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Réseau
éducation sans frontières
Jeunes sans papiers scolarisés : l'urgence !
Appel à manifester le 2 février
2005
01/02/2005 Le réseau éducation
sans frontières (RESF) appelle à des rassemblement demain, mercredi 2
février 2005, devant les toutes préfectures qui ont été saisies de dossiers
de jeunes dont la scolarité est menacée du fait que eux-même ou leurs
parents sont sans papiers. Ces rassemblements auront lieu notamment
à Nantes, Beauvais, Mulhouse, Valence, Niord, Bordeaux, Rouen, Le Havre.
En région parisienne, il est prévu plusieurs rassemblement devant :
- la préfecture de Bobigny à 14h30
- la sous-préfecture d'Antony à 14 h
- la sous-préfecture de La Hay-les-Roses à 14h
- la préfecture de Créteil à 14h30
- La liste complète sur le site
web d'RESF
20/01/2005 Il y a dans ce
pays plusieurs milliers de tout jeunes majeurs sans papiers et d'enfants
ou d'adolescents menacés d'expulsion parce que leurs parents
sont sans papiers. Presque partout où des adultes se préoccupent
d'eux, des cas surgissent, souvent pathétiques.
A titre d'exemple (ci-dessous), cinq histoires vraies, parmi des dizaines
d'autres, cinq vies de mômes broyées. On ne peut pas laisser
faire ! Qui peut enseigner les belles lettres ou bâtir d'élégantes
démonstrations mathématiques devant des élèves
promis à l'interpellation, au centre de rétention et à
l'expulsion, menottes aux poignets et parfois chaînes aux pieds
?
ON PEUT AGIR, ON PEUT GAGNER, IL LE FAUT !
Quand les jeunes se signalent et que des adultes (personnels, enseignants,
parents, militants) et les élèves en âge de le faire
se mobilisent et manifestent leur solidarité avec leurs camarades
menacés, il y a moyen d'enrayer la machine à broyer les
vies :
- En décembre, Madeleine et Héléna élèves
du lycée Fernand Léger d'Ivry ont obtenu des titres
de séjour grâce à l'action des enseignants, des
parents et de leurs copains.
- Vazile, élève de bac pro au LP Camille Jenatzy (Paris
18e) a été tiré du centre de rétention
et a eu des papiers grâce à l'action de ses camarades
de classe appuyés par leurs profs et des militants d'Education
sans frontières.
Il faut que dans tous les établissements nous fassions savoir
aux jeunes, déstabilisés par les menaces qui pèsent
sur eux et les difficultés sociales qui s'accumulent sur leurs
têtes, quelquefois terrorisés, toujours réticents
à parler, que des adultes sont prêts à les aider.
Quel crédit auraient, si ce n'était pas fait, les discours
sur les valeurs, la solidarité, la liberté et la responsabilité
que l'école est censée inculquer ?
MANIFESTER NOTRE OPPOSITION LE 2 FÉVRIER
Le Réseau Education sans Frontières appelle les enseignants,
les personnels de l'EN, les parents et les élèves eux-mêmes
à encourager les jeunes ayant des problèmes de papiers
à se faire connaître.
Il invite les personnels, en particulier ceux de direction, à
refuser de dénoncer leurs élèves sans papiers à
la police en ne répondant pas aux avis de recherche suspects
des IA et à refuser de les livrer quand celle-ci tente d'entrer
dans les établissements pour les arrêter comme cela se
produit de plus en plus souvent (Pau, Bordeaux, Metz, Nantes).
Des délégations se rendront le mercredi 2 février
dans les préfectures et les sous-préfectures dont relèvent
les établissements où se posent des problèmes.
Ce sera l'occasion de manifester notre solidarité avec les jeunes
persécutés pour n'avoir pas de papiers. De dire aux autorités
que nous n'acceptons pas le sort fait à ces élèves
et moins encore celui auquel ils sont promis.
Et, au-delà, de demander l'abrogation des lois et règlements
qui génèrent des situations honteuses. Celles dont il
est question au verso. Et celles qui existent dans trop d'établissements
et d'écoles.
PETITE CHRONIQUE DES HORREURS
DE LA REPUBLIQUE FRANÇAISE
Khalid, Marocain, 18 ans, élève de Bac pro au
LP de Pierrelatte (Drôme). Son père, ouvrier agricole en
Ardèche depuis trente ans, avait demandé à la préfecture
que sa famille le rejoigne. Refusé : « salaire insuffisant
» ! Autrement dit, interdiction de vivre en famille parce que
sous-payé. Le symbole d'une société. Malgré
cela il avait fait venir son aîné, pour qu'il fasse des
études. En novembre, Khalid qui vient d'avoir 18 ans, prévient
son prof qu'il sera absent l'après-midi car il est convoqué
à la gendarmerie. Il n'est jamais revenu : arrêté,
il a été transféré au centre de rétention
de Lyon et expulsé. Le père et le fils pleurent de part
et d'autre de la Méditerranée.
Maziamo (10 ans) et Antonio (20 ans). Ils sont Angolais.
Leur père était opposant au régime. Toute leur
famille a été massacrée par la police sous leurs
yeux. Ils ont pu se réfugier en France. Maziamo est scolarisé
en CM² dans une école à Paris (XIVe). La préfecture
vient d'envoyer une « invitation à quitter le territoire
» au frère aîné, le cadet serait confié
à la DDASS ! Bien sûr, (et heureusement !) les institutrices
de l'école et les parents d'élèves sont révoltés
et mènent campagne pour faire régulariser Antonio.
Samuel, 16,5 ans, orphelin Ghanéen, débarqué
en France il y a un an et demi. Il se fait prendre à la frontière
où il tentait de passer pour rejoindre son frère en Espagne.
Mineur, il est placé dans un foyer et scolarisé à
Pau. Mais, après une estimation de son âge osseux la police
décrète qu'il est majeur. Il est arrêté dans
son collège et placé en centre de rétention pendant
30 jours puis, monté de force dans un avion. Il se débat
et crie. Il est molesté. Le commandant de bord refuse l'embarquement.
Il est alors transféré en prison, à Fleury-Mérogis,
d'où il est libéré le 28 décembre à
3 heures du matin, sous la neige.
Pour le moment la mobilisation de ses profs et des syndicats de Pau
a empêché l'expulsion. Mais la préfecture s'entête
: ce môme de 16 ans et demi doit être renvoyé à
sa misère natale.
Emilie, Congolaise (14 ans), est arrivée une première
fois en France le 25 décembre, où elle devait retrouver
son père. Avant d'avoir pu déposer une demande d'asile,
elle a été renvoyée deux jours plus tard en Chine,
pays par lequel elle avait transité. E. raconte avoir été
menottée pendant tout le voyage. Voyage inutile : la Chine l'a
refoulée vers Roissy le 29 décembre, où elle a
enfin pu déposer une demande d'admission. Malgré cela,
la police persiste : elle l'a conduite le 3 janvier à l'ambassade
du Congo pour lui faire établir un laisser-passer en vue de son
expulsion.
C., Congolais, 14 ans lui aussi. Dès leur naissance son
jumeau et lui ont été séparés de leur mère
qui a fui le pays et s'est réfugiée en France où
elle réside régulièrement. En 1997, c'est la guerre,
grâce à une amie de la famille, le frère de C. rejoint
sa mère en France. Il y vit depuis et y est scolarisé.
Leur mère n'a eu de cesse de faire venir auprès d'elle
son autre fils par le biais d'un rapprochement familial. Refusé.
Aujourd'hui, la famille serait sur le point d'être enfin réunie,
n'était le refus d'admission opposé à C. et l'intention
de la PAF de le renvoyer au Congo.
Ces horreurs ne cesseront pas toutes seules.
Ces jeunes (et ces adultes !) que les Etats riches maltraitent tant
doivent pouvoir trouver une solidarité élémentaire.
Il est sain que dans les écoles, les collèges et les lycées
où leurs cas sont connus, ces jeunes reçoivent l'appui
déterminé de leurs copains et des adultes qui se refusent
à laisser faire n'importe quoi au nom de lois barbares. Mais
c'est aussi, à l'évidence, à un autre niveau que
la question devra se poser. D'abord en demandant l'abrogation des textes
de lois qui permettent de telles saloperies. Et aussi, plus profondément,
en se bougeant pour que le monde bouge. Il y a urgence !
Le 20 janvier 2005
Voir aussi :
Dernière mise à jour :
11-02-2005 12:13
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Cette page : https://www.gisti.org/
doc/actions/2005/resf/index.html
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