Plein Droit n° 12, novembre
1990
« Le droit de vivre en
famille »
UN
REGARD SUR QUELQUES
RÉGLEMENTATIONS EUROPÉENNES
La loi impose à l'étranger qui désire faire venir
sa famille de justifier de moyens financiers et de disposer d'un logement
suffisant. Si le partenaire est de nationalité néerlandaise,
la condition relative au logement ne peut être un obstacle à
la délivrance d'un titre de séjour pour le conjoint.
Si ce dernier ne réside pas déjà aux Pays-Bas,
il doit franchir la frontière muni d'un visa en conformité
avec les autres réglementations européennes. Or, les délais
avoisinent souvent les six mois pour l'obtenir. Les conditions du regroupement
familial sont les mêmes, que l'on soit déjà sur
place ou que l'on veuille faire venir sa famille du pays d'origine.
Les principaux obstacles au regroupement familial ne sont plus liés,
comme cela a longtemps été le cas, au manque de ressources
ou à l'exiguïté de l'habitation, mais plutôt
à la composition de la famille.
En premier lieu, les conjoints au sens juridique du terme, c'est-à-dire
l'époux ou l'épouse. En aucun cas, les concubins ne peuvent
profiter de ce droit.
Pour les conjoints, la principale source de difficultés vient
de la durée du mariage. Si l'union dure moins de trois ans
(c'est la séparation effective des époux qu'on prend en
considération et non la date de prononcé du divorce),
la résidence peut être prolongée à condition
que le conjoint trouve un emploi permanent égal au moins au SMIC
« hollandais » l'année qui suit la séparation.
Ainsi, une période-test de trois ans de vie commune subordonne
la délivrance d'un titre stable.
C'est un moyen indirect de lutter contre les faux mariages. Les effets
cependant peuvent être très néfastes quand il y
a des enfants ou quand le conjoint a toutes les peines du monde pour
trouver un emploi. La jurisprudence européenne a remis en cause,
dans un arrêt « Berrehab » de juin 1988,
l'exigence d'un emploi stable, en accordant le droit de résidence
à une femme toujours au chômage afin qu'elle garde contact
avec les enfants nés de son mariage.
Les enfants peuvent venir rejoindre leur père ou leur
mère, la loi n'exigeant pas la résidence des deux parents.
Ils doivent être issus du mariage d'un des parents. Dans l'hypothèse
d'une situation polygamique, seul le conjoint et les enfants nés
de l'union entre ce dernier et l'étranger demandeur sont à
compter au titre des bénéficiaires. De plus, ils doivent
faire partie de la famille, c'est-à-dire que si les enfants ont
été élevés par les grands-parents ou des
collatéraux, ils risquent de ne pas être considérés
comme membres de la famille des parents « stricto sensu ».
Le certificat de naissance est un document qui établit à
lui seul le lien de filiation. Par contre, les adoptions à l'étranger
ne sont reconnues que si la procédure et les formalités
préalables s'avèrent conformes aux normes néerlandaises.
Celles-ci se sont d'ailleurs durcies récemment, une loi rendant
plus difficile l'adoption sur le territoire néerlandais d'enfants
étrangers, ces derniers ne pouvant franchir la frontière
s'ils ne disposent pas d'une autorisation spéciale.
Le couple doit cohabiter à la même adresse. Cette exigence
ne donne cependant pas lieu à des vérifications systématiques
sur la réalité du mariage. Par ailleurs, comme en France,
les formalités du mariage entre étrangers ou pour les
couples mixtes ne prévoient pas la preuve matérielle d'une
résidence régulière.
Les pouvoirs publics exigent la preuve de ressources jugées
suffisantes, atteignant au moins le minimum légal. Cependant,
si le parent est Néerlandais ou s'il a établi sa résidence
permanente aux Pays-Bas et que l'insuffisance de ressources n'est pas
« volontaire », un traitement bienveillant est possible.
La sauvegarde de l'ordre public peut être un motif de
refus.
Dernière mise à jour :
17-05-2001 12:42.
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