Second rapport de la France
au Comité des droits de l'enfant
Lettre à Lionel Jospin
sur la non-remise du rapport
Ce document reproduit une lettre envoyée le
20 janvier 2001 au Premier ministre sur la non-remise par la France
de son second rapport au Comité des droits de l'enfant. Une erreur de
texte mineure a été corrigée.
Monsieur le Premier ministre,
Comme vous le savez, les États parties à la Convention
de New York sur les droits de l'entant ont l'obligation de rendre un
rapport faisant état de son application.
Or la France n'a toujours pas remis au Comité des droits de
l'enfant, comme elle y est tenue, son second rapport. Celui-ci aurait
dû pourtant lui être soumis le 5 septembre 1997.
Ce retard est fort préjudiciable. Il prive les associations
d'un débat sur l'application de la Convention et son respect
par les autorités françaises et empêche les experts
qui composent le Comité des droits de l'enfant de mener leur
réflexion sur la réception par les États parties
du dispositif conventionnel.
Nous regrettons d'autant ce retard que nous sommes préoccupés
par une série de dispositions en cours d'adoption ou de pratiques
concernant les enfants. Elles visent plus spécifiquement les
mineurs étrangers et constituent, selon nous, une violation de
la Convention sur les droits de l'enfant.
Nous avions déjà tenté de vous alerter sur la
mise en place d'un dispositif spécifique applicable aux mineurs
étrangers isolés sur le territoire français. Plutôt
que de confier ces enfants arrivant en France à l'aide sociale
et au juge des enfants dont c'est la mission, les pouvoirs publics s'apprêtent
à mettre en place un mécanisme juridique qui leur permettra
de les éloigner du territoire français sans se préoccuper
du sort qui leur sera réservé.
Il nous parait évident qu'un tel dispositif interroge la Convention
sur les droits de l'enfant car, avant d'être des étrangers,
ces mineurs sont d'abord des enfants méritant protection. Cette
protection réclamée par la Convention ne saurait se réduire
à l'organisation de l'éloignement de ces mineurs arrivés
seuls en France.
Il nous semble par ailleurs que la question des mineurs étrangers
pose d'autres problèmes, en particulier dans le champ de la protection
sociale.
Nous espérons que la France remettra dans les plus brefs délais
ce rapport, conformément à ses obligations conventionnelles,
qui, loin d'être formel, a vocation à favoriser un débat
constructif, et sans doute animé, de la part des organisations
non gouvernementales attachées aux droits de l'enfant.
Veuillez agréer, Monsieur le premier ministre, l'assurance de
notre plus haute considération.
Nathalie Ferré
Présidente du GISTI
N-B : Copie de ce courrier à Mme Ségolène
Royal, ministre déléguée à la famille et
à l'enfance, à M. Paulo David, secrétaire
du comité des droits de l'enfant et à Mme Claire
Brisset.
Voir aussi :
- La réponse de Ségolène
Royal, ministre déléguée à la
famille et à l'enfance, 14 février 1001
Dernière mise à jour :
18-03-2001 12:01.
Cette page : https://www.gisti.org/
doc/actions/2001/enfants/index.html
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