Second
rapport de la France
au Comité des droits de l'enfant
Réponse du ministère de l'emploi
et de la solidarité
République française
Ministère de l'emploi et de la solidarité
La ministre déléguée à la famille et à
l'enfance
Paris, le 14 février 2001
Madame Nathalie FERRÉ
Présidente du GISTI
3 Villa Marcès
75011 Paris
Madame la Présidente,
Ainsi que vous en avez été informée, le Premier
Ministre m'a transmis le courrier que vous lui avez adressé le
20 janvier dernier, et qui aborde deux questions.
La première est celle du retard de la France dans la présentation
de son deuxième rapport au Comité des Droits de l'enfant
de l'ONU.
Nous sommes en effet en retard au regard des délais prévus
par le texte de la Convention (2 ans à compter de la mise
en uvre de l'entrée en vigueur du texte dans le pays, puis
tous les 5 ans), mais le Ministère des Affaires étrangères
qui coordonne l'ensemble des contributions de tous les ministères
concernés devrait être en mesure de transmettre ce rapport
à Genève prochainement.
Ceci étant, depuis 1994, date de la présentation du rapport
initial de la France devant le Comité, d'autres documents officiels
ont dressé un bilan, très approfondi parfois, de l'application
de la Convention des Droits de l'enfant dans notre pays. Je pense en
particulier au rapport de la commission d'enquête parlementaire,
qui a auditionné de nombreuses associations, déposé
en 1998 (rapport dit « Fabius-Eret »), ainsi qu'au
rapport au Parlement établi en 1999 pour marquer les 10 ans
de l'adoption de la Convention ; le Comité des Droits de
l'enfant en a été destinataire, selon ses recommandations
de 1994.
Dans l'intérêt même des enfants, l'application effective
de la Convention doit être jugée sur le fond, à
l'aune de la politique menée concrètement à leur
égard. À cet égard, on peut constater que plusieurs
des recommandations formulées par le Comité en 1994 ont
été traduites dans les faits, la dernière en date
étant le projet de loi que j'ai présenté en Conseil
des Ministres du 17 janvier dernier et qui concerne l'accouchement
secret, désormais respectueux du droit de l'enfant à ses
origines. De même, l'adoption par l'Assemblée nationale,
la semaine dernière, d'une disposition mettant fin au régime
successoral discriminatoire des enfants adultérins met en uvre
l'engagement pris par notre pays d'un traitement égal des enfants.
C'est le même souci du respect des droits des enfants, et notamment
de leur droit à être protégés quelle que
soit la situation dans laquelle ils peuvent se trouver, qui m'a guidée
pour traiter la question difficile des mineurs étrangers isolés,
en liaison avec les autres ministères concernés,
C'est pourquoi j'ai obtenu que soient prises plusieurs mesures conformes
aux obligations internationales auxquelles la France a souscrit :
signature, le 21 septembre 2000, d'une convention permettant d'assurer
des prestations sanitaires assorties d'un soutien psychologique pour
les mineurs en zone d'attente à l'aéroport de Roissy ;
création en cours d'un lieu d'accueil et d'orientation (LAO)
qui permettrait d'accueillir ces mineurs pendant deux mois ; examen
interministériel en cours de mesures permettant d'assurer leur
protection, notamment par la désignation d'un administrateur
ad hoc destiné à les représenter et à les
accompagner dans leurs démarches. Le souci du gouvernement en
ce domaine est de leur permettre d'exercer leurs droits, le dispositif
actuel débouchant trop souvent sur un statut incertain, favorisant
l'exploitation de ces mineurs.
De plus, il me semble tout à fait important de développer
des mesures de prévention. S'il est tout à fait nécessaire
de mieux prendre en charge les mineurs isolés arrivant sur notre
territoire, nous devons aussi veiller, y compris en renforçant
les sanctions à l'encontre de ceux qui la favorisent, à
ce que leur arrivée ne soit pas encouragée.
Espérant que ces éléments de réponse auront
dissipé vos craintes, je vous prie de recevoir, Madame la Présidente,
l'expression de mes sentiments les meilleurs.
Ségolène Royal
Cc : Cabinet du Premier Ministre
Dernière mise à jour :
11-03-2001 14:58.
Cette page : https://www.gisti.org/
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