne bénéficie d'aucune assistance
financière pendant cette période. Que la politique menée
au cours de la dernière décennie a principalement consisté
à précariser le droit d'asile en supprimant ou en restreignant
de nombreuses garanties. Qu'enfin, et surtout, l'augmentation du nombre
de candidats à l'asile qui se pressent aux frontières
de nos pays est principalement le fruit de la multiplication des conflits
qui, secouant la planète, les ont poussés sur la route
de l'exil. Il néglige, dans le même temps, de préciser
que cet « afflux » reste, en tout état de
cause, largement inférieur au nombre de demandes d'asile enregistrées
à la fin des années 80.
Face aux attaques qui sont portées, au plus haut niveau, contre
le droit d'asile, et au reniement implicite des principes dont la France
se plaît pourtant à se revendiquer, les associations de
la Coordination pour le droit d'asile rappellent que l'asile est un
droit fondamental, inscrit au Préambule de la Constitution, que
la France s'est engagée sur le plan international à respecter.
En agitant le chiffon rouge de la fraude, le gouvernement y porte gravement
atteinte et prend la lourde responsabilité, à la veille
d'échéances électorales, de réveiller les
réflexes xénophobes. Certes, il est nécessaire
de réformer le dispositif d'asile : mais dans le sens d'une
plus grande protection de ceux qui n'ont trouvé d'autre issue
que dans la fuite de leur pays.
Signataires : ACAT, Amnesty International, APSR,
Association Primo Levi, Cimade, Comede, GAS, GISTI, France Terre d'Asile,
Forum Réfugiés, Ligue des droits de l'homme, MRAP, Service
National de la Pastorale des Migrants.
Voir aussi :
Dernière mise à jour :
12-02-2002 23:37
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Cette page : https://www.gisti.org/
doc/actions/2002/cda/index.html
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